Vainqueur en Sardaigne en novembre 2001, Grégory Havret va prendre part cette semaine à son 19e Open d’Italie, sur le parcours hôte fin septembre de la 44e Ryder Cup de l’histoire.

Grégory Havret dispute son 19e Open d'Italie, son 556e départ sur le Tour européen © Stuart Franklin / Getty Images Europe - AFP

L’Open d’Italie, qui valide cette semaine le grand retour du DP World Tour sur le sol européen pour la saison 2023, n’est pas un tournoi comme les autres pour Grégory Havret. Le Rochelais, installé depuis plusieurs années maintenant en Gironde, y a en effet connu les joies de la victoire. Mieux : ce fut son premier succès sur le Tour européen, un an après son arrivée parmi l’élite. À son 35e départ. C’était en Sardaigne, le 4 novembre 2001, à l'Is Molas Resort.

Avec un score total de -20 et quatre cartes sous le par (65, 66, 68 et 69), il avait devancé d’un point le Gallois Bradley Dredge. Shaun Webster, Mark Roe, Diego Borrego et un certain Ian Poulter, vainqueur l’année précédente sur ce même site, se contentaient de la troisième place. Plus de vingt ans après, que lui reste-t-il encore de cette victoire ?  

Si je devais me parler maintenant il y a trente ans, je me dirais : « Greg, il faut que tu sois plus ambitieux, que tu ailles chercher plus de choses car tu en es capable. »

« J’avais beaucoup appris, souligne-t-il tout de suite. Après neuf trous le dernier tour, je ne jouais pas trop mal mais je n’arrivais pas faire assez de birdies. J’avais du mal à faire la différence. Mais je me suis rendu compte à ce moment-là que c’était le cas pour tout le monde. J’ai alors compris qu’un dernier tour, c’était dur. Très dur. Mentalement, ce n’était pas facile pour l’ensemble du champ, et notamment pour ceux qui étaient devant. C’était bien différent en tout cas d’un premier, deuxième ou troisième tour. Cette victoire m’a incontestablement apporté de l’expérience. Elle m’a appris à rester calme le dernier jour… Ne pas agresser le parcours, ni les drapeaux… On va laisser venir et rester stratégique, saisir les opportunités quand elles se présentent… Cela ne m’a pas desservi durant toute ma carrière. Loin de là. »

« Pour être honnête, je ne m’attendais pas à gagner, poursuit-il. Je n’étais pas préparé pour ça. J’étais passé pro à 23 ans, ce qui n’est pas si jeune que ça. Certes, je faisais de bonnes performances, je commençais à bien jouer et les choses se sont mises en place sans que je les impose vraiment. Si j’ai un petit regret à formuler, c’est celui de ne pas avoir eu un peu plus d’ambition très tôt dans ma carrière. J’ai eu de l’ambition, mais celle-ci était plutôt naturelle. Elle s’est mise en place avec le temps. Ce n’est pas quelque chose que je suis allé chercher. Si je devais me parler maintenant il y a trente ans, je me dirais : "Greg, il faut que tu sois plus ambitieux, que tu ailles chercher plus de choses car tu en es capable." Cette victoire fut un bon booster car aujourd’hui, dans le monde professionnel, le piège est de passer trop de temps dans les circuits inférieurs, trop de temps à ne pas y arriver et à s’engluer sur des circuits où ce n’est pas facile de s’extirper. Et cela peut très vite installer le doute dans votre esprit quand on n’y arrive pas… J’ai eu la chance d’y être arrivé assez rapidement et ça m’a servi pour le reste de ma carrière. »

C’est un beau parcours. Cependant, il est un peu moins spectaculaire que le Golf National, si on doit le comparer.

Cet Open d’Italie 2001 n’aura cependant jamais la saveur de ce triomphe au Scottish Open 2007, sur le mythique tracé de Loch Lomond. Dans un tournoi au standing bien plus élevé qu’en Italie, le Français avait ainsi réussi à battre en play-off l’un des plus grands golfeurs de l’histoire moderne, l’Américain Phil Mickelson. « L’Open d’Écosse, ça reste au-dessus de tout », confirme-t-il, un brin nostalgique. 

