Le golf, le golf, toujours le golf. Et si, pour une fois, on parlait d’autre chose ? Avec Sébastien Gros, on a abordé, dans un désordre sensé, la nostalgie des vieux cons, les hommes forts de la Seconde Guerre mondiale et des gènes pour le rallye restés récessifs.

Déformation professionnelle oblige, on a tout de même abordé en prologue l’actualité sportive de Sébastien Gros. Surtout son retour à la compétition. Car après une blessure au petit doigt qui l’a contraint à se retirer du Challenge de Cadiz début juin et à prendre ses distances avec le long jeu, le voilà de retour sur la deuxième division européenne à l’occasion du Blot Play9. Il y arbore une bonne humeur et une attelle au plus petit de ses doigts qui le fait jouer à l’anglaise, « façon cup of tea. » De quoi lui donner encore plus de contenance pour faire fructifier sa 52e place actuelle à l’ordre du mérite et davantage encore pour aborder des sujets plus ou moins sérieux, toujours avec un dosage paritaire d’humour et de sévérité.
On est au lendemain de la fête des Pères, qu’est-ce que tu as offert à ton papa ?
Eh bien malheureusement je n’étais pas avec lui pour pouvoir lui faire un cadeau, c’est l’un des nombreux lots de notre vie. Donc mon petit papa, il n’a rien eu encore. Et puisque tu as rendu ça public, je vais devoir m’y coller rapidement ! Je pense qu’on va surtout se faire une petite partie ensemble, ça peut être sympa comme moment père-fils. Surtout que l’on n’a pas pléthore d’occasions de le faire parce qu’il joue avec ses potes (rires).
Et le petit Sébastien Gros faisait des colliers de coquillettes et des bonshommes en pâte à sel ?
Pas vraiment, non, parce que le petit Sébastien était très turbulent. Je faisais beaucoup de sports quand je pouvais : du foot dans la cour de récré, du tennis… J’ai quand même dû faire un collier en macaronis au milieu de tout ça, que j’ai sûrement peint avant de le donner pour le rendre plus présentable. Mais j’ai surtout souvenir des parties de pogs, de la marelle ou des constructions de cabanes. C’était la grande époque !
C’était mieux selon toi d’être gamin il y a 25 ans plutôt qu’aujourd’hui ?
Ouais, je pense. Il y a ce truc où l’on passait notre journée dehors. Il y avait la télé mais on avait à peine le droit de la regarder. Je me souviens de découvrir la messagerie MSN sur l’ordinateur alors que, avant ça, si tu voulais parler à ton amoureuse de primaire, tu prenais ton téléphone fixe avec le cadran rotatif. Tu demandais d’abord l’autorisation à tes parents de pouvoir l’utiliser, tu appelais chez elle, tu tombais sur ses parents et tu balbutiais un « bonjour, c’est le petit Sébastien, est-ce que je peux parler à une telle ? » Et là c’était une discussion qui durait pas forcément longtemps mais qui avait un sens. Aujourd’hui on se tchatche tous en deux secondes à longueur de journée. Ça a moins de charme. C’est très nostalgique, tout ça. Et je crois que ça veut dire que je deviens vieux ; presque vieux con même (rires).
Sébastien Gros
Et à cette époque, tu as souffert de ton nom de famille ?
Eh bah, super question, mais non, parce que je n’étais pas gros, alors que je pense que si j’avais été en surpoids ç’aurait été une autre histoire. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir un métabolisme cool. Mais il fallait bien que j’aille me chercher un petit traumatisme d’enfance, donc j’ai fait le choix d’avoir les cheveux extrêmement courts, rasés par ma mère à la tondeuse entre trois et six millimètres. Et forcément on m’a traité de « pomme rasée » et ça a été mon premier choc de vie sur ce que pouvait être le rejet des autres à propos d’un truc que l’on peut aimer. Alors que moi je kiffais la sensation de passer ma main sur mes cheveux, ça grattouillait...
Si on remonte encore le temps, tu es né un 8 novembre 1989…
(Il coupe) La veille de la chute du mur de Berlin !
C’était tout l’objet de la question : tu penses avoir eu une influence sur ce fait d’histoire ?
J’ai toujours dit que ma naissance leur avait fait réaliser leurs conneries à tous et que les mecs se sont dits qu’ils allaient réunifier Berlin et l’Europe pour que ce soit plus simple pour moi plus tard de voyager.
On a ouï dire que tu étais un grand lecteur : est-ce que tu as trouvé un bouquin intéressant sur la chute du Mur ?
Je n’ai pas trop lu sur la Guerre froide, mais plutôt sur l’avant-Guerre froide, communément appelée Seconde Guerre mondiale. En partant de la trilogie Le Siècle de Ken Follett, j’ai fini par dévorer un paquet de livres sur la période située entre 1930 et 1945. Ça a éveillé un attrait pour les personnalités fortes, parce c’est ahurissant de se dire que des hommes ont eu une responsabilité dans tout ce qui s’est passé ces cent dernières années. Donc j’ai lu sur Adolf Hitler, sur Benito Mussolini, sur Napoléon - rien à voir avec la période bien sûr - et pour équilibrer un peu la balance j’ai lu l’autobiographie de Trotski puis des récits sur Raspoutine…. Je devais avoir ça dans les gènes parce que mon grand-père maternel avait lu la biographie de tous les rois de France et comme dit ma mère « il lit chiant », et maintenant moi aussi. Au moins, quand je laisse traîner un livre, je sais qu’on ne me le volera pas.
En revenant aux gènes familiaux, il y a autre chose que tu as retiré de ton grand-père ?
L’intérêt pour les courses automobiles. Il était pilote de rallye et ma mère l’a été aussi, ce qui fait que le dimanche, au moment où il y avait des Grands Prix de Formule 1, on se levait parfois de table pour allumer la télé, on regardait le départ, les premiers tours et on retournait vite finir de déjeuner pour revenir dans le canapé. C’était la messe après la messe. Au final, je n’ai pas fini derrière un volant comme lui mais j’ai pris celui du golf puisque c’est lui aussi qui s’y est mis à sa retraite.
Pour terminer, ce lundi 16 juin est aussi le jour du bac de philo pour tous les lycéens de terminale. Tu es plutôt « notre avenir dépend-il de la technique » ou « la vérité est-elle toujours convaincante » ?
Oh, la deuxième, j’adore ! Il n’y a rien de plus subjectif que la vérité et elle n’existe qu’au pluriel, par ce qu’avance chaque personne. Donc LA vérité n’existe pas mais une vérité peut être convaincante si elle correspond à ta subjectivité. Vous avez quatre heures supplémentaires ! En même temps j’ai eu 8 en philo au bac en citant Ma liberté de penser de Florent Pagny, donc je ne suis peut-être pas une référence.