Membre du LPGA Tour en 2022, Pauline Roussin-Bouchard raconte de l'intérieur sa « rookie year » sur le circuit américain. Dans ce premier épisode, retour sur les deux premiers tournois de l'année en Floride, assortis d'un top 20 et d'un top 10.

Pauline Roussin-Bouchard. © Tristan Jones / LET

Beaucoup de boxe cet hiver

« Je suis rentrée chez moi, en France, pendant les fêtes de fin d'année, et j'ai pu profiter de ma petite famille. J'ai fait pas mal de boxe et beaucoup de physique de manière générale pendant cette période, mais j'ai peu joué au golf. C'était important de vraiment couper avec le jeu, car la saison va être longue... J'ai repris les clubs quand on est partis en stage d'entraînement avec la St Laurent Golf Team en Espagne début janvier, et je suis repartie aux États-Unis vers le 15 pour me préparer à mes deux premiers tournois : le Gainbridge LPGA (27-30 janvier, ndlr) et le Drive On Championship (3-5 février). »

Mes débuts en tant que membre

« Le tournoi à Boca Rio, mon tout premier en tant que joueuse du LPGA Tour, n'était pas tout à fait un tournoi comme les autres, mais ce n'était pas la découverte non plus. Je sentais que j'avais ma place parmi les joueuses. Il y avait peut-être un peu plus d'ouverture à la prise d'informations, mais dans la façon de l'aborder d'un point de vue sportif, je n'ai pas agi différemment de d'habitude. Avec les garçons (Alain Alberti, son coach, et Sébastien Clément, son caddie, ndlr), on a fait notre petit bonhomme de chemin comme on en a l'habitude : on s'est bien débrouillés pour rester dans notre petite bulle, sans trop penser à ce côté "premier tournoi sur le LPGA". J'avais aussi préparé la gestion de cet aspect-là avec ma préparatrice mentale, Amélie Cazé. Donc je n'étais ni dans la découverte, ni dans le regard sur les autres joueuses. Et même si je n'avais pas mon meilleur jeu, j'ai réussi à m'en sortir et à accrocher un bon top 20 ! »

« Pourquoi tu n'as pas fait top 5 ? »

« Le Drive On s'est encore mieux passé, car j'ai appris de la première semaine au niveau des sensations de jeu que je voulais vraiment ressentir dès le premier tour. Je ne voulais pas commencer lentement et me retrouver un peu dans le dur pour passer le cut, donc j'ai ajusté le tir. Et je suis montée en puissance au fil des tours, ce qui était top. Ce tournoi était un peu différent parce qu'il ne se jouait que sur trois tours, et même si la première journée a été un peu frustrante, on a vraiment bien fait le boulot avec les garçons sur les deux suivantes, que j'ai jouées comme des derniers tours, avec le même relâchement et le pied sur l'accélérateur dès le départ. Un top 10 dès mon deuxième tournoi, c'est top ! J'en suis hyper satisfaite, d'autant plus que je sens que je peux encore progresser sur plein de choses. La première chose qui est ressortie après le tournoi, c'est "pourquoi tu n'as pas fait top 5 ?" Il y a des axes de travail à améliorer pour le reste de la saison, qui m'aideront j'espère à me rapprocher de la victoire. »

Céline, depuis l'intérieur des cordes

« À Fort Myers, j'ai joué avec Céline Boutier lors du dernier tour. C'était très sympa de pouvoir papoter et rigoler ! Même si on est toutes deux restées bien concentrées sur le jeu et les échanges avec nos cadets respectifs, c'était – comme toujours – agréable de jouer avec une compatriote. On s'encourage, on vit les choses au même moment, donc c'est chouette... Et puis, Céline, je la vois à la télévision depuis pas mal de temps, donc c'était cool de la voir en vrai. Ça m'intéressait aussi – comme Alain, d'ailleurs – de voir depuis l'intérieur des cordes comment elle joue. Elle a un très, très bon wedging, comme toutes les meilleures mondiales, et un très bon putting. En fait, elle a tous les ingrédients pour être parmi les meilleures joueuses du monde, donc il ne faut pas s'étonner que ce soit le cas ! »

Un deuxième break hivernal

« Après ces deux tournois, j'ai entamé une période de six semaines de coupure avant de reprendre sur le LPGA Tour fin mars en Californie. Ça va faire comme une deuxième coupure hivernale... Ça a un côté un peu frustrant d'être stoppée sur cette bonne lancée, mais l'aspect positif c'est que je vais pouvoir faire une bonne pause pour m'entraîner comme je le veux. Je vais commencer à bosser avec un nouveau préparateur physique, donc on va pouvoir mettre en place pas mal de choses sur ces six semaines. En fait, on va recréer des conditions hivernales au niveau de la prépa physique, profiter de ce moment off pour bosser à fond. La première semaine de mars, je vais jouer un tournoi de l'Epson Tour en Floride, afin de rester un minimum dans le jeu, dans la compétition. Ça sera un tournoi d'entraînement. Sébastien, qui sera là pour me caddeyer, sera les yeux d'Alain : on va mettre en place spécifiquement ce qu'on souhaite pour arriver performants sur le LPGA Tour fin mars. Car après le JTBC Classic, il y a une chance que je rentre dans le Chevron Championship, le premier Majeur de la saison... »

Avec « les garçons » ! © Pauline Roussin-Bouchard

Déménagement en perspective

« J'habite toujours à Columbia, en Caroline du Sud, où se trouve ma fac. Quand je rentre de tournoi, j'ai le sentiment de revenir à la maison, j'y retrouve les coachs et les copines. Cette semaine, par exemple, est une semaine basique d'étudiante : je m'entraîne avec l'équipe, et le reste du temps je bosse mes cours ! Je vais fonctionner comme ça jusqu'au mois de mai, après quoi j'espère pouvoir m'installer en Floride. J'aimerais bien aller jusqu'au bout et obtenir mon diplôme en psychologie, mais j'ai encore trois semestres à valider, et ça demande énormément de temps et de travail. Quand je ne suis pas en tournoi, ça va, mais quand je joue ça me fait vraiment des journées bien chargées... Cela dit, ce n'est rien de nouveau : c'était déjà le cas quand j'étais amateur, et j'ai appris à gérer mon temps. Pour bien faire les choses, c'est ça, la clé... »