Les responsables des filières Messieurs et Dames à la Fédération française de golf reviennent sur les récents championnats du monde amateurs à Singapour, où la France a fini respectivement 5e et 7e, et les autres temps forts de l'année 2025 pour l'élite du golf tricolore.

Quel bilan tirez-vous des championnats du monde amateurs par équipes à Singapour, où les Messieurs ont terminé 5es et les Dames 7es ?
Grégory Havret : On pensait qu'au vu des forces en présence, des classements mondiaux et de la jeunesse de notre équipe, notre place se situerait entre 5e et 10e. On espérait faire mieux, mais de l'autre côté on aurait été déçus de faire moins bien avec trois joueurs en forme dont un, Hugo Le Goff, tout près du top 50 mondial ; un autre, Oscar Couilleau, récent vainqueur d'un très gros tournoi amateur aux États-Unis ; et un troisième, Louis Anceaux, déjà très compétitif en ce début d'année universitaire avec sa fac. Les entraînements avant la compétition nous ont confortés dans nos ambitions, et on s'est pris à rêver mieux que cet objectif initial. Ça a été confirmé dans le jeu car les garçons ont très bien joué dès le début, et sont restés jusqu'au bout dans le top 5. On avait quand même en face de nous des équipes fortes et expérimentées, et si les Américains ont fait une mauvaise semaine il y avait quand même l'Afrique du Sud, l'Australie et l'Angleterre qui sont habitués à être performants dans de telles épreuves. On s'est fait dépasser sur le fil par le Mexique et on a donc fini à la 5e place, ce qui est un bon résultat compte tenu de tout ce que je viens de dire. C'est un résultat positif, sans parler de la 3e place au classement individuel d'Oscar, qui a été très solide et exemplaire du début à la fin.
Gwladys Nocera : On a fini 7es, à huit coups de la gagne, ce qui de mon point de vue est assez peu dans un classement calculé sur huit cartes au total. C'est un résultat encourageant, qui montre que l'équipe de France Dames avance dans le bon sens. On a fait un tournoi plutôt honorable, et même si on a – comme beaucoup d'équipes – le regret de ne pas avoir mis plus de putts, ça nous fait un axe de travail clair pour la suite. Cela dit, cette septième place est notre meilleure performance dans un championnat du monde depuis quinze ans, donc ça montre qu'on grappille des places et qu'on se rapproche d'une médaille. À nous de continuer à travailler pour y parvenir le plus tôt possible !
Les équipes de France ont également été compétitives dans d'autres rendez-vous internationaux en 2025 : quelles performances retenez-vous en particulier ?
G. H. : Il y a d'abord eu, fin juin au Japon, la très belle 3e place de nos jeunes lors de la Toyota Junior World Golf Cup, qui est un véritable championnat du monde par équipes pour les U18. Ensuite, on est passés un peu à côté de notre championnat d'Europe mi-juillet avec les Messieurs : après avoir terminé cinquièmes de la qualification, on s'est faits sortir au premier tour par l'Italie, future lauréate. Ça met toujours un peu de sirop dans l'eau de perdre contre la meilleure équipe du championnat, mais c'était frustrant car on menait 2-0 le matin avant de se faire manger dans les simples de l'après-midi... C'est le sport, ça arrive, et on en a tiré les leçons pour éviter que ça ne se reproduise. Ce qui est plus décevant, c'est d'avoir perdu le lendemain contre la Finlande, et même si on a fini sur une bonne note en battant l'Allemagne le dernier jour, cette 7e place n'était clairement pas le résultat escompté. En revanche, les Boys ont décroché la médaille d'argent dans leur championnat d'Europe, ce qui est une sacrée performance puisque c'était la troisième année de suite qu'ils allaient en finale.
G. N. : Pour les Dames, le championnat d'Europe a été un moment fort. On est malheureusement tombées en finale contre l'Espagne, qui avait une équipe vraiment très forte avec, me semble-t-il, deux joueuses dans le top 10 mondial. On a tout donné contre elles, et même si on était évidemment déçues de perdre en finale pour la deuxième année consécutive, on peut être fières de nous. Il faut voir le positif : deux finales d'affilée, ça montre que la France progresse et est tout près d'être la meilleure équipe européenne. Il y aussi eu plusieurs victoires individuelles des filles dans de très grands tournois : Louise Uma Landgraf a gagné les Internationaux du Portugal, Sara Brentcheneff et Alice Kong ont gagné des tournois pros du LET Access Series, Lily Reitter a gagné le British Girls, il y a eu trois succès sur des tournois de fac... Donc ça bouge bien !
