Elle n’est pas cette semaine dans le champ du Gainbridge LPGA at Boca Rio, premier tournoi de la saison régulière du LPGA Tour 2022 où sont engagées Céline Boutier, Perrine Delacour et Pauline Roussin-Bouchard. Céline Herbin a en effet décidé de différer son retour au plus haut niveau. Un choix murement réfléchi pour celle qui ne s’est jamais sentie aussi jeune.

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C’est en Espagne, au golf de la Sella situé entre Valence et Alicante, par des températures oscillant entre 11 et 12 degrés mais sous un soleil quasi permanent, que la lauréate du Lacoste Ladies Open de France 2015 parfait en ce moment sa préparation. Tranquillement. Sereinement. 

« Je veux être prête pour les grands rendez-vous de la saison, annonce tout en douceur Céline HerbinPlus précisément pour cette période allant de début juin à la mi-août où le calendrier propose quatre tournois du Grand Chelem. C’est le cœur de la saison. Mon expérience des années précédentes me dit que c’est à ce moment-là qu’il faut être le plus en forme. Je vais donc prendre mon temps cet hiver pour peaufiner ma préparation sans objectif précis de début de saison. Démarrer si tôt, jouer deux fois pour ensuite arrêter durant un mois et demi, ce n’est pas vraiment l’idéal sachant que les tournois suivants en Asie sur le LPGA sont à champ limité. »

Physique et technique au programme

Beaucoup de travail physique au programme donc - « une des choses les plus importantes pour être plus forte et prévenir surtout les blessures », aime-t-elle répéter – mais aussi beaucoup de technique en compagnie de son coach espagnol, José Manuel Carriles, ancien joueur du circuit européen et désormais pensionnaire du Legends Tour (+ de 50 ans).

« Lui aussi est basé à La Sella. On travaille très sérieusement pour bien consolider mes acquis, confirme celle qui collabore aussi avec Jean-Pierre Cixous, son coach putting. En 2021, pendant deux-trois mois, je n’ai jamais aussi bien joué de ma vie. J’ai fini 14e à l’US Open, avant d’enchaîner avec un très bon top 10 début juillet (8e au Volunteers of America Classic). L’objectif recherché est de ne pas avoir de réelles failles dans mon jeu. »

Le LET plutôt que le LPGA pour démarrer 2022

Où et quand la reverra-t-on alors en compétition, elle qui a terminé 101e de la Race sur le LPGA Tour en disputant quatorze tournois pour huit cuts franchis ? Eléments de réponses. 

« Il y a de fortes chances pour que j’effectue des tournois de préparation ou d’échauffement au mois de mars, prévient-elle. J’ai plusieurs possibilités. Il y a trois épreuves du Ladies European Tour (LETassez attrayantes avec notamment un rendez-vous important en Arabie saoudite (Aramco Saudi Ladies International du 17 au 20 mars (1 million de dollars de dotation)) suivi de deux semaines en Afrique du Sud. J’ai aussi l’option d’aller aux Etats-Unis et de faire ce que j’avais déjà fait en 2021, c’est-à-dire jouer les tournois du LPGA ou du Symetra Tour (la deuxième division US) pour me mettre en route. Avant de commencer à plein temps comme d’habitude sur le LPGA à Hawaï (LOTTE Championship, 13-16 avril). Mais il y a une forte probabilité pour que je choisisse la première option. »

Une victoire aux Etats-Unis

Mais qu’on ne s’y trompe pas. C’est bien aux Etats-Unis que la Française entend poursuivre en priorité sa carrière de joueuse professionnelle. C’est aussi sur le plus relevé des circuits mondiaux féminins qu’elle veut débloquer son compteur victoire. 

« Je favoriserai toujours le LPGA, ajoute-t-elle. C’est très important pour moi d’aller chercher cette victoire là-bas. J’ai déjà signé deux succès sur le LET et pour moi, l’étape suivante, c’est forcément le LPGA. J’ai démontré en 2021 que j’étais capable de jouer la gagne… J’ai souvent fait des parties avec les meilleures joueuses mondiales et j’ai vu que j’avais le niveau. Certes, je n’ai pas encore le niveau pour être dans le top mondial sur toute une saison, mais sur une semaine, je suis largement capable d’y arriver. »

Kemper Lakes, Pinehurst, Floride

Entre les Etats-Unis et l’Europe, elle entend, en 2022, jouer grosso-modo 25 tournois, axant, on l’a dit, le principal de son temps aux Etats-Unis où elle compte plusieurs pieds à terre et au sein desquels elle peut s’entraîner dans les conditions optimales. 

« Depuis 2015, je pratique beaucoup le housing (Ndlr, être hébergé chez l’habitant durant les tournois), souligne la Normande. Je connais pas mal de familles un peu partout dans le pays. Il y a des endroits où je reviens très souvent car ce sont des spots où on peut très bien s’entraîner. Comme par exemple au Kemper Lakes Golf Club (au nord de Chicago), à partir d’avril-mai. Ils sont vraiment sympas. J’ai de très bonnes conditions d’entraînements. J’ai également une autre super base d’entraînement à Pinehurst (Caroline du Nord). J’ai des amis membres là-bas. Et puis pendant les mois d’hiver, je peux aussi aller en Floride. »

Motivation intacte

En revanche, pas question d’aborder avec elle la moindre question concernant une éventuelle retraite. A 39 ans, elle ne s’est jamais sentie aussi jeune. Qu’on se le dise !   

« Je n’ai pas cette nécessité à me fixer une barrière en termes d’âge, explique-t-elle en guise de conclusion. L’important, c’est que j’ai toujours la même motivation. Le même enthousiasme pour aller chercher les bons résultats. Tant que je suis bien physiquement et mentalement, je n’ai aucune limite. Le gros avantage que j’ai par rapport à la majorité des filles qui sont sur le Tour, c’est que j’ai commencé ma première année pro à 29 ans (Ndlr, elle a d’abord privilégié de solides études avec à la sortie un diplôme d’ingénieur à l’INSA de Toulouse et un Master Marketing à HEC Paris). Je suis arrivée sur le circuit US à 34 ans. Je suis donc très loin d’être grillée mentalement. Je me souviens d’une interview de Lydia Ko qui avait annoncé qu’elle prendrait sa retraite à ses 30 ans. Elle a commencé très tôt (Ndlr, pro à 16 ans). Mon histoire et l’histoire de ces filles qui ont démarré très jeune sont par conséquent très différentes. Bref, il n’y a pas vraiment de logique d’évoquer mon âge sans parler du contexte. »