La 31e édition du trophée Espirito Santo se déroule cette semaine à Singapour avec, sous la lumière des projecteurs bleus, blancs et rouges, un trio dont l’excitation n’a d’égal que l’honneur de représenter la France.

Il n’y a pas si longtemps de ça, le Golf National et celui de Saint-Nom-la-Bretèche recevaient le temps de deux semaines les championnats du monde amateur par équipes masculins et féminins. Un rassemblement énorme, biennal, suffisamment rare pour qu’il ne soit souvent qu’une expérience unique dans la carrière de celles et ceux qui ont la chance de les jouer. Pour la 31e édition de l’événement cette année, organisée à Singapour au Tanah Merah Country Club, la France fait une nouvelle fois partie des équipes en représentation, en quête d’un titre qu’elle n’a plus gagné depuis l’an 2000. À cette époque-là, Maïtena Alsuguren, Karine Icher et Virginie Auffret en composaient les rangs.
Le format en bref
36 équipes de 3 joueuses
Formule stroke play
72 trous
Cumul des deux meilleurs score de l’équipe chaque jour
Constance Fouillet est de retour
Quelque vingt-cinq années plus tard, bon nombre d’éditions ont eu lieu mais c’est bien celle de 2022 qui parle le plus au public tricolore. À Constance Fouillet également. Car elle y était. « Une des meilleures semaines de [sa] vie », qu’elle ressasse souvent en regardant les vidéos et photos qui ont immortalisé le moment. Tellement fort qu’il en a généré une déception conséquente en 2023 lorsque son nom n’a pas fait partie de la liste des sélectionnées pour Abou Dabi (deux éditions se sont succédé en un an pour placer l’événement en années impaires, ndlr). « Cette année, pour me préserver, je n’avais même pas noté l’événement dans mes objectifs. Mais je l'avais toujours dans un coin de ma tête. » Alors pour cette fois, « c’est la revanche », d’après ses mots. Pas tant sur la 11e place finale de l’équipe, mais sur elle-même. Expatriée en Californie dans les rangs de l’université de Berkeley depuis deux ans, la joueuse de 19 ans a hésité a répondre positivement à cet appel pour le bien de ses notes. « Ça a duré deux heures et puis je me suis dit : "Non mais JAMAIS je peux dire non aux Mondiaux" » retrace-t-elle dans un sourire. Ainsi, la voilà partie pour une seconde participation, égalisant Pauline-Roussin Bouchard ou Céline Boutier, entres autres, mais encore loin de certaines de ses prédécesseurs.
Constance Fouillet
Avec ce retour aux WATC (leur acronyme anglo-saxon), Constance Fouillet ne change pas tellement son approche de l’événement en comparaison de 2022, embrassant toujours sa devise « one life. » D’un point de vue hiérarchique, la Bretonne ne considère même pas son supplément d’expérience sur ses équipières comme une raison de se positionner en meneuse. « Toutes les deux ont assez de sélections avec les équipes de France pour maîtriser la chose comme il faut. »
Un groupe, une famille
Car au-delà de l’aventure individuelle sur le plan du jeu, le championnat du monde amateur par équipes a tout de collectif : dans son calcul des scores et dans le déroulé de sa semaine. Et pour la France, cette dimension solidaire est renforcée par la philosophie de la sélectionneur, Gwladys Nocera, et de son staff. Avec elle, celle qui a participé à l’édition 2002 en tant que joueuse peut compter sur Philippe Vignon (kinésithérapeute) et Véronique Smondack (capitaine) dont la maman n’est autre que la joueuse française la plus capée ! Mais aussi sur un Thomas Brégeon (préparateur physique) dont les encouragements se feront à distance. « C’est un staff soudé et le fait que ça se voit, déteint sur toute l’équipe » explique Valentine Delon, qui vivra son baptême dans l’événement. « Lorsque l’on joue pour la France, ce n’est pas toujours avec les mêmes partenaires mais on tisse vite un lien qui fait que l’on est prête à tout donner. Je suis capable de tout pour ma famille et, en équipe de France, c’est la même chose car je ne joue pas que pour moi ; je joue pour mon pays et pour un staff que j’admire. »
Complété par la troisième et dernière représentante, Sara Brentcheneff, pour qui les Mondiaux seront aussi une découverte, le trio reforme ainsi une partie de l’équipe de France Dames vice-championne d’Europe par équipes à Chantilly en juillet dernier. La dernière composante de la triplette tricolore met aussi en lumière l’un des piliers des équipes de France. « Quand je vois les Sara Brentcheneff, Alice Kong ou Louise Uma Landgraf, on se dit que les places sont chères et qu’il y a le risque de se faire rattraper. Mais en même temps ça pousse vers le haut parce qu’on veut être meilleure » analyse Constance Fouillet. « Sara est n° 1 française au classement amateur, donc forcément ça nous motive » ajoute Valentine Delon. Quelques jours après une Ryder Cup qui a prouvé que l’unité collective l’emporte sur la puissance des individualités, les ambitions peuvent être grandes.