Malgré la présence de plusieurs Français dans les classements actuels en vue des sélections de la Ryder Cup Junior et de la Ping Solheim Cup Junior, l’absence de Tricolores le jour J est fort probable en raison de leur engagement en université américaine. Explications.

Vaïrana Heck et Constance Fouillet (debout à droite) avec l'équipe de PING Solheim Cup Junior 2021. © Solheim Cup Europe

Ce sont des échéances uniques. Du genre qui font dire à Constance Fouillet qu’elle sera « à jamais reconnaissante d’avoir pu vivre ça. » Aussi prestigieuses pour le niveau amateur que leurs pendants professionnels qui réunissent environ 750 millions de téléspectateurs chaque année, la Ryder Cup Junior et la Ping Solheim Cup Junior sont des expériences que peu de joueuses et joueurs amateurs peuvent mentionner dans leur parcours de vie. Tous les deux ans, ils sont 6 garçons et 18 filles précisément - la Ryder est mixte tandis que la Solheim est exclusivement féminine - âgés de 12 à 18 ans à pouvoir se vanter de faire comme les pros, une semaine avant le grand spectacle. Souvent, d’ailleurs, c’est par le même biais qu’ils le font savoir : un post Instagram où se succèdent les photos qu’avoisine un texte dans lequel les points d’exclamation n’ont d’égal en nombre que les émojis qui traduisent ce que les mots ne leur suffisent plus à exprimer.

Depuis 1997 et 2002 respectivement que ces compétitions existent, nombreux sont les Français qui ont pu y inscrire leur empreinte. Outre Adrien Pendaries et Pauline Roussin-Bouchard en 2016 lors de la Ryder Cup Junior, les derniers en date sont Constance Fouillet et Vaïrana Heck, victorieuses des États-Unis lors de la Ping Solheim Cup Junior en 2021. Les deux membres de l’équipe de France dames sont d’ailleurs encore parmi les 15 premiers noms du classement féminin actuel (prochaine édition les 18 et 19 septembre 2023 en Espagne), aux côtés de trois autres de leurs compatriotes que sont Maylis Lamoure, Inès Archer et Camille Min-Gaultier. Chez les messieurs (prochaine édition du 24 au 26 septembre en Italie), un seul nom apparaît pour le moment, qui plus est tout en haut du classement : celui de Louis Anceaux, récent vainqueur des Internationaux de France début avril. Pourtant, sur l’ensemble des cités, seule Camille Min-Gaultier reste réellement éligible à la compétition et ce, pour une question de règlement.

Les Bleus en Ryder Cup Junior

2018 : Maïtena Alsuguren (capitaine)
2016 : Adrien Pendaries, Pauline Roussin-Bouchard et Maïtena Alsuguren (capitaine)
2014 : Mathilda Cappeliez
2010 : Manon Gidali et Manon Mollé
2008 : Julien Brun et Stanislas Gautier
2006 : Victor Dubuisson
2002 : Tony Raillard et Benjamin Régent
1997 : Pascal Celhay

Les Bleues en Ping Solheim Cup Junior

2021 : Constance Fouillet et Vaïrana Heck
2019 : Lucie Malchirand, Lilas Pinthier et Mickaël Mahéo (vice-capitaine)
2017 : Mathilde Claisse
2015 : Agathe Laisné et Mathilda Cappeliez
2013 : Anyssia Herbaut et Karine Mathiot (vice-capitaine)
2011 : Émilie Alonso, Céline Boutier, Manon Gidali Ludivine Kreutz (vice-capitaine)
2009 : Rosanna Crépiat et Karine Mathiot (vice-capitaine)
2007 : Audrey Goumard
2002 : Mélodie Bourdy

Le rêve américain au détriment du rêve européen

Tout s’explique en une ligne listée dans les critères de sélection : « Les participants doivent être des amateurs et ne doivent pas être membres d'un programme de golf universitaire compétitif. » Comme un écho d’une époque où le circuit européen masculin cherchait à limiter l’exode de ses meilleurs joueurs de l’autre côté de l’Atlantique en mettant en balance leur sélection en cas d’épanchement de participations sur le PGA Tour, les jeunes amateurs européens sont conditionnés à rester sur le Vieux continent pour pouvoir porter l’écusson bleu et jaune en septembre prochain.

Sauf qu’à l’orée de leur 18e anniversaire, la grande majorité de nos Tricolores ont déjà acté leur départ vers l’eldorado américain, où chacun représentera les couleurs de sa faculté pour les quatre prochaines années, à l’instar de Louis Anceaux qui rejoindra l’université de Louisiana Monroe avant l’automne. « Je n’avais pas tout compris, mais au moins c’est clair maintenant », reconnaît-il avant de glisser qu’il avait totalement oublié que la Ryder Cup Junior existait avant de voir la publication du premier classement en février. « Mais ce n’était pas un objectif de la jouer, c’était plutôt un bonus. »

Pas de première Ryder Cup Junior pour lui, donc, au même titre que Maylis Lamoure et Vaïrana Heck qui renoncent à leur dernière occasion d’y participer en rejoignant l’université de Caroline du Sud. « Je ne sais pas ce que je rate concrètement, donc ça ne me dérange pas plus que ça. D’autant plus que je considère la Solheim Cup Junior et le cursus universitaire aux États-Unis comme deux super expériences », indique la première. Aux côtés de Constance Fouillet au moment de répondre sur le sujet, sa compatriote partage l’absence de regrets après avoir connu cette « expérience de dingue » en 2021. « Avec Vaïrana, on sait aussi que plein de filles aimeraient la jouer et je me dis que si ça peut profiter à certaines qui n’ont pas eu cette chance, c’est tant mieux », ajoute-t-elle. Pourtant, toutes les deux ont pensé à ce sacrifice au moment de signer avec leur future université. Un choix assumé et donc réfléchi. D’autres encore ont opté pour le report de leur rentrée scolaire à l’instar de la Belge Savannah De Bock, vainqueur des championnats d’Europe individuels en 2022, qui a spécifié à son école vouloir arriver en janvier pour tenter une seconde aventure avec l’équipe européenne sous les ordres d’Annika Sörenstam.

Malgré tout, la vue de leur nom dans les 10 meilleures joueuses européennes amateurs du moment ne leur est pas égal, tout comme ce que représente la Solheim, « la vraie » comme elles appellent celle disputée chez les professionnelles, qui véhicule un certain rêve. Maylis Lamoure l’exprime d’ailleurs à sa façon, que nombre de ses paires partageront sûrement : « C’est comme si tu avais un petit pot de Nutella et que tu voyais le grand juste à côté ! » Tant que l’on y goûte, là est très probablement le principal.