Arrivé dimanche soir à Rome, Grégory Havret, qui bénéficie pour l’occasion d’une catégorie 12 en tant qu’ancien vainqueur, va disputer son 3e Open d’Italie sur le Marco Simone Golf & Country Club. Il avait pris la 41e place finale l’an passé et n’avait pas franchi le cut en 2021. C’est surtout là qu’à la fin du mois de septembre, l’équipe européenne de Ryder Cup emmenée par son capitaine, l’Anglais Luke Donald, tentera de récupérer le trophée perdu il y a deux ans à Whistling Straits (Wisconsin) face à une redoutable formation U. S…

« C’est un beau parcours, souffle-t-il. Cependant, il est un peu moins spectaculaire que le Golf National, si on doit le comparer. Il manque à mon sens cette touche un peu spectacle comme sur les derniers trous de l’Albatros (du 15 au 18). Je sais qu’il sera préparé dès le mois de mai comme pour la fin septembre. Ce sera donc tout sauf simple. Ce sera même assez brutal, je pense. »

Je l’espère de tout mon cœur que Victor Perez y sera. Ce n’est pas pour rien s’il est là cette semaine.

« En 2018, les Américains avaient agressé l’Albatros et ça n’avait pas été la bonne stratégie, ajoute-t-il. Ils l’ont joué comme un parcours du PGA Tour et ce fut, à mon sens, fatal. J’ai l’impression que le capitaine et les vice-capitaines européens vont vouloir un peu reproduire ce qui s’était passé en 2018. Après, je suis très étonné de ne pas voir certains joueurs américains venir jouer l’Open d’Italie. C’est une énigme… Je dirais même plus, c’est une erreur. C’est quand même une grande répétition. En 2018, seul Justin Thomas était venu pour disputer l’Open de France au Golf National et c’est celui qui avait engrangé le plus de points pour les USA lors de la Ryder Cup. Alors, tant mieux, quelque part, pour les Européens. C’est un parcours qu’ils commencent à bien connaître. Cette semaine, ce sera une copie conforme de ce qui se passera en septembre. Ils vont en profiter, je pense… »

Dans le staff du team européen victorieux en 2018 (comme Raphaël Jacquelin), Grégory Havret verrait d’ailleurs bien Victor Perez intégrer l’équipe pour ce duel tant attendu. Il effectue justement son retour sur le DP World Tour après un détour sur le PGA Tour entre fin mars et la mi-avril. « Je l’espère de tout mon cœur qu’il y sera, avance Havret. Ce n’est pas pour rien s’il est là cette semaine. »

À 46 ans, celui qui fut tout près de remporter l’U.S. Open 2010 à Pebble Beach s’élancera jeudi pour son 556e tournoi sur le DP World Tour. Il enchaînera la semaine suivante au Soudal Open, du côté d’Anvers. Après ? Ne possédant plus de catégorie au plus haut niveau, il pourrait néanmoins bénéficier de quelques invitations. Il devrait très probablement être au départ des deux tournois français au mois de juin au calendrier du Challenge Tour, à savoir l’Open de Bretagne et le Vaudreuil. On pourrait aussi le revoir à l’Open de Provence début octobre à Pont Royal

« Pour l’Open de France (21-24 septembre), il y a une petite chance que je le joue, précise-t-il. Aujourd’hui, je n’ai pas plus de visibilité que cela. Mais le jeu, j’aime ça. Quand j’ai joué Valescure récemment, la National Golf Week ou encore le Championnat de France professionnel, j’ai pris énormément de plaisir. J’ai été assez performant au Médoc (Ndlr, 7e ex æquo avec Antoine Rozner et Romain Wattel, à trois longueurs derrière le vainqueur, Tom Vaillant). Cela a réveillé en moi quelques frissons qui me manquaient un peu. Si je peux encore goûter à cela dans les prochaines semaines, ça me ferait du bien. »

« Après, moins jouer me permet d’avoir aussi une vie de famille beaucoup plus stable, enchaîne-t-il. Je suis plus serein aussi car j’ai été quand même assez inquiet, voire anxieux ces dernières années en ne signant pas de bons résultats. J’étais aussi frustré de sentir que mon jeu n’était plus aussi performant. Je vivais des choses un peu dures en moi. Bien sûr que le haut niveau, ça me manque. Et quel que soit le tournoi. Je sens cette adrénaline du premier tour qui arrive, je suis dans mon élément et ça me fait beaucoup de bien. »

En parallèle, et en attendant, qui sait, une seconde vie sur les circuits seniors, Grégory Havret s’est lancé depuis plus d’un an dans l’enseignement. On peut ainsi le voir du côté du Golf Club d’Hulencourt, en Belgique, pas très loin de Waterloo. Il y est une semaine par mois.

« Ma grande chance, c’est que je choisis mes semaines, conclut-il. J’entraîne aussi quelques jeunes pros entre la Belgique et le Médoc (Mathieu Rinaldo, Arnaud Ahoua et Gabriel Naveau). J’aimerais idéalement me déplacer avec eux sur des tournois car c’est là que j’apporte probablement un plus. Pour l’instant, je n’ai pas eu cette chance. Et puis il y a ce projet de practice à Bordeaux… Cela avance… Bref, tout va bien ! »

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