Alors qu’il fête dans quelques jours le premier anniversaire de sa victoire en République tchèque, David Ravetto, en manque de résultats probants, se prépare à enchaîner un marathon de dix semaines sur le DP World Tour.

Reprise de la compétition le 21 août prochain pour David Ravetto, au Belfry ! © Luke Walker / Getty Images - AFP

Que le temps passe vite ! Dans quelques jours, le 18 août très exactement, David Ravetto va fêter le premier anniversaire de sa victoire au D+D Real Czech Masters. Un succès totalement mérité, tant il fut maitrisé quasiment de bout en bout, et qui a surtout propulsé le Racingman dans une autre « dimension ». Celle des vainqueurs sur le DP World Tour. Alors qu’il affûte pour quelques jours encore ses clubs avant la dernière ligne droite de la saison 2024-25, l’actuel 266e joueur mondial revient sur cet événement qui a clairement bouleversé le cours de sa vie de golfeur professionnel.  

 « Cela m’a apporté beaucoup de choses, souffle-t-il. Quand j’y repense, ce fut beaucoup de satisfaction, beaucoup de bonheur aussi. J’ai l’impression que c’était hier. La République tchèque et le Danemark (Ndlr, il a pris la 4e place le week-end suivant) ont été deux semaines où j’ai eu le sentiment que pas grand-chose ne pouvait m’arriver. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de pression, pas de frustration à gérer. Mais on pourrait appeler ça cette fameuse zone où on se sent bien dans le swing, avec moins de pensées parasites… Ce furent deux semaines vraiment complètes, du tee jusqu’au green avec le putting qui va bien aussi. On accepte alors un peu plus facilement les petites erreurs, on arrive à les effacer plus rapidement. »

En raison de désaccords entre le promoteur du D+D Real Czech Masters et le propriétaire du parcours – le PGA National OAKS Prague – David Ravetto n’a pas pu défendre son titre, le tournoi ayant été finalement retiré du calendrier. C’était déjà le cas un peu plus tôt cette année sur le Dimension Data Pro-Am où il s’était imposé le… 18 février 2024, sur l’HotelPlanner Tour (ex Challenge Tour). 18, un chiffre qui semble indiscutablement lui porter bonheur.

« Et on joue sur 18 trous, ajoute-t-il dans un éclat de rires. C’était peut-être écrit tout ça. Je vais regarder quel dimanche finit un 18 cette année… » Hélas, il n’y en a pas !

Cela aurait peut-être pu booster un exercice 2024-25 plutôt terne jusqu’à présent. Les chiffres sont cruels. Ils ne pardonnent rien. Depuis sa quinzaine folle du côté de Prague puis au Danemark, David Ravetto n’a en effet plus accroché le moindre top 10 en 27 départs. Tout juste a-t-il eu la satisfaction, mais peut-on la définir ainsi, de terminer 13e au Ras Al Khaimah Championship le 26 janvier et 19e au BMW International Open le 6 juillet dernier.

« Je pense qu’il y avait déjà pas mal de choses à digérer en fin de saison dernière, explique, lucide, le principal intéressé. Cela m’a propulsé dans une autre catégorie et la fin de saison a été longue et épuisante. Il y a eu beaucoup de choses à gérer, des choses dont je n’avais pas l’habitude comme par exemple jouer tous les plus gros tournois du Tour européen, jouer les Pro-Am, être beaucoup plus sollicité. Normalement, j’aurais dû digérer tout ça depuis. Je suis au courant que je ne fais pas une bonne saison. En tout cas, c’est loin de la saison que j’espérais faire. Pourtant, je ne pense pas mal travailler avec mon staff, bien au contraire. À moi de rester le plus patient possible, faire confiance à mon process… On sait que le golf est assez cyclique, à part pour les vraiment très gros joueurs qui restent pendant des décennies dans le top 50 mondial. Pour les autres, il y a ces phases un peu moins bonnes et c’est là justement qu’on voit les meilleurs qui essaient de ne pas remettre tout en question. »

Grâce à sa victoire en République tchèque, David Ravetto est en possession d’une exemption jusqu’à la fin de l’année 2026. Un statut « confortable » quand on sait qu’il a dû passer à deux reprises par les Cartes d’accessions (en 2022 et en 2023) pour avoir le privilège d’évoluer au plus haut niveau européen. Cela a-t-il eu des répercussions néfastes dans son mode de fonctionnement ? A-t-il fait des choix d’ordre technique qu’il regrette aujourd’hui ?

