En proie à des résultats contrastés depuis six mois, David Ravetto, revenu pour l’occasion sur le Challenge Tour alors qu’il possède un droit de jeu sur le DP World Tour, voit son horizon s’éclaircir après cette victoire au Dimension Data Pro-Am.

Premier tournoi de la saison sur le Challenge Tour 2024, première victoire pour David Ravetto ! © Johan Rynners / Getty Images - AFP

En transit ce lundi à Johannesburg avant de rejoindre après 4 heures de vol Nairobi où il prend le départ cette semaine du Magical Kenya Open sur le DP World Tour, David Ravetto est revenu sur sa victoire sur le Challenge Tour en Afrique du Sud, la première chez les pros. L’année 2024 démarre plutôt bien pour le Racingman !

Qu’est-ce que cette victoire change fondamentalement pour vous en 2024 ?
À très court terme, cela va me permettre de disputer les deux tournois du DP World Tour en Afrique du Sud qui arrivent bientôt (le SDC Championship du 29 février au 3 mars et le Jonsson Workwear Open du 7 au 10 mars, ndlr). Je vais en effet pouvoir bénéficier de la catégorie de vainqueur sur le Sunshine Tour (le circuit sud-africain, qui co-sanctionne les quatre premiers tournois de la saison sur le Challenge Tour). Je n’aurais pas pu les jouer avec ma seule catégorie 18 des Cartes européennes. C’est donc plutôt une bonne nouvelle. Et puis ce succès m’amène un peu plus de confiance dans mon jeu de golf. Les six derniers mois n’ont pas été faciles, il faut bien l’avouer. Il y a eu beaucoup d’irrégularités dans mes résultats. C’est donc cool de constater que le travail entrepris cet hiver paye déjà. Cela m’a également permis de marquer beaucoup de points sur le Challenge Tour (il pointe pour l'instant à la 3e place de la Road to Mallorca). Si jamais je constate en cours d’année que, malheureusement, pour x raison, je ne parviens pas à marquer des points sur le DP World Tour, cela pourrait me permettre de bifurquer sur le Challenge Tour pour aller glaner ma carte sur le Tour en fin de saison.

Justement, cette victoire n’est-elle pas un piège potentiel ? On imagine que cela ne va pas être facile pour vous de jongler entre le DP World Tour et le Challenge Tour. Cela peut-il être dangereux, ou pas du tout ?
Si ce n’est pas bien abordé, ça peut être effectivement dangereux. Il y a l’exemple typique de Wilco Nienaber il y a deux ans, qui avait fini 21e de la Road, qui avait remporté lui aussi le Dimension Data Pro-Am 2021 et qui avait été tout près d’accrocher sa carte sur le Tour. Je n’ai pas envie de faire la même erreur. De toute façon, avant cette victoire, je m’étais fixé une limite jusqu’au Volvo Car Scandinavian Mixed (6-9 juin), en Suède. Et de faire le point par rapport à mes résultats. Mon plan ne va pas changer. Ce sera toujours pareil. Si je réussis à prendre des points suffisants, je resterai sur le DP World Tour.

Quel va être votre programme après les deux rendez-vous en Afrique du Sud ?
J’irai en Inde (28-31 mars). Pour Singapour (21-24 mars), ça semble plus compliqué car je suis pour le moment 20e réserve. Il va, je pense, me manquer entre cinq et dix spots… Avant de revenir en Europe, ce sera un peu le même cas toutes les semaines. À part si je fais un top 5 sur les derniers tournois, ou si j’en gagne un, soyons fou, il y a très peu de chances que je rentre à Singapour.

