Il a renoué avec le succès après cinq ans de disette. Une période durant laquelle Clément Sordet n’a pas réussi à se maintenir durablement sur le DP World Tour. En possession d’une catégorie 18 sur le Tour européen, il a décidé de donner la priorité au Challenge Tour avec l’objectif d’obtenir en fin de saison un droit de jeu complet au sein de l’élite.

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Avec ce 5e succès sur le Challenge Tour, Clément Sordet s'empare de la 4e place de la Road to Mallorca. © Aurélien Meunier / Getty Images Europe - AFP

175e de la Race à la fin de l’exercice 2021 avec neuf cuts franchis en vingt départs, Clément Sordet est reparti cette saison sur le Challenge Tour. Une deuxième division européenne où il a démontré ses multiples talents, engrangeant cinq succès entre 2015 et ce mois de mars 2022 du côté de Limpopo (Afrique du Sud) qui sonne ici comme une résurrection, après bien des interrogations. Parfaitement lancé grâce à cette victoire au SDC Open après un bon top 10 au Cap le 20 février dernier, le Lyonnais installé depuis plusieurs années maintenant à Nice entend surfer sur cette vague.

De vos cinq victoires sur le Challenge Tour, celle décrochée ce dimanche 27 mars en Afrique du Sud n’est-elle pas finalement la plus belle ?
Je dirais oui… Une cinquième victoire démontre que le niveau est là. Et ça, c’est plutôt bon signe. C’est surtout une victoire qui me remet bien en place, sachant que je redescends du DP World Tour. Cela me met dans une bonne position (Ndlr, 4e à la Road to Mallorca). Il faut que je finisse dans le top 20 à la fin de l’année. Mais il ne faut rien lâcher. 

On se trompe si on vous dit que ce succès a peut-être un goût encore plus particulier puisque c’est le premier depuis la finale à Oman en novembre 2017 ?
Oman m’avait sécurisé la montée sur le Tour européen. Là, en Afrique du Sud, cela me lance très bien dans la saison même si je suis encore très loin pour obtenir la carte pour 2023. Mais le plus important, c’est que le niveau de jeu est plutôt très bon. C’est ça qu’il faut je retienne en priorité. 

En 72 trous sur ce SDC Open, vous n’avez jamais quitté le top 4, prenant même les commandes du tournoi à mi-parcours. Peut-on dire que cette victoire est méritée ?
J’ai tous les jours très bien joué, c’est vrai. Le 64 (-8) le jeudi m’a bien aidé aussi. Après, dire si c’est mérité… Je ne sais pas au juste. Une chose est sûre, je suis très content d’avoir bien joué au golf toute la semaine, même si lors du 3e tour j’ai moins bien joué en signant toutefois une carte de 70 (-2). J’ai fait le dos rond mais en ne perdant pas beaucoup de coups au décompte final. Et ça, c’est une très bonne chose.

Avec Benoît Ducoulombier, on a beaucoup travaillé les quinze derniers jours sur mon putting. On a changé la posture et à l’arrivée, ça a payé.

Que vous passe-t-il par la tête quand vous vous retrouvez sur le tee du 18 pour ce play-off face au Sud-Africain Ruan Conradie ?
J’avais joué les deux premiers tours avec lui. Et je savais que je tapais plus fort que lui. Je savais que ce par 5 du 18, il ne pouvait pas le prendre en deux. J’ai mis un super drive. Lui a fait un lay up sur son deuxième coup. Soit j’avais le choix de faire comme lui et tout se jouerait sur un coup de wedge, soit j’attaquais en lui mettant la pression. C’est ce que j’ai fait. J’ai là encore mis un super coup, je lui ai mis la pression en me mettant en deux sur le green même si j’avais un putt de 20 mètres derrière. Après, mon putt pour birdie était encore loin d’être donné, trois mètres à peu près pour gagner. C’est marrant parce que j’ai quasiment eu le même putt sur mon 72e trou, avec la même pente. A vingt centimètres près, c’était au même endroit. Bref, je suis très content d’avoir tapé quelques bons coups durant ce face-à-face. 

À la sortie du recording, juste après la victoire, vous avez déclaré que cette victoire était un peu surréaliste…
En fait, je ne me rendais pas compte de ce qui m’arrivait. J’étais tellement dans mon système, dans mon jeu… Je ne me rendais pas encore compte que j’avais gagné le tournoi. Je n’étais pas du tout focalisé sur les leaderboards… Je savais qu’il y avait beaucoup de joueurs, notamment les Sud-Africains, qui jouaient très bien en haut du classement, que tout cela allait être très serré jusqu’au bout. J’ai juste essayé de me concentrer sur mon jeu, juste à prendre les fairways, les greens, et me laisser des chances pour le birdie… Tout simplement.

