Avec Adela Cernousek, Agathe Laisné et Perrine Delacour, Nastasia Nadaud est l'une des quatre Françaises présentes cette semaine à Mobile (Alabama) pour la finale des Cartes du LPGA Tour. Renaud Gris, son coach technique depuis février 2018, nous parle de sa protégée, qui vient de remporter en Espagne la finale du Ladies European Tour.
Pas le temps de savourer. À peine 24 heures après sa victoire, la première sur le Ladies European Tour (LET), à Málaga au Real Guadalhorce Club de Golf, hôte de l'Andalucía Costa del Sol Open de España, Nastasia Nadaud s'est envolée ce lundi 1er décembre vers Mobile (Alabama) pour y disputer la finale des Cartes du LPGA Tour, prévue du 4 au 8 décembre.
La native de Chambéry (73) va tenter de décrocher l'une des cartes promises aux 25 premières et ex æquo pour évoluer en 2026 sur le plus relevé des circuits professionnels féminins. Durant cette semaine cruciale, Nastasia Nadaud est en contact permanent avec son staff rapproché : Renaud Gris, son coach technique, Robin Cocq, son coach putting et petit jeu, et Cédric Coquet, son préparateur mental.
« On se parle beaucoup par messages », explique Renaud Gris, qui exerce à l'année au UGolf Mionnay Garden (01). « Depuis le début de la semaine, elle m'envoie des vidéos, elle me fait part de ses impressions techniques. Sur la partie appréhension du tournoi, c'est plus Cédric qui s'en occupe. Je suis là si besoin par rapport à son jeu, sur la façon d'aborder stratégiquement le parcours. Mais elle est plutôt assez autonome sur son fonctionnement. Elle se connait bien d'un point de vue technique. »
Passée pro à 19 ans seulement
Contrairement à Pauline Roussin-Bouchard et Céline Boutier, porte-drapeaux du golf tricolore sur le LPGA Tour, Nastasia Nadaud, 21 ans, n'a pas effectué de cursus universitaire aux États-Unis. Un choix totalement assumé, après avoir décidé de passer professionnelle au tout début de l'année 2023. À dix-neuf ans seulement... Pour autant, évoluer en 2026 sur le LPGA Tour ne lui fait pas peur. L'éventualité de vivre aux USA a fait son chemin cette année…
« Elle appréhendait peut-être cela au départ, mais elle se fait de plus en plus à l'idée de se dire que c'est vraiment là où elle veut être », ajoute Renaud Gris, avec qui elle collabore depuis ses treize ans. « Elle n'a pas avoir de crainte sur son niveau de jeu. Ce qu'elle ne connait pas encore, c'est en effet comment on vit là-bas, la différence de culture, etc. Elle a eu l'occasion de s'en rendre un petit peu compte sur le LET à travers le fait de jouer un Aramco aux USA. Ce sont ses seules expériences. Mais elle est prête dans sa tête. Elle a envie d'y aller. Quand ça ? L'avenir nous le dira. Si c'est cette semaine, tant mieux. Si ce n'est pas cette semaine, ce sera à un autre moment. Il n'y a pas d'urgence. »
Un défi physique et mental dans des conditions extrêmes
Si elle parvient à finir dans ce fameux top 25, Nastasia Nadaud n'a pas encore arrêté son mode de fonctionnement pour 2026. S'installera-t-elle là-bas ou effectuera-t-elle des aller-retours entre l'ancien et le nouveau monde ? Tout reste encore à définir.
« Je pense que dans un premier temps, elle serait dans l'esprit de faire des aller-retours en Europe avec des blocs de tournois », poursuit son coach technique. « Pas mal de questions vont se poser bientôt si ça se concrétise cette semaine. On va bien voir. Ce format sur cinq tours (avec un cut après 72 trous) n'est pas habituel pour elle. Cette année, elle a partagé sa saison sur le LET entre 54 et 72 trous. Là, ça va être plus long et physiquement plus exigeant. Et puis apparemment, les conditions vont être extrêmes à Mobile. On annonce entre 8 et 10 degrés. Je pense donc que le défi principal tournera pour elle autour du physique et du mental plutôt que sur le côté technique. »
Un déclic à Évian
Une chose est sûre, elle est armée pour appréhender ce rendez-vous atypique qui peut changer du tout au tout sa jeune carrière professionnelle, désormais riche d'une victoire de prestige. Un succès qui pointait à l'horizon depuis quelques semaines, quelques mois. La licenciée au Golf Club d'Aix-les-Bains 1895 avait d'ailleurs pris un peu plus de volume encore cet été lors de l'Amundi Evian Championship où, en plus de finir 21e pour son premier Majeur, elle s'était offerte un troisième tour de rêve, bouclé en 67 (-4) aux côtés de ses deux idoles, l'Australienne Minjee Lee et l'Américaine Nelly Korda.
« La victoire en Espagne ? Cela faisait un petit moment qu'elle tournait autour du pot », souffle Renaud Gris en guise de conclusion. « Depuis son arrivée sur le LET, elle est montée en puissance chaque année (Ndlr, 54e de l'ordre du mérite en 2023, 23e en 2024, 3e en 2025). Outre sa victoire, dans un tournoi qui compte, elle a aussi fini deux fois deuxième. Ce qu'elle est en train de vivre récompense une saison très solide, très constante. Elle a terminé en tête du nombre de birdies réussis cette année sur le LET (Ndlr, 263). Sur sa semaine en Espagne, elle a fait 24 birdies et trois eagles. Son jeu de fers est solide, elle prend beaucoup de greens en régulation (75,26 %). Alors c'est vrai que sur le petit jeu et le putting, elle a encore une marge de progression, mais elle a déjà bien avancé dans ce secteur. Et c'est indéniable que sur un plan mental, il y eu un vrai déclic à Évian. Elle a bien réussi à gérer ce tour le samedi avec Minjee Lee et Nelly Korda. Il y a eu une vraie prise de confiance. Elle était capable de rivaliser avec les meilleures. Cela lui a donné encore plus envie d'aller rejoindre ces joueuses aux États-Unis. »