À quelques jours de la clôture de l’exercice 2025 du LPGA Tour, Céline Boutier fait un pré-bilan de sa saison. Celui-ci est plutôt solide, mais il serait bien meilleur encore avec une victoire à clé. Il reste un tournoi pour y remédier.
Alors que la France a subitement enfilé l’écharpe et la doudoune, Céline Boutier, elle, profite en Floride des températures dignes d’un mois de juillet. « On tourne autour de 27, 28 degrés l’après-midi, sans un nuage. C’est plutôt bien », souffle-t-elle doucement. Présente à Naples, sur la côte Ouest de la péninsule, la Française fait partie des 60 joueuses qui prennent part à la finale du LPGA Tour, le CME Group Tour Championship.
Dix-neuvième au classement général de la Race to CME Globe, l’actuelle 19e joueuse mondiale est l’une des outsiders à la victoire et au chèque réservé à la lauréate : 4 millions de dollars. Même si elle compte 2178,35 points de retard sur la leader, la Thaïlandaise Jeeno Thitikul, une victoire dans ce dernier tournoi de la saison lui offrirait automatiquement le titre de n° 1 américaine. « Je vais me focaliser d’abord sur mon jeu, prévient-elle. Si je peux me donner une chance pour la gagne… Le reste, je ne peux hélas pas le contrôler. Mais rien que finir dans le top 10 de la Race, ce serait un très beau dénouement. »
Un tel épilogue viendrait évidemment couronner une saison plutôt solide, malgré un zéro pointé en termes de victoire. Mais quand on se penche un peu plus attentivement sur son exercice 2025, on constate que Céline Boutier a quasiment fait un sans-faute. En 22 départs (avant la finale), elle n’a manqué que deux cuts et a fini à cinq reprises dans le top 10.
« La saison est bonne sur certains points, moins bonnes sur d’autres », tempère-t-elle néanmoins. « J’ai eu quelques bons résultats, mais aussi deux ou trois un peu plus décevants. Surtout dans les Majeurs où je n’ai pas réussi à performer cette année. C’est un point important pour moi et c’est clairement décevant à l’arrivée. De manière générale, mon jeu a été constant toute l’année, mais j’ai eu un peu de mal à réunir tous les secteurs la même semaine. Forcément, je reste un peu déçue aussi de ne pas avoir réussi à gagner en 2025. Je n’ai pas réussi à performer à la hauteur de mes espérances. »
« Tout s’est joué à pas grand-chose cette année, ajoute la Francilienne domiciliée à Dallas (Texas). Cela aurait pu basculer dans l’autre sens. Il y a eu des périodes où mon putting a été moins bon, c’est revenu à un meilleur niveau ensuite. Idem pour le long jeu : il y a eu des vagues plus ou moins hautes, mais j’ai quand même réussi à maintenir un niveau assez satisfaisant. »
Le putting, pas toujours au rendez-vous
La preuve, elle a ainsi posté 38 tours dans les 60 en 2025, se positionnant à la cinquième place du LPGA Tour à la veille du dernier tournoi de la saison. Céline Boutier a aussi pu s’appuyer sur un jeu de fers et des attaques de greens toujours aussi performants. Au Strokes Gained: Approach, elle est ainsi 13e à 0,69, alors que son pourcentage de greens pris en régulation se situe dans le premier quart du circuit : 72,64 % (28e).
« Cela a toujours été une force dans mon jeu, confirme-t-elle. Mais c’est le putting qui n’a pas toujours été au rendez-vous. Au milieu de la saison, j’avais un long jeu très performant. Je trouvais que j’avais le niveau pour gagner plusieurs fois et je n’ai pas réussi à concrétiser à cause du putting (moyenne de 29,40 putts par tour, soit 25e du LPGA Tour). Le putting est revenu en fin de saison, mais le long jeu a été moins bon. En fait, si je devais ne retenir qu’une semaine où j’aurais pu largement mieux faire, ce serait celle du KMPG Women's PGA Championship où j’ai raté le cut tout en trouvant que mon jeu était solide. Mentalement, je n’ai pas réussi à rester patiente. Quand je me retourne sur ma saison, je pense que j’aurais dû gérer ça un peu mieux. Ma deuxième place début mai aussi à New York (au Mizuho Americas Open, ndlr). Mais bon, c’est comme ça. »
La frustration de ces dernières sorties dans les tournois du Grand Chelem demeure vivace pour la Française. Depuis sa victoire en juillet 2023 à Évian, elle n’a ainsi jamais réussi à accrocher le moindre top 10. Cette année encore, son meilleur résultat est une 21e place acquise à Évian, pour deux cuts manqués au Chevron Championship et au KPMG Women's PGA Championship. Ses deux seuls échecs de l’année.
« Je vais redoubler d’efforts en 2026 dans ces rendez-vous, annonce-t-elle. Cela me tiendrait vraiment à cœur de mieux performer ces semaines-là. Mais ce sont des semaines toujours un peu imprévisibles, avec des parcours qui changent. Sur certains parcours que je n’ai jamais joués aussi. Pour se préparer, ce n’est pas toujours évident. »
« Et puis le niveau de jeu a progressé, enchaîne-t-elle. Tout le monde est meilleur chaque semaine. Je peux m’en rendre compte, sur n’importe quel tour, dans n’importe quel tournoi. Je suis impressionnée par ces filles qui sont devenues meilleures qu’elles ne l’étaient avant, ou par des jeunes joueuses qui arrivent et qui rapidement font leurs preuves. Onze ou douze joueuses ont gagné, je crois, cette année pour la première fois sur le LPGA Tour. Bien plus de joueuses ont des chances de gagner. Cela rend donc forcément les choses plus difficiles de s’imposer. Je prends l’exemple de Miyu Yamashita qui a gagné le British Open et le Maybank… Lottie Woad qui gagne en tant qu'amateur (sur le LET) et qui performe juste après (victoire au ISPS Handa Women's Scottish Open). Ingrid Lindblad, elle joue deux tournois et elle gagne tout de suite (JM Eagle LA Championship). Le niveau est supérieur aux années précédentes et ce n’est, je crois, pas près de s’arrêter. »
Pas de double mixte avec Matthieu Pavon
Dimanche soir, Céline Boutier sera donc en vacances pour de nombreuses semaines. Elle restera toutefois aux États-Unis « où j’ai des choses à faire » avant de regagner la France et de souffler en famille pendant les fêtes de fin d’année, avant une reprise aux premières lueurs de 2026. Une chose est sûre, elle n’ira pas jouer à la mi-décembre, comme cela fut le cas l’an passé, le Grant Thornton Invitational, un tournoi d'exhibition mixte de fin de saison, en compagnie de Matthieu Pavon. « On avait demandé avec Matthieu de rejouer ensemble, mais l’organisation n’a pas accepté notre équipe, regrette-t-elle. Il y a pas mal de demandes pour ce tournoi et ils voulaient changer, voir d’autres paires… »
Si elle a jeté un coup d’œil au calendrier 2026 du circuit américain, elle espère aussi faire partie de l’équipe européenne de Solheim Cup qui défiera les tenantes du titre américaines à Cromvoirt, aux Pays-Bas, du 11 au 13 septembre. Avec les Majeurs, ce sera évidemment le grand objectif de sa saison à venir. « On revient en Europe, conclut-elle. J’espère figurer dans cette équipe européenne, afin de reprendre la coupe. Tout va dépendre aussi de ma saison l’année prochaine… En plus, avec Anna Nordqvist comme capitaine, ça va être incroyable. Je pense qu’elle va être vraiment bonne ! »