Si elles sont aujourd’hui hôtes du DS Automobiles Italian Open, les collines du Marco Simone Golf & Country Club seront dans cinq mois théâtre de la Ryder Cup. L’occasion de revenir sur un parcours dont le trait artistique n’est pas toujours compris.
Entre sa nomination en 2015 pour accueillir la 44e Ryder Cup de l’histoire (du 29 septembre au 1er octobre prochain) et la 3e édition de l’open transalpin cette semaine, le tracé romain du Marco Simone Golf & Country Club est passé par toutes les convoitises. Celles des curieux d’abord, au moment de son attribution. Celles des impatients ensuite, lors de l’annonce de son renouveau. Celles des détracteurs enfin, à sa découverte, comme Oliver Wilson qui avait participé à la Ryder Cup en 2008. « Aucun trou ne m’a marqué. Les greens sont propres et le parcours de grande qualité certes, mais il y a neuf greens que vous ne voyez pas alors que vous jouez une approche. Il y a trop de dénivelé et c’est ce qui fait que le parcours n’est pas incroyable. » Outre celle de l’Anglais, nombreuses ont été les voix - souvent anonymes - critiquant le manque d’accointances du parcours taillé dans les collines avec un événement comme la Ryder Cup. « Ridicule », « choquant », « immature », l'inspiration ne manquait pas aux joueurs lorsque Golf Digest faisait en 2021 un état des lieux auprès de ceux qui découvraient pour la première fois le domaine.
Zach Johnson, capitaine de l’équipe américaine
Pourtant, le Marco Simone Golf & Country Club revient de loin ; bien que son histoire débutée en 1989 soit plus récente que le château antique qui a donné son nom aux lieux. Hôte de l’Open d’Italie en 1994, le domaine alors jugé obsolète n’a ensuite plus jamais vu les sacs de l’élite européenne jusqu’à l’automne 2021, date à laquelle il a rouvert après plus de deux années de travaux opérés par Tom Fazio, David Mezzacane et les architectes d’European Tour Design. Un retour qu’il doit bien sûr à son élection comme hôte de l’événement de golf le plus regardé à la télévision ; tout comme le changement de physionomie intégral dont il a fait l’objet. De son désormais ancêtre, il ne reste plus que l’important relief et le trou n° 6 comme vestiges, tandis que les dix-sept autres exercices ont tous embrassé un nouveau sens et un nouvel ordre. « Le précédent tracé comportait trop de croisements, expliquait l’architecte d’European Tour Design, Dave Sampson, avant l’édition 2022 de l’Italian Open. Ce n’était pas compatible alors il a fallu revoir le cheminement des 18 trous. »
Le bon œil d’Antoine Rozner
Aux critiques s’opposent bien sûr bon nombre de louanges, bien que la plupart salue davantage la qualité que le dessin même du parcours. « Je trouve que c’est un bon tracé de championnat », résume pour sa part Antoine Rozner. De retour d’Asie où il a notamment évoqué les futurs changements (voir vidéo ci-dessous) avec l’un des vice-capitaines de la Ryder Cup, Nicolas Colsaerts, le Racingman retrouve pour la troisième année consécutive un parcours qu’il juge « franc » : « hormis un ou deux trous délicats à gérer, les bons coups sont récompensés, les mauvais sont pénalisés et il n’y a pas de surprise aléatoire. De mon point de vue, il y a de quoi s’éclater en match play. » Un compliment qui ravira les architectes puisqu’il résume l’idée directrice de la reconstruction des lieux en 2018. Mais la chose n’a pas été des plus simples à accomplir. La faute à un sol riche en trouvailles archéologiques, contraignant tracteurs et bulldozers à tirer le frein à main le temps d’étudier et statuer sur lesdites trouvailles.
Faute de temps à l’époque - la pandémie n’avait alors pas encore repoussé la Ryder Cup à 2023 - il a fallu s’adapter. Preuve en est avec le trou n° 16, long par 4 à l’origine réorienté en offrande à birdie sur 25 m de dénivelé négatif avec une pièce d’eau collée au green. C’est d’ailleurs ce même trou et son green attaquable en un que le joueur de 30 ans prend en exemple pour illustrer les nombreuses options qu’offrent le tracé. Et lorsqu’il s’épanche sur les qualités à avoir, il reste exhaustif : « Il y a de sacrés coups de golf à taper, il y a de longues mises en jeu, comme des plus précises puisque les roughs sont très pénalisants. Et il est de rigueur de savoir manier la balle des deux côtés car le vent y souffle souvent et les drapeaux sont dans les coins ; en somme il faut être très complet », termine-t-il.
Malgré le peu d’attrait pour certains, dont font visiblement partie les meilleurs mondiaux si l’on en juge l’absence de joueurs du top 50 mondial (le meilleur ranking cette semaine est la 63e place d’Adrian Meronk), le parcours du 80e Open d’Italie a de quoi être la scène parfaite pour contrecarrer les stratégies américaines par ses nouveaux bunkers - celui du fairway du 12 entre autres - ou encore par la nouvelle herbe de rough censé corser le jeu dans cette zone de tonte. Tant que le résultat sied aux golfeurs européens, n’est-ce pas là l’essentiel lorsque la Ryder Cup se déroule sur le Vieux continent ?
Victor Perez, observé
Cette semaine, Victor Perez joue, comme son compatriote, le parcours Marco Simone pour la troisième fois. L’intrigue réside surtout dans le fait que le joueur dispute ses deux premiers tours du DS Automobiles Open aux côtés de Calum Hill et, surtout, de Luke Donald… capitaine de la prochaine Ryder Cup.