Avec ses 18 ans tout juste soufflés en décembre et avec la nouvelle année en prévision, Mila Jurine a officiellement fermé son chapitre chez les Girls pour entrer dans la cours des Dames. Une année qui sera tronquée par une grande étape : un départ aux États-Unis.

Mila Jurine participe cette semaine à ses premiers Internationaux du Portugal, au Penina Golf Resort. © Lucas Hélin / ffgolf

Depuis plusieurs années, c’est un parcours classique pour les jeunes amateurs tricolores. Forger ses fers sur les bancs des clubs français ou des centres de performance, y trouver une faculté américaine en point d’atterrissage pour les 18 ans et, l’anniversaire venu, traverser l’Atlantique pour s’enticher du pays hôte des PGA Tour et LPGA Tour. Ce cursus d’évolution, Mila Jurine n’y a pas échappé. En août prochain, elle décollera pour la Floride et l’université de Central Florida Athletics (UCF Athletics) pour intégrer l’équipe des Knights pendant quatre ans. « C’est avant tout un choix de climat, je n’en peux plus du froid du Golf National » plaisante-t-elle. Derrière le second degré, la native de la Réunion explique aussi son choix d'une université de première division universitaire pour la qualité d’entraînement qu’elle assure. « Mine de rien en hiver, il fait rarement moins de 10°C la journée donc il n’y a pas de contrainte de parcours gelé, de taper la balle sur tapis… rien que pour les sensations, c’est un avantage. Et en tant qu’ilienne, je serai bien contente de ne plus avoir à faire de footing par -3°C ! »

Là-bas, la joueuse du RCF La Boulie aura d’abord l’occasion de placer son île de cœur sur la carte des Américains. « Ma coach pensait que c’était à côté de La Rochelle », confie-t-elle dans un sourire. Mais surtout, elle rejoindra une équipe où deux de ses futures coéquipières avoisinent le top 100 du classement mondial amateur (WAGR). Une nouveauté qui vient mettre fin à une habitude de se mesurer à ses camarades du centre que sont Aaron van Hauwe, Arthur Carlier et Tom de Herrypon, et qu’elle prisait pour se motiver. « Ça va me manquer un peu, mais je suis sûre qu’il y aura le même challenge avec les filles de l’équipe », reconnaît-elle avant de rappeler que l’opportunité de jouer aux États-Unis dans des tournois plus garnis en points lui permettra également de servir son objectif d’amélioration au ranking mondial.

UCF Athletics, une équipe en forme

Depuis le début de saison en septembre 2023, les Knights de UCF ont remporté deux tournois de la saison automnale et accroché un podium en l’espace de quatre événements.

Car maintenant qu’elle est une Dame aux yeux des équipes de France, Mila Jurine quitte un statut de cadre chez les Girls pour adopter celui de prétendante chez les plus grandes. Aux côtés d’Adela Cernousek, Justine Fournand, Vaïrana Heck, Loïs Lau et autres Constance Fouillet, elle joue désormais pour être des Bleues lors des prochains championnats d’Europe par équipes (9-13 juillet à Madrid) sous les ordres de la sélectionneuse Gwladys Nocera. « Maintenant, je suis parmi les moins bien classées des Dames donc j’ai davantage de preuves à faire. Mais j’essaie de ne pas trop y penser par rapport à la sélection car c’est un objectif de fin », avance celle qui se classe au 581e rang planétaire.

Une demi-saison de dengue

Pour y arriver, la joueuse de 18 ans a donc une demi-saison européenne à achever avec, en ouverture, des Internationaux du Portugal Dames qui se déroulent en ce moment même en Algarve. Une grande première pour elle, qui n’a jamais enregistré de résultat dans cette épreuve presque incontournable puisqu’elle lance le calendrier amateur européen. « En 2021, j’étais en lice mais je n’ai pas pu terminer le tournoi car j’ai eu la dengue (infection virale transmise par les moustiques, NDLR). Et puis en 2022, il y avait une vague de Covid qui circulait et ça m’est tombé dessus le jour du départ. Le tournoi ne voulait pas de moi en fait ! Mais maintenant que ça ne se joue plus au Montado Golf Resort, ça devrait aller. »

Derrière cet événement, 11 autres tournois suivront jusqu’à son départ outre-Atlantique ; six mois durant lesquels elle devra boucler ses demandes de visa, compléter son dossier universitaire, obtenir un baccalauréat qui talonne le British Women’s Amateur et s’entraîner en parallèle pour quitter la France sur de bonnes performances. « Ça va être costaud mais ça va le faire », se rassure-t-elle. Bien inspirée en 2023 par les prouesses de Céline Boutier, la lauréate du championnat de France par équipes et celui d’Europe des clubs l’an passé avec le RCF La Boulie sait qu’elle devra travailler davantage pour satisfaire ses envies. « C’est ce qui ressort le plus quand on voit le documentaire sur Boutier. C’est beaucoup de travail mais en même temps c’est toujours comme ça au golf, ce n’est jamais simple. » Mais là réside aussi toute la saveur de ce sport, surtout quand les efforts payent.

À voir aussi