Grégory Havret
Dans les deux filières dont vous avez la responsabilité, ce sont des joueurs et des joueuses très jeunes qui occupent régulièrement le devant de la scène. Quel regard portez-vous sur cette génération ?
G. H. : Entre ceux qui ont joué avec les Boys et ceux de moins de 18 ans qui ont été sélectionnés chez les Messieurs, il y a effectivement une génération porteuse d'espoirs pour le golf français. Son éclosion est due avant tout aux joueurs eux-mêmes, mais également à la politique sportive de la Fédération et notamment aux structures mises en place pour les faire progresser tels que les Centres de performance. Cela dit, il faut saluer le fait de voir ceux qui ne sont pas dans les Centres mettre les bouchées doubles à l'entraînement pour être au niveau de leurs copains, et reconnaître à travers cela la qualité des gens qui les encadrent. Pour cette génération de jeunes joueurs, tout roule aujourd'hui et on peut nourrir de grandes ambitions pour eux dans le futur, mais mon regard se tourne aussi vers les suivants, ceux qui ont 12 ou 14 ans, pour que cette dynamique se poursuive sans trou d'air.
G. N. : On a effectivement des filles qui très fortes comme Sara Bretncheneff, qui vient d'avoir 18 ans et est dans le top 40 mondial ; et des Girls comme Alice Kong et Louise Uma Landgraf qui ont deux ou trois ans de moins et sont déjà dans le top 100. Giselle Zhao s'est révélée cette saison, ce qui montre que ça arrive fort derrière. Il y a un certain nombre de jeunes filles qu'on suit attentivement, un super boulot est fait en amont avec les U12 et les U14, mais il faut laisser le temps au temps, car accéder au plus haut niveau demande beaucoup de travail, mais aussi de la patience.
Avoir eu six Français en Junior Ryder Cup, soit la moitié de l'équipe européenne, n'est-il pas finalement le fait le plus marquant de l'année ?
G. H. : C'est vrai que six sur douze, sans compter Lev Grinberg qui est pensionnaire du Centre de performance du Golf National et fait partie de la bande, c'est un sacré chiffre ! J'en ai pas mal discuté avec leur capitaine Stephen Gallacher, qui est un bon copain, et il m'a avoué être assez impressionné par ces jeunes qui sont prêts et compétitifs malgré leur jeune âge. C'est intéressant de voir, à travers une telle compétition, que les choix qu'on a fait et les choses qu'on a mises en place portent leurs fruits. Mais attention, même si c'est génial de voir que tout va bien en ce moment, que notre stratégie est validée par cette forte représentation, il faut continuer à bosser pour faire en sorte que ça ne soit pas un one-shot.
G. N. : Ce tournoi, comme la Ping Junior Solheim Cup, est un très grand objectif pour tous ces jeunes, et y participer est la récompense d'une saison réussie à l'échelle internationale. C'est génial pour eux de les voir atteindre cet objectif, et ça montre qu'ils font partie des meilleurs Européens.
Gwladys Nocera
Comme à chaque rentrée, certains jeunes sont partis faire leurs études aux États-Unis. Qu'est-ce que cela implique pour vous dans le cadre de votre mission ?
G. H. : Je vais aller voir Arthur Carlier et Aaron Van Hauwe en novembre pour entretenir le lien avec eux, mais surtout en créer un avec leurs coachs respectifs. Ce qui est sûr, c'est que la qualité de l'encadrement, des infrastructures et des compétitions qu'ils auront aux États-Unis, sans oublier l'excellence des études qu'ils vont mener, va leur permettre de devenir des joueurs et des individus encore meilleurs. C'est pour cela qu'on les pousse vers ces universités américaines. Parmi les pensionnaires des Centres de performance, quatre autres partiront l'an prochain : Oscar Couilleau, Hugo Le Goff, Callixte Alzas et Lev Grinberg, et auprès d'eux aussi mon rôle sera identique. Ils vont jouer les plus grands tournois universitaires du monde, ils vont se tirer la bourre chaque week-end, et le fait de baigner constamment dans la compétition ne peut que les aider à progresser en vue de leur objectif à moyen terme, qui est de passer professionnel à la fin de leur cursus.
G. N. : Même si Laura Nepper est la seule à être partie cet été, il y a beaucoup de Françaises un peu partout aux États-Unis. Je vais là-bas de temps en temps pour les voir évoluer en compétition, tout en échangeant régulièrement avec les coachs pour que tout le monde ait des infos. Et je m'assure aussi qu'elles continuent à travailler de la meilleure manière dans la perspective de leur objectif, qui est le passage pro. Et cette échéance commence à se rapprocher pour certaines !