Comment pouvez-vous expliquer qu’en une semaine seulement on passe d’un Qatar Masters très difficile sur le Tour européen avec deux cartes de 78 et 77 à une victoire aussi probante sur les trois parcours du Fancourt Golf Estate ? C’est la magie du golf ?
Je ne sais pas si on peut parler de magie… C’est l’histoire du jeu de golf. On peut perdre son swing du jour au lendemain et le retrouver aussi rapidement… Non, il n’y a pas vraiment d’explication. J’ai juste fait un très bon travail mental avant le tournoi avec Makis Chamalidis. La semaine au Qatar, il y avait trop d’attente car je savais que je n’aurais pas trop d’opportunités avant le retour du Tour en Europe. J’ai trop voulu jouer un golf parfait et je pense que je me suis embrouillé le cerveau. Il fallait plutôt revenir aux basiques, de plus se recentrer sur soi, de ne pas faire un golf spectaculaire mais plutôt efficace. Faire avec les armes du jour et surtout ne pas forcer les birdies… Et avec un peu de réussite, ça s’est finalement bien goupillé. Je suis très content de cette semaine en Afrique du Sud. Le putting a été très solide, j’ai su aussi faire le dos rond quand il le fallait et ça a marché.

Cette victoire s’est-elle selon vous dessinée le samedi sur The Links, le parcours le plus difficile des trois au programme de la semaine ?
Non, car les autres jours, c’était aussi très dur. Ils avaient placé des drapeaux injouables, et l’après-midi, avec le vent, les greens étaient très fermes… Cela a très bien joué le dimanche de façon générale… En fait, rien n’a été acquis jusqu’au dernier trou. Jusqu’à ce coup de wedge sur le green du 18 dimanche, pour moi, rien n’était fait. J’étais à fond dans ma bulle. Avant le départ du 18, je ne savais pas où j’en étais. Je n’avais toujours pas regardé le leaderboard. L’objectif de la semaine, c’était de voir ce qui allait arriver, faire mon job sans être influencé par le leaderboard. Et j’ai bien fait car je ne pensais pas que Sam Hutsby (deuxième à deux coups du Français) soit aussi près de moi lorsque j’étais à -15.

Vous attendiez-vous à signer une telle victoire aussi tôt dans la saison ?
(Il réfléchit) Je pensais que j’avais le niveau pour y parvenir. Après, je sortais d’une période de six mois où je me suis mis une pression énorme alors que j’étais en bonne position pour garder la carte sur le Tour. Malheureusement, j’en ai un peu perdu mon golf. Après les PQ3, les résultats ont été un peu en dents de scie… Mais est-ce que j’attendais la victoire dès cette semaine ? Non, même si je savais que j’en étais capable. Je savais que si je faisais une bonne semaine de golf, j’avais cette opportunité de gagner. Ce n’est pas une surprise mais je ne m’y attendais pas non plus. On va dire qu’on est entre les deux (rires).

Vous avez évoqué juste après votre victoire l’aspect mental de cette victoire. Cela a-t-il été la clé ?
Pour atteindre mes objectifs de faire partie des meilleurs mondiaux, il y a évidemment des secteurs où je dois m’améliorer, c’est évident. Mais le secteur où j’ai, selon moi, la plus grande marge de progression, c’est le mental. Être plus régulier, être plus constant… Comme les grands joueurs. C’est là que je dois gagner en maturité, qu’il y ait moins de variations dans mes émotions, dans mon état d’esprit, et du coup, au final, dans mon swing de golf.

Bref, plus question désormais de repasser pour la troisième fois consécutive par la finale des Cartes en novembre en Espagne…
(Rires) Je vais essayer de ne pas reproduire l’expression « jamais deux sans trois ». Non, je n’ai pas du tout envie de revivre cela, c’est vrai. C’est tellement éprouvant nerveusement. Et puis ce serait, d'une certaine façon, un peu un échec professionnel. Surtout avec une victoire sur le Challenge Tour dès le troisième tournoi de la saison… Cela voudrait dire aussi que je n’aurais pas bien fait le job pour ne pas avoir la catégorie 10 en fin d’année. Justement, je pense que j’en ai le niveau.