Est-ce aussi le fruit d’un bon début de saison avec notamment trois cuts franchis sur quatre avant le SDC Open et surtout une 8e place au Cap ?
Il y a juste eu la première semaine (au Dimension Data Pro-Am) où j’ai eu du mal à me mettre dedans mais ensuite, oui, j’ai commencé à vraiment très bien joué. Seul mon putter n’était pas très chaud… Avec Benoît Ducoulombier, on a beaucoup travaillé les quinze derniers jours sur mon putting. On a changé la posture et à l’arrivée, ça a payé. Car pour le coup, j’ai vraiment très bien putté cette semaine au SDC Open.

Cette victoire vous incite-t-elle à vous consacrer uniquement sur le Challenge Tour cette saison alors que vous possédez une petite catégorie (18) sur le DP World Tour ?
Dans tous les cas, je voulais cette année me consacrer sur le Challenge Tour. Je pense que cela aurait été une erreur de jouer un peu sur les deux Tours. Même si c’est plus tentant de jouer sur le DP World Tour, puisqu’il y a plus de points. Mais je n’aurais pas pu faire un calendrier complet. Cela ne servait donc pas à grand-chose. Mon but premier, c’est de remonter sur le Tour européen et d’avoir une catégorie pleine. La façon la plus raisonnable d’y parvenir, c’est de rester sur le Challenge Tour.

Mon but premier, c’est de remonter sur le Tour européen et d’avoir une catégorie pleine. La façon la plus raisonnable d’y parvenir, c’est de rester sur le Challenge Tour.

Donc pas de tournoi en 2022 sur le DP World Tour pour vous ?
Si j’ai des semaines off, pourquoi pas. Là, après la Tanzanie, je vais avoir justement cinq semaines off. Si jamais je sais que je peux rentrer sur un tournoi, j’en jouerai un, peut-être. Mais je ne pense pas que je remplacerai des tournois du Challenge Tour par des rendez-vous sur le DP World Tour. 

L’objectif, comme vous l’avez dit, est de revenir en 2023 sur le DP World Tour avec, évidemment, le meilleur classement possible. On a vu par exemple Julien Brun et Frédéric Lacroix, respectivement 4e et 5e de la Road 2021, pouvoir entrer sur des Rolex Series en début de saison…
L’objectif numéro 1, c’est le top 20 mais si je peux finir dans le top 5, je le prendrai avec plaisir.

Comment avez-vous vécu vos dernières expériences sur le DP World Tour depuis votre deuxième place finale à l’ordre du mérite du Challenge Tour en 2017 ?
C’était compliqué depuis que j’ai perdu ma carte à trois ou quatre places près (119e de la Race en 2019). En fait, je n’avais vraiment pas de réelles possibilités d’améliorer ma position, car j’avais raté les cartes (éliminé après 4 tours au PQ3) et avec le Covid, tout a été gelé. C’est pour ça que cette année, même avec ma catégorie sur le DP World Tour, j’ai décidé de ne pas faire de bêtise et de rester sur le Challenge Tour pour avoir un maximum de chances pour 2023. 

Tout est pourtant passé tout près pour vous puisque vous avez été à deux doigts de gagner à Oman en mars 2019 (2e). Comment fait-on pour rebondir ?
Comme je l’ai dit, ça a été très compliqué par la suite. Mais tout se passait dans la tête finalement. Le jeu, je l’avais, mais je me mettais trop de pression. Là, j’ai vraiment l’impression d’avoir changé quelque chose en moi. Aujourd’hui, je réalise la chance que j’aie d’être sur le Challenge Tour.

Je n’ai plus de préparateur mental, ni de préparateur physique (il sourit). Je n’ai plus que Benoît (Ducoulombier).

Continuez-vous la méditation ?
Non, j’ai quasiment tout arrêté.

Avez-vous apporté quelques changements au sein de votre staff ?
Oui. Je n’ai plus de préparateur mental, ni de préparateur physique (il sourit). Je n’ai plus que Benoit (Ducoulombier). Je travaille au niveau mental avec quelqu’un mais je préfère ne pas en parler… 

À 29 ans, pensez-vous arriver désormais à maturité ?
Non, pas forcément. J’ai encore l’impression de commencer ma carrière pro. Je me sens encore jeune. 

Vous avez disputé deux tournois du Grand Chelem, The Open en 2016 à Troon (Écosse) et l’U.S. Open en 2019 à Pebble Beach (USA). Comptez-vous prendre part aux qualifications régionales pour l’open britannique qui auront lieu à la fin du mois de juin ?
C’est complètement secondaire pour moi. Priorité au Challenge Tour, à marquer le plus de points possibles et à monter sur le DP World Tour l’année prochaine. C’est mon programme. Le reste viendra plus tard. 

Quel va être votre calendrier dans les semaines à venir ?
Je joue donc le Limpopo Championship à partir de jeudi. Je serai en Tanzanie la semaine prochaine. Ensuite, il y a un gros break avec cinq semaines off. Pendant cette période, il y a un tournoi en Espagne sur le DP World Tour où je pourrai peut-être entrer dans le champ. On verra bien.