Comment la n° 1 française se positionne-t-elle désormais dans les différentes hiérarchies du golf féminin ? Et grâce à quoi est-elle si performante depuis deux semaines ? Au lendemain du superbe doublé de Céline Boutier à Evian et en Écosse, trois éléments de réponse.

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Céline Boutier signe des autographes, ce dimanche après son succès au Women's Scottish Open. © Octavio Passos / Getty Images - AFP

Première des deux côtés ?

Que vous soyez d’un côté de l’Atlantique ou de l’autre, c’est bien simple : si vous êtes une joueuse professionnelle de première division, Céline Boutier est en tête de votre circuit. La Française, qui avait pris la tête de la Race to CME Globe (le classement général du LPGA Tour) à la faveur de sa victoire à l’Amundi Evian Championship, l’a confortée par son doublé du Women's Scottish Open, ce dimanche. Elle compte désormais 576,4 points d’avance sur sa dauphine, la Chinoise Ruoning Yin, alors que 13 tournois sont encore au programme du circuit nord-américain cette année.

Mais surtout, la Parisienne a eu la bonne idée d’engranger ses deux victoires lors de tournois comptant également pour le Ladies European Tour (LET). Ce qui lui vaut d’occuper, également, la première place de la Race to Costa del Sol. Un classement qu’elle mène en n’ayant disputé que trois tournois sur la première division européenne cette saison, le quatrième arrivant dès cette semaine avec le 5e Majeur, l’AIG Women’s Open. Elle fera, au minimum, une autre apparition sur le LET cette année, puisqu’elle a annoncé sa participation au Lacoste Ladies Open de France, à Deauville du 28 au 30 septembre.

Finir première des deux classements la même année n’a encore jamais été réalisé. Pour trouver performance comparable, il faut regarder du côté d’un autre classement de la saison du LPGA Tour, le Rolex Player of the Year, qui attribue des points à chaque tournoi aux joueuses qui finissent dans le top 10, et également mené par Céline Boutier. Être joueuse de l’année sur le LPGA Tour et n° 1 de l’ordre du mérite du LET la même année n’a été réalisé que deux fois : en 1996 par Dame Laura Davies, et l’année précédente par Annika Sörenstam. Deux légendes.

Driving, chipping, putting… Qu’est-ce qui marche le mieux ?

Quel compartiment du jeu a permis à Céline Boutier de s’imposer deux semaines de suite, avec un Majeur dans le lot ? Même au regard des statistiques, difficile à dire. Si on doit résumer : tout a marché. Pas tout, tout le temps et en permanence, mais avec suffisamment de régularité et d’harmonie pour permettre à la Française de briller.

Prenons dans l’ordre du déroulement des trous : le départ. À Évian, sur l’ensemble de la semaine, Céline Boutier a touché 32 fairways sur 52, soit 61,5 %. Un peu en-dessous de ses standards, elle qui tourne à une moyenne de 77,25 % sur l’ensemble de la saison. Mais une fois arrivée en Écosse, l’efficacité a refait un bond dans l’autre sens, avec 83,93 % de fairways touchés (47/56).

Pour ce qui est des greens pris en régulation, Céline Boutier a livré deux semaines assez similaires : 56 greens pris sur 72 à Évian, et 59 en Écosse. Mais dans le cas du Majeur haut-savoyard, elle s’est surtout distinguée au chipping, avec 72,9 % de pars sauvés lorsqu’elle loupait le green (ce qu’elle faisait déjà, donc, peu). Par ailleurs, son putting n’a pas déçu, avec une moyenne de 28 putts par tour. Des statistiques excellentes qui ont permis à Céline Boutier de terminer la semaine à Evian à la première place du strokes gained, catégorie tee to green (autrement dit tous les secteurs de jeu à l’exception du putting). Tout cela en n’étant que 58e du même compartiment statistique, mais mesuré sur les mises en jeu.

À noter que lors du Women's Scottish Open, la désormais n° 3 mondiale a tourné à 30 putts de moyenne par tour, ce qui, sur une saison entière, la placerait vers la 50e place du LPGA Tour. Elle a donc davantage basé sa victoire sur la solidité de son grand jeu, avec seulement neuf fairways manqués de toute la semaine.

Et n° 1 mondiale, possible ?

Répondons sans attendre à la question qui brûle forcément les lèvres : oui, il est techniquement possible pour Céline Boutier de devenir n° 1 mondiale à l’issue de l’AIG Women’s Open, qui démarre ce jeudi. De quelle manière ? Pour en être sûr, il faudra attendre, d’abord, la publication du classement mondial de cette semaine qui, on le sait, mettra Céline un rang plus haut, sur la troisième marche.

Ensuite ? Dur à dire. Plusieurs scénarios seront sans doute envisageables, et dépendront forcément, non seulement de la performance de la Française à Walton Heath, mais également du comportement de ses voisines, Lydia Ko, Jin Young Ko, et l’actuelle n° 1, l’Américaine Nelly Korda. Mais s’il faut sortir un chiffre de nature à rendre optimiste, en voilà un : la même Korda est devenue n° 1 mondiale pour la première fois lorsqu’elle gagnait le KPMG Women’s PGA Championship, en 2021, en venant… de la troisième place. Par ailleurs, elle s’est assise sur le trône plus d’un an et demi après sa première accession au top 5 mondial, et ce sans jamais avoir quitté ce dernier entre temps. Tout ça pour dire, si ça n’est pas pour cette semaine…