Quelques minutes après avoir signé le 77e succès de l'histoire du golf français sur le Ladies European Tour, Pauline Roussin-Bouchard est revenue en conférence de presse sur les causes et les conséquences de son triomphe à l'Aramco Team Series-Singapore.

Pauline a eu droit à sa douche de champagne sur le green du 18 ! © Mark Runnacles / LET

Quelles sont vos impressions sur la journée que vous avez vécue ?
C'était assez spécial. J'étais, je crois, dans un état d'esprit différent de ce que j'avais éprouvé lors de ma précédente victoire. Aujourd'hui, c'était vraiment de la détente, du plaisir, des discussions normales sur les séries télé, bref un moment sympa avec mon petit ami qui a porté mon sac cette semaine. Ça a été possible car tout ce que j'ai travaillé sur mon swing et expérimenté ces derniers temps a fonctionné.

Étiez-vous consciente de la pression exercée aujourd'hui par Lydia Ko et Danielle Kang, deux des meilleures joueuses du monde ?
Bien entendu, j'étais consciente de leur présence. Je sais très bien de quoi elles sont capables parce que je les ai côtoyées l'an dernier. Donc j'étais consciente du danger qu'elles représentaient, mais j'ai eu de bonnes discussions avec les personnes de mon entourage, et il en est ressorti que le mieux à faire était de rester dans ma bulle et d'être moi-même. Je n'ai donc pas fait tellement attention à ce qui se passait autour de moi, et j'ai juste fait mon truc aujourd'hui.

Qu'avez-vous pensé du parcours de Laguna National ?
J'ai adoré ! C'est un tracé vraiment chouette, et il correspondait très bien à mon jeu car j'ai tapé très loin cette semaine et j'ai pu vraiment m'amuser sur les par 5. Et puis il y avait ce trou n° 17 (un par 3 avec un green en île, ndlr) que j'ai beaucoup aimé. On ne peut pas s'empêcher de le comparer à celui du TPC Sawgrass, même s'il est tout de même différent. Le coup vers le green est difficile, donc il faut le jouer le plus simplement possible, et avoir évité l'eau trois jours d'affilée a été ma première victoire de la semaine !

Vous avez dit que vous étiez « dans la zone », dans l'état d'esprit idéal pour aller jouer les premières places. En aviez-vous déjà fait l'expérience ?
Honnêtement, la dernière fois remonte à loin. Et j'avais vraiment envie de ressentir cela à nouveau. J'ai regardé le play-off du Honda Classic (tournoi du PGA Tour disputé il y a quinze jours, ndlr), et ça m'a remis à l'esprit ce sentiment particulier qu'on a quand on se bat pour la victoire. Et je me suis rendue compte que ça me manquait ! J'ai échangé avec Brad Faxon (son coach de putting, ndlr) à ce sujet. Il m'a demandé ce que ça m'inspirait, je lui ai répondu que je voulais ressentir ça à nouveau. Nous nous sommes concentrés à l'entraînement sur la sensation de putter pour la victoire, d'avoir à taper des putts cruciaux, et ça a payé.

Aujourd'hui, après un an et demi sur les circuits, je sais ce que je vaux quand je suis à mon meilleur niveau.

Vous aviez joué 60 lors du deuxième tour du premier tournoi que vous avez gagné ; et aujourd'hui vous avez envoyé 64 (-8) pour vous imposer. Au fil des birdies, avez-vous pensé qu'aller cherche un 60 était possible ?
Je n'ai pas vraiment réalisé à combien de birdies j'en étais. Ils venaient, c'est tout. J'avais juste à l'esprit une phrase que mon entraîneur m'a dit avant la partie : « Ne te laisses pas frustrer si tu ne rentres pas tous les putts. » Je crois que ça a été la clé : rester patiente et attendre que ça tombe. Je n'ai vraiment réalisé que j'allais gagner au départ du 18 : on a attendu un peu pour jouer, et là je me suis dit « oh, mon Dieu ! »

C'est votre deuxième victoire sur le LET. En quoi est-elle différente de la première, il y a près de deux ans ?
Je pense que j'ai nettement plus d'expérience à présent, et c'est différent dans le sens où celle-ci est le fruit d'un énorme travail et de beaucoup d'apprentissage la saison dernière. Et puis, ma mère me caddeyait en Suède, cette semaine c'était mon copain. Ça montre bien à quel point mon état d'esprit sur le parcours a été essentiel dans les deux cas : m'amuser, passer du bon temps avec un proche, ne pas me laisser affecter par les aléas du jeu. Ça ne pourra pas toujours se passer ainsi, j'en suis consciente, mais c'est bien l'état d'esprit qui fonctionne pour moi. Cette semaine, j'étais consciente que je pouvais faire quelque chose de bien. Ce n'est pas comme il y a deux ans : je venais de passer pro et je n'avais aucune idée de ce que valait mon jeu par rapport aux autres. Aujourd'hui, après un an et demi sur les circuits, je sais ce que je vaux quand je suis à mon meilleur niveau, et ça fait plaisir que ce niveau corresponde à la victoire.

Pauline Roussin-Bouchard et son caddie et petit ami, Bruce Lowe. © Mark Runnacles / LET

Cette victoire vous donne-t-elle le sentiment que vous pouvez rivaliser avec les meilleures sur le LPGA Tour cette saison ?
Ça prouve juste que le travail paie. Ces dernières semaines, j'ai énormément bossé à l'entraînement, au practice et à la salle de sport. Je n'ai pas participé aux premiers tournois du LPGA Tour en Asie, donc j'ai eu du temps pour m'entraîner. Ce n'était pas facile de rester à la maison alors que les autres jouaient, mais j'en ai profité pour utiliser ce temps de la meilleure façon. Et ça va me donner un bon élan pour la saison qui démarre aux États-Unis, car il y a eu énormément de choses positives.

La Solheim Cup se profile, en septembre prochain. Avec cette victoire, la capitaine européenne va certainement garder un œil sur vous. De votre côté, allez-vous garder un œil sur la Solheim Cup ?
Absolument, j'ai cela à l'esprit. Je sais que ça va arriver vite, et si je parviens à faire partie de l'équipe ce sera le résultat de tout le travail que j'ai commencé à faire pour préparer au mieux cette saison. Je ne vais pas me mettre la pression en y pensant jour et nuit, mais je compte utiliser cet objectif comme une grande source de motivation à chaque tournoi que je vais jouer.