« Cela a amené un autre type de pression, de frustration à gérer, analyse-t-il doucement. Ce n’était plus se battre pour la carte mais plutôt se battre pour gagner encore. Si je l’ai fait une fois, pourquoi pas le refaire ? Cela a résulté le fait d’être plus exigeant avec moi-même, d’être beaucoup moins patient sur un parcours de golf. Le début de saison 2024-25, je l’ai vécu comme ça en tout cas. On a fait un débrief avec mon staff et on s’est rendu compte que j’avais peut-être été trop exigeant avec moi-même, tout en voulant brûler les étapes. Mais ce qui est bien avec ce sport, c’est qu’il vous remet très rapidement à votre place. »

« La question était de savoir ce que je pouvais améliorer dans mon jeu, en poussant peut-être le bouchon un peu trop loin dans la recherche de la perfection et perdre ainsi quelque part le côté jeu du golf, enchaîne-t-il. Contrairement à Matthieu Pavon par exemple, je n’ai pas changé de coach, je n’ai pas changé de plan de swing. Mais c’est vrai que je me suis peut-être permis de vouloir perfectionner mon swing, ce qui n’était pas forcément dans l’envie de mon coach, Benoit Ducoulombier. C’était plus une envie personnelle. Je ne me suis peut-être pas concentré sur les bonnes choses. La plus grosse erreur cette année, c’est d’être trop dans le résultat, d’être dans une position de gagne, de trop vouloir jouer cette carte du PGA Tour et perdre finalement ce côté jeu qu’est d’abord le golf… »

Un staff technique recomposé

Cette mauvaise passe a eu de facto des répercussions, des effets collatéraux, comme on dit de nos jours. David Ravetto s’est séparé en fin d’année dernière de Robin Cocq, Matthieu David et Adrien Leurent. Il a réduit son staff autour de Benoit Ducoulombier et de Makis Chamalidis, son coach mental. Pour la préparation physique, il bénéficie de l’apport des trois spécialistes mis à la disposition chaque semaine de tous les joueurs du DP World Tour.  

119e à la Race to Dubaï, ses objectifs de fin de saison demeurent malgré tout élevés. De retour à la compétition la semaine prochaine pour le British Masters sur le fameux tracé du Belfry, il a l’intention de jouer les neuf tournois de la saison régulière encore au programme.

« Je vais un peu charbonner, annonce-t-il dans un sourire. Cela va être dix grosses semaines. Mais bon, il se peut que je réorganise mon calendrier si je signe un bon résultat. Là, je prends toutes les opportunités et j’y vais à fond. C’est pour cela que j’ai fait trois semaines de break. Je n’ai pas touché les clubs pendant deux semaines et demi. Depuis février, je gère aussi une cheville droite qui est un peu fragile. Et qui m’embête un peu. Si elle tient le coup, je suis prêt. Il y a vraiment un bon coup à jouer sur cette période à venir. Je suis assez excité parce que ce sont les tournois les plus relevés de l’année, les plus sympas aussi. À part peut-être l’Inde et la Corée, mais Crans, l’Open de France, Wentworth, l’Irish, c’est top de les jouer. »

« Le top 70, qui me permettrait d’être à Abu Dhabi début novembre, me semble largement réalisable, conclut-il. Il va falloir toutefois un changement d’attitude sur le parcours. Les phases finales, j’ai eu la chance de les jouer l’an passé et ce sont des tournois à part. Aller les chercher pour la 2e année, ce serait bien. »