Engagée avec l'équipe de France au Championnat d'Europe par équipes Dames, cette semaine à Chantilly, Louise Reau a finalisé au printemps son transfert vers la fac de Texas A&M, l'une des meilleures des États-Unis. De quoi marcher dans les pas d'Adela Cernousek.

« C'était un enfer. » La phrase est lâchée dans un sourire, au milieu d'une conversation où elle alterne les Américanismes formant son quotidien et son accent de Béziers, dans un syncrétisme original. L'enfer dont parle Louise Reau n'est ni la faculté de Georgia Southern, qu'elle vient de quitter, ni encore moins celle de Texas A&M, vers laquelle elle se dirige, et qui constitue bien au contraire son paradis espéré. Il s'agit plutôt de toute la procédure de transfert entre les deux, par laquelle la joueuse licenciée au Golf Club de Toulouse est passée au printemps. Passage obligatoire, qui va lui permettre de rejoindre une équipes des Aggies parmi les plus performantes de tout le pays.
Le Texas, terre de ses rêves
Le sport universitaire américain, en effet, encadré par la très puissante NCAA, est un monde où la réglementation est à la fois très dense et très stricte. « Dans le contrat qu'on a avec notre université, on n'a pas le droit de contacter une autre université, ni d'être contacté, explique Louise Reau. Le système marche avec un portail en ligne, sur lequel on peut s'inscrire à partir du 30 avril. Et là, pendant un mois, on peut avoir des contacts. » La joueuse française de 20 ans a ainsi pris la décision, en ce printemps 2025, d'inscrire son nom sur ce portail, histoire de partir à la recherche d'un nouveau défi.
En deux ans au sein de la fac de Georgia Southern, Louise Reau a déjà fait ses preuves à plusieurs reprises, en empilant les tops 10, et en empochant trois victoires individuelles. Performances qui l'ont menée jusqu'à la 75e place au classement mondial à son pic (elle est actuellement 108e), et à occuper le 71e rang au classement national américain au moment de son transfert. « J'étais clairement la joueuse n° 1 de mon équipe, constate-t-elle. Et donc j'avais besoin d'une nouvelle étape, de plus de challenge, de me confronter à des meilleures joueuses, et de jouer des meilleurs tournois. »
Contactée par plusieurs universités du top 10 américain (South Carolina, Arkansas, entre autres...), Louise Reau avait cependant une destination de rêve en tête : l'état du Texas. D'où un choix réduit pour elle entre les Longhorns de l'Université du Texas, ou bien Texas A&M. Et les Aggies ont donc eu ses faveurs au final, pour une signature intervenue fin mai, juste avant sa participation à The Women's Amateur.
Néanmoins, dans tout ce processus, il lui a donc fallu traverser des démarches administratives n'ayant parfois rien à envier à la Maison qui rend fou de l'univers d'Astérix. D'abord, il a fallu transbahuter toutes les notes obtenues par Louise Reau sur le plan académique pendant ses deux ans de cursus en Géorgie, où elle suivait, en parallèle du golf, une formation en management du sport. Ensuite, elle a dû également s'occuper de faire voyager toutes ses affaires d'un état à l'autre, séjour en garde-meubles compris. « C'était une galère, mais je suis contente de l'avoir finie », souffle-t-elle. Fort heureusement, elle a reçu des aides précieuses durant cette période. D'une part venant d'un agent anglais qui œuvre dans le sport universitaire américain, et d'autre part de son futur coach chez les Aggies, Gerrod Chadwell. Un coach qui n'est autre que le mari de Stacy Lewis, ancienne joueuse du LPGA Tour et lauréate de deux Majeurs. « Depuis le début du transfert, il m'a beaucoup aidée, je l'ai eu deux ou trois fois par jour au téléphone, il me tenait au courant de tout », raconte Louise Reau.
Son arrivée sur le campus de Texas A&M, qu'elle découvrira pour la première fois à cette occasion, est prévue pour le 28 juillet. Et là encore, quelqu'un sera présent pour lui éviter de débarquer en terra incognita : Adela Cernousek. La joueuse désormais professionnelle sur le LPGA Tour est la dernière Française à être passée par Texas A&M, de 2020 à 2024. Au milieu des différents records du programme des Aggies dont elle s'est rendue titulaire, elle y a glané un titre national NCAA individuel, en 2024. Toujours installée sur place au Texas, elle sera un point d'appui utile pour Louise Reau. « Je ne la connaissais pas plus que ça avant, admet la Toulousaine. Mais dès que j'ai été contactée par Texas A&M, je me suis permise de lui envoyer des messages, pour lui poser des questions. Au final, on se parle beaucoup, elle m'a dit qu'elle serait là début août, pour qu'on aille jouer des parties ensemble. J'aimerais bien suivre ses traces à Texas A&M, c'est une fierté de passer après elle. »
Alice Kong : « Beaucoup trop drôle ! »

Cette semaine à Chantilly, où elle participe pour la deuxième année consécutive au Championnat d'Europe par équipes Dames avec l'équipe de France, Louise Reau aura sans doute l'occasion de croiser une de ses futures coéquipières, Cayetana Fernandez, qui fut n° 2 mondiale amateur. « Je n'ose pas aller la voir, je suis encore un peu timide », sourit Louise Reau, même rassurée par plusieurs tiers sur la personnalité très sympathique de l'Espagnole. De toute façon, cette semaine, ses objectifs sont ailleurs. « Bien sûr, on a les crocs, on veut toutes gagner à la fin », campe-t-elle. Phénomène amplifié par le fait qu'elle fait partie des trois joueuses de l'équipe, avec Constance Fouillet et Valentine Delon, à avoir vécu la campagne 2024, conclue sur une médaille d'argent.
Cela veut dire également que l'aventure de cette année sous le maillot bleu lui a permis, à elle qui est désormais la plus âgée de l'équipe, de faire connaissance avec les plus jeunes, notamment Sara Brentcheneff et Alice Kong, promues de l'équipe Girls. « Sara, je la connaissais déjà un peu, on avait fait un stage équipe de France ensemble en janvier à Orlando, détaille Louise Reau. Mais Alice, pas du tout, et elle m'a énormément surprise, elle est beaucoup trop drôle. Elle a beau être la plus jeune, on ne s'en rend pas compte. »
Pour autant, la Toulousaine ne s'enflamme pas sur la suite de la semaine. « On ne se prend pas la tête, on prend jour par jour », résume-t-elle. Le tout avec le bon état d'esprit, et l'envie de jouer les unes pour les autres.