Membre du LPGA Tour en 2022, Pauline Roussin-Bouchard raconte de l'intérieur sa « rookie year » sur le circuit américain. Dans ce deuxième épisode, elle évoque ses difficultés en milieu de saison, et la façon dont elle a su rebondir pour revenir tout près de son meilleur niveau.

Pauline Roussin-Bouchard. © Chung Sung-Jun / Getty Images AsiaPac - AFP

Une spirale négative

« Au début du mois de juin, à l'époque de l'U.S. Women's Open, je me suis fait mal au pied gauche. J'ai eu une inflammation qui a dégénéré en tendinite au tendon d'Achille. Ça a modifié tout mon swing, je n'arrivais plus à swinguer normalement. Ça m'a un peu pété à la tronche (sic) et j'ai eu quelques semaines vraiment difficiles avec des scores épouvantables. Je me suis soignée, mais c'est encore un peu présent, j'en suis consciente. Avant l'été, ça a été le truc le plus compliqué à gérer. À la suite de cela, j'ai dû changer mes clubs qui, on s'en est rendus compte, n'étaient plus adaptés à la vitesse de swing moins importante générée par ma blessure, et qui occasionnaient donc des coups parfois très bizarres... Enfin il y a eu des choses personnelles, hors golf, qui se sont greffées là-dessus. Les sensations et le jeu ont commencé à revenir mi-juillet, à partir du Dow (le Dow Great Lakes Bay Invitational, un tournoi en double dont elle et sa coéquipière néerlandaise Dewi Weber ont pris la 6e place, ndlr). »

Changements de caddie

« L'aventure avec Sébastien Clément a pris fin, car j'avais besoin de quelque chose de différent. J'ai appris à mieux me connaître cette année et à savoir quels sont mes besoins, et tout simplement j'avais besoin d'autre chose à ce moment-là. Par la suite, j'ai essayé de bosser avec quelqu'un, mais ça ne s'est pas très bien goupillé. Puis j'ai fait appel à des copains cadets, j'ai trouvé quelques bons compromis, et petit à petit j'ai recommencé à passer les cuts, à rendre des scores sous le par, et à réaliser de bonnes performances en tournoi. Donc tout est en train de revenir comme il faut, dans le bon sens. En ce moment je suis caddeyée par Jan Meierling, qui porte d'habitude le sac d'Amy Yang : on a fait le Dow ensemble où on a fait top 10, et les deux derniers tournois que j'ai joués, en Californie et en Corée du Sud où on a fini 22es et 19es. On fait le Japon ensemble cette semaine, mais pour le Pelican Women's Championship (10-13 novembre) ce n'est pas encore calé. Quant à la finale du LPGA Tour (17-20 novembre), je n'y suis pas encore qualifiée pour l'instant (elle est 75e de la Race et doit intégrer le top 60), donc il me reste deux tournois pour y parvenir ! »

La carte dans la poche pour 2023

« Honnêtement, je n'ai même pas songé au fait de devoir sauver ma carte... Il y a quelque temps, on m'a dit que j'avais suffisamment de points pour la garder, donc c'est cool ; mais durant la saison je n'y ai pas pensé. J'ai simplement fait mon petit bonhomme de chemin. L'année n'est pas encore finie, je suis toujours en plein dedans et c'est difficile d'en tirer d'ores et déjà un bilan, mais c'est sûr qu'il y a plein de positif à garder. Pour l'instant, je ne suis pas encore en train de me poser la question de savoir ce qui a été bien et ce qui ne l'a pas été : je continue à avancer pour faire en sorte que chaque tournoi soit meilleur que le précédent. Mais je peux quand même dire que jusqu'à présent, ça a été une bonne année. »

Une présence primordiale

« Alain Alberti, mon entraîneur, m'a accompagnée en tournoi à plusieurs reprises cette année, notamment sur tous les Majeurs que j'ai joués. Bénéficier de son expertise en direct est toujours plus intéressant que quand on fonctionne par vidéo, donc c'est primordial de se voir régulièrement. Et puis sa présence amène de la structure dans ma façon de faire, dans mes routines, à l'image de ce qu'on a l'habitude de faire ensemble depuis que je suis amateur. On n'a pas changé notre fonctionnement : on se téléphone souvent, et s'il le faut on se voit. Mais je pense que l'an prochain on essaiera de se voir davantage hors tournoi, histoire de pouvoir travailler plus en profondeur sur la technique quand ça sera nécessaire, plutôt que de faire des réglages de surface à la veille d'un premier tour. Donc l'idée sera de m'aménager quelques périodes off assez conséquentes dans mon calendrier en 2023. »

Trouver le bon équilibre

« En termes de découverte et de vie en dehors du parcours, j'ai adoré ce que j'ai vécu du début à la fin, et les personnes avec qui j'ai passé du temps cette année y sont pour beaucoup. C'est important d'avoir son équilibre social sur le circuit, il faut trouver le juste milieu entre la performance et le social. Je suis entourée de bonnes personnes, j'ai aussi rencontré mon chéri, donc tout ça s'est très bien goupillé. Je m'entends assez bien avec un groupe de cadets du circuit, avec Perrine Delacour et Céline Herbin également, et au-delà des Françaises je suis assez pote avec Albane Valenzuela et certaines joueuses coréennes et thaïlandaises. Bref, j'ai une vie sociale très internationale (rires) ! »