Si les Américains, tenants du titre, demeurent favoris (comme très souvent), les Européens du capitaine Luke Donald veulent laver l’affront de Whistling Straits. Une sévère défaite (19-9) qui n’a toujours pas été digérée !
Le tournoi
En termes comptables, les USA affichent depuis la création en 1927 de la Ryder Cup 27 victoires (561 points) pour 14 défaites et 2 nuls. Néanmoins, depuis 1979 et l’arrivée des golfeurs issus d’Europe continentale (seuls les Britanniques et les Irlandais étaient jusque là autorisés à prendre part à l’épreuve), le Vieux Continent l’a emporté à 11 reprises (451 points), contre 9 défaites et 1 nul. Mieux : depuis le début du XXIe siècle, il a gagné sept des dix confrontations, ne s’inclinant qu’en 2008, 2016 et 2021, à chaque fois sur le sol américain. La dernière en date, à Whistling Straits (Wisconsin), fut particulièrement douloureuse avec une cuisante défaite 19-9 !
Le site
Dans la foulée de l’attribution en 2018 de la Ryder Cup à l’Italie, le site du Marco Simone Golf & Country Club – du nom d’un château du XIe siècle construit sur d’anciennes fortifications romaines et jouxtant le parcours – est choisi pour accueillir la 44e édition (29 septembre-1er octobre 2023). Situé à 15 kilomètres au nord-est du centre ville de Rome, on peut apercevoir par temps clair depuis le parcours la basilique Saint-Pierre. C’est la troisième fois que l’Europe continentale accueille l’événement après Valderrama (Espagne) en 1997 et le Golf National (France) en 2018. À chaque fois, l’Europe en est sortie victorieuse.
Le parcours
Par 71 de 6565 mètres, le Marco Simone Golf & Country Club a été créé en 1989. Rénové entre 2018 et 2020 sous la direction de Tom Fazio et de Dave Sampson (Euro Golf Design), il a accueilli en 2021 l’Open d’Italie (victoire de Nicolai Hojgaard) avant d’enchaîner en 2022 (victoire de Robert MacIntyre) et en 2023 (victoire d’Adrian Meronk). Il avait été aussi retenu par le Tour européen pour recevoir l’Open d’Italie 1994 (victoire du regretté Eduardo Romero). Tracé tout sauf plat (dénivelé de plus de 35 mètres sur le 18), les neuf trous du retour s’annoncent déjà comme déterminants. Quatre possibilités d’eagle sont en effet possibles sur les huit derniers, notamment sur les par 4 du 11 (301 mètres) et du 16 (277 mètres) attaquables en un. Quant au par 5 du 18 (546 mètres), c’est le plus long trou du parcours. Si la victoire doit se jouer à cet endroit dimanche lors des simples, la tension sera à son maximum avec la présence de l’eau sur le côté gauche du fairway, sans oublier ce rough abyssal. Tout joueur qui trouvera le fairway en descente aura en revanche la possibilité de toucher le green en deux.
Le format et le programme
Compétition par équipes, la Ryder Cup se joue en formule match play. Chaque victoire rapporte un point, un demi-point en cas de match nul. Vingt-huit points sont mis en jeu (16 en doubles, 12 en simples). Si les États-Unis parviennent à 14 points, ils conserveront le trophée en tant que tenants du titre. Pour l’Europe, il faudra engranger 14,5 points pour récupérer le trophée.
Cette 44e édition se dispute sur trois jours. Quatre foursomes (deux équipes de deux joueurs jouent alternativement la même balle) puis quatre fourballs (deux équipes de deux joueurs jouent chacun leur balle) auront lieu le vendredi et le samedi, avant douze simples le dimanche.
Le capitaine européen
Né le 7 décembre 1977 à Hemel Hempstead (Angleterre), Luke Donald, 45 ans, a joué quatre Ryder Cup en tant que joueur. Et il les a toutes gagnées : 2004, 06, 10 et 12. Son bilan est très positif puisqu’en 15 matches, il a ramené 10,5 points à l’Europe (10 victoires, 4 défaites, 1 nul). En trois matches en 2006 au K Club (Irlande), il n’a pas connu la défaite remportant ses deux foursomes (avec Sergio García) avant de battre Chad Campbell en simple (2&1). Nommé capitaine à l’été 2022 après le départ d’Henrik Stenson sur le LIV Golf, Donald a assuré le rôle de vice-capitaine lors des deux dernières éditions au Golf National (2018) et à Whistling Straits (2021). Ses vice-capitaines sont le Danois Thomas Bjørn (capitaine victorieux en 2018), le Belge Nicolas Colsaerts, l’Espagnol José María Olazábal (capitaine vainqueur à Medinah en 2012) et les Italiens Edoardo et Francesco Molinari (co-recordman des victoires sur une Ryder Cup : cinq matches, cinq succès en 2018).
