Vainqueur en 2010 des Championnats du monde aux côtés de Romain Wattel et d’Alexander Levy, Johann Lopez-Lazaro vit aujourd’hui de l’enseignement qu’il exerce au golf d’Étiolles. Même si tout ça est derrière lui, il s’est livré à l’exercice de l’interview, racontant avec mesure ce qui reste à ses yeux son plus grand souvenir golfique.

Johan Lopez-Lazaro aux couleurs de la France, en Argentine, pour les Mondiaux 2010.
Johan Lopez-Lazaro aux couleurs de la France, en Argentine, pour les Mondiaux 2010. © John Mummert / USGA

Quels sont les premiers mots qui vous viennent à l’esprit lorsqu’on évoque ces Championnats du monde 2010 ?

Johann Lopez-Lazaro : « Le premier mot c’est sûrement fierté. Ensuite il y en a pleins d’autres comme équipe, copains et bonne humeur. C’était une épreuve mémorable que j’ai vécu avec deux amis et même encore aujourd’hui c’est difficile d’être lucide dans mes propos tant les championnats avaient été incroyables. Si on m’avait dit que j’allais vivre ça en tant qu’amateur avec le polo de l’équipe de France sur les épaules j’aurais signé tout de suite. Je m’attendais bien évidement à certaines choses en étant embarqué dans cette aventure mais ça a dépassé mes espérances de très loin. J’ai vraiment vécu ça comme l’aboutissement de nos saisons respectives en individuel. Un peu comme la cerise sur le gâteau. »

Vous étiez l’une des équipes favorites, comment aviez-vous abordé ces Championnats ?

J. L-L : « C’est vrai qu’à ce moment-là on était en forme, on était bien placé au classement mondial mais on savait aussi que les grosses nations du golf, comme les USA par exemple, étaient toujours dans le coup. On s’était bien préparé avec une participation l’année d’avant aux Internationaux d’Argentine. On a aussi fait une rencontre contre l’équipe d’Argentine et d’ailleurs Alex Levy avait joué incroyablement bien. Je crois qu’il avait battu Emiliano Grillo (Aujourd’hui sur le PGA Tour) en jouant une carte de -9. Je ne suis pas certain du chiffre mais peu importe, on était en forme, détendus et tout simplement affutés. Pour nous c’était certes un tournoi spécial mais on avait l’habitude de jouer des grosses épreuves. Cependant le jour-j la pression était bien là et en plus tous les points comptaient donc vraiment il fallait être à la hauteur. »

Gagner les Mondiaux était un exploit, en termes d’émotions ça doit être unique ?

J. L-L : « Oui c’est inexplicable. L’entente entre nous était parfaite, vivre ces moments en équipe c’est vraiment spécial. On sait tout que le golf est très individuel alors qu’on a la chance de prendre part à ces épreuves il ne faut pas les vivre à moitié. Je me souviens de ne pas avoir très bien joué les deux premiers jours. J’avais des soucis avec mes mises en jeu et le parcours était assez étroit mais sur le dernier tour (tournoi réduit à trois tours à cause de la météo) j’avais mieux joué et j’avais eu ce sentiment d’apporter enfin ma pierre à l’édifice. Lorsque Romain est arrivé sur le green à la fin en nous demandant ce qu’il se passait, si on avait gagné ou pas, et qu'on a crié comme des fous, ton esprit est complètement ailleurs et la joie immense prend le dessus. »

Oui c’est inexplicable. L’entente entre nous était parfaite, vivre ces moments en équipe c’est vraiment spécial.

Gagner les Mondiaux était un exploit. En termes d'émotions, ça doit être unique ?

J. L-L : « Oui c’est inexplicable. L’entente entre nous était parfaite, vivre ces moments en équipe c’est vraiment spécial. On sait tout que le golf est très individuel alors qu’on a la chance de prendre part à ces épreuves il ne faut pas les vivre à moitié. Je me souviens de ne pas avoir très bien joué les deux premiers jours. J’avais des soucis avec mes mises en jeu et le parcours était assez étroit mais sur le dernier tour (tournoi réduit à trois tours à cause de la météo) j’avais mieux joué et j’avais eu ce sentiment d’apporter enfin ma pierre à l’édifice. Lorsque Romain est arrivé sur le green à la fin en nous demandant ce qu’il se passait, si on avait gagné ou pas, et qu'on a crié comme des fous, ton esprit est complètement ailleurs et la joie immense prend le dessus. »

Est-ce qu’on peut parler de votre plus beau souvenir en tant que golfeur amateur de haut niveau ?

J. L-L : « Oui à 200%. C’est de loin mon plus beau souvenir en tant que golfeur amateur. Il y a aussi des très beaux moments en individuel mais là c’est vraiment différent. J’avoue avoir un peu de mal à parler de ça car ce n’est pas trop dans ma personnalité de raconter ma vie mais je suis tellement fier d’avoir participé à ma façon à l’histoire du golf français. Ce sont des souvenirs de golf que je n’oublierais jamais mais ce sont aussi des souvenirs avec des amis. On s’était bien marré avec le groupe entier et le staff également. Tout était bien en fait, on était dans un hôtel incroyable à Buenos Aires, on avait pu voir jouer les filles avant l’épreuve masculine. Je me souviens qu’on avait même fait des minis "conneries" en allant jouer au tennis pendant trois heures alors qu’on avait pour ordre de faire la sieste et de ne pas prendre de risque. Quand j’y repense ça me donne presque envie de recommencer. »

Vous êtes maintenant enseignant dans la région parisienne et le golf de haut niveau est derrière vous, un petit conseil à donner aux prochains représentants tricolores pour 2022 ?

J. L-L : « Tout donner, ne pas regretter et s’investir à fond. C’est une chance de pouvoir jouer les Mondiaux et en plus à la maison sur des parcours magnifiques. Certes après cette épreuve je n’ai pas décollé comme Romain et Alex mais il faut aussi prendre ces Mondiaux comme une opportunité. Aujourd’hui je suis passé de l’autre côté, je partage mais peut-être que si j’avais fonctionné différemment ça aurait pu marcher pour moi. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas voir cette épreuve comme quelque chose d’inaccessible mais plutôt comme un tremplin. »