L’équipe européenne
Il y a deux ans dans le Wisconsin, l’Europe du capitaine Pádraig Harrington alignait trois rookies (Wiesberger, Lowry et Hovland). Cette semaine, à Rome, ils sont quatre : Ludvig Åberg, Sepp Straka, Nicolai Hojgaard et Robert MacIntyre. Ces apports font baisser de facto la moyenne d’âge de l’équipe de 34,5 ans à 31 ans par rapport à Whistling Straits. Âgé de 23 ans, Åberg a été la grande surprise des six picks de Donald, le Suédois n’étant passé professionnel que le 1er juin 2023. Il est le premier dans l’histoire de la Ryder Cup à être sélectionné sans avoir disputé le moindre tournoi du Grand Chelem. Pour épauler ces quatre nouveaux, le capitaine peut compter sur l’expérience de Rory McIlroy, six Ryder Cup au compteur (2010, 12, 14, 16, 18 et 21). Le Nord-Irlandais (34 ans) est celui qui affiche le plus grand nombre de matches (28) cette semaine pour l’Europe. Il a rapporté 14 points à son équipe.
Citons aussi l’Anglais Justin Rose, cinq participations (2008, 12, 14, 16 et 18) et 14 points en 23 matches (dont 7,5 points en foursomes en dix matches joués). Orphelin de son compatriote Sergio García, parti sur le LIV Golf, Jon Rahm constitue lui aussi l’épine dorsale du groupe (avec le Norvégien Viktor Hovland, vainqueur de la FedEx Cup sur le PGA Tour). L’Espagnol, n° 3 mondial, reste sur 3,5 points en cinq matches joués à Whistling Straits. Il fut l’un des rares à surnager dans cette 43e édition. Présents aux aussi dans le Wisconsin, Shane Lowry (1 point en 3 matches), Tyrrell Hatton (1,5 point en quatre matches) et Tommy Fleetwood (deux nuls et une défaite) chercheront à se racheter. Quant à Matthew Fitzpatrick, il visera tout simplement à ouvrir son compteur point en Ryder Cup après deux zéros pointés en 2016 et 2021 !
Le capitaine américain
Vice-capitaine en 2018 puis en 2021, Zach Johnson, 47 ans, est désormais le patron de la Team USA en Ryder Cup. Le natif de Cedard Rapids (Iowa) a disputé cinq éditions comme joueur, mais n’en a gagné qu’une seule (en 2016 à Hazeltine), pour quatre défaites (en 2006, 10, 12 et 14). En 2014 à Gleneagles (Écosse), il avait tenu en échec en simple le Français Victor Dubuisson, un exercice dans lequel il s’est souvent bien comporté (3 victoires, 1 défaite, 1 nul). Son bilan en tant que joueur : 17 matches, 9 points (8 victoires, 7 défaites, 2 nuls).
L’équipe américaine
Favoris sur le papier (six des dix premiers du top 10 mondial cette semaine sont américains), les États-Unis sont plus que jamais redoutables. Ils restent en effet sur deux victoires en Presidents Cup (2019 et 2022) et une en Ryder Cup (2021). Clairement rajeunie et forgée par un nouvel élan à l’image de leur démonstration à Whistling Straits, l’une des plus retentissantes victoires depuis Walton Heath (Angleterre) en 1981 (18,5 à 9,5), cette équipe fait peur. Alors rookies il y a deux ans, Collin Morikawa, Patrick Cantlay, Xander Schauffele et Scottie Scheffler n’avaient fait qu’une bouchée des Européens.
Ce quatuor est encore là cette semaine en Italie avec quatre nouveaux rookies : Sam Burns, Brian Harman, Max Homa et Wyndham Clark (Clark et Harman ont remporté aux mois de juin et juillet respectivement l’U.S. Open et The Open), ainsi que quatre vétérans à l’impressionnant pedigree. Vainqueur du PGA Championship en mai, Brooks Koepka, exilé sur le LIV Golf, est en effet l’un des plus expérimentés (3 Ryder Cup) avec Justin Thomas (2 Ryder Cup), Jordan Spieth (4 Ryder Cup) et l’inoxydable Rickie Fowler, 34 ans, 4 Ryder Cup mais seulement 3 victoires en 15 matches joués (dont cinq nuls).
Trente ans de disette américaine
C’est une anomalie que les Américains veulent gommer entre vendredi et dimanche au Marco Simone Golf & Country Club. Les États-Unis ne sont en effet plus imposés en Europe depuis 1993. C’était en Angleterre, au Belfry. Trente ans ! Sous la houlette de Tom Watson, les joueurs U.S. (dont Ray Floyd, 51 ans, qui détient toujours aujourd’hui le record du joueur le plus âgé à participer à la Ryder Cup) avaient notamment fait la différence en simples, engrangeant 7,5 sur 12 points possibles avant de l’emporter 15 à 13. Paul Azinger et Fred Couples, les deux meilleurs joueurs américains (nos 5 et 6 mondiaux) avaient pourtant cumulé à eux deux six défaites et quatre nuls pour… zéro victoire !