Après 2018 et 2019, le Bordelais s’est de nouveau extirpé le 16 mai dernier des terribles qualifications de la zone européenne de l’U.S. Open disputées en Angleterre. Il revient sur cet « exploit » et évoque ses envies d’évoluer bientôt sur le PGA Tour…

C'est à l'U.S. Open 2018 que Matthieu Pavon a réalisé sa meilleure performance en Majeur. © Yong Teck Lim / Getty Images Asiapac - AFP

C’est votre troisième qualification pour l’U.S. Open via ces 36 trous à Walton Heath. Est-ce la plus belle ?
Non, car la plus belle, c’est toujours la première. C’est la première fois que tu réussis une qualif’, c’est la première fois que tu vas jouer aux États-Unis sur un tournoi Majeur. Celle-ci compte énormément pour moi, c’est d’ailleurs pour cela qu’elle était à mon calendrier 2023, mais la plus belle demeure quand même la première.

Était-ce alors la plus difficile, sachant qu’il n’y avait que sept places en jeu cette année ?
Oui, clairement. Surtout si l’on se fie aux statistiques : 90 joueurs, 7 spots seulement. Les précédentes années, on était plutôt entre dix et douze places il me semble (Ndlr, la pandémie avait contraint à l’annulation des éditions 2020, 2021 et 2022). Donc, oui, c’était la plus dure. Mais c’est clairement une épreuve qui me réussit bien.

Los Angeles, nous voilà !!!

Justement, quelle est la qualité indispensable requise pour sortir de ce « marathon » sur 36 trous ?
Le seul but du jeu est de construire une journée de façon à ce que lors des neuf derniers trous de ce marathon, j’ai encore une chance de me qualifier. Ce n’est pas une prise de risque débile en début de partie sur le premier 18 trous… Non, c’est prendre son temps, être patient, prendre un maximum de greens, essayer de se mettre souvent en position, essayer aussi d’optimiser les par 5 car il y a vraiment des choses à faire là-bas sur les deux parcours de Walton Heath.

Comment vit-on ces moments entre la signature de la carte et la confirmation de la qualification ? N’est-ce pas ce laps de temps qui est finalement le plus dur mentalement ?
Malheureusement, je concède mon seul et unique bogey sur mon 36e et dernier trou. L’adrénaline a peut-être joué aussi à ce moment-là. Ce bogey a mis un peu de stress car je sais que ça peut me coûter une qualification. Je me suis néanmoins assez rapidement détendu car j’ai constaté qu’au pire des cas, il y aurait un play-off avec une voire deux places seulement en tant que réserviste. En étant première réserve sur ce site à Walton Heath, on a malgré tout d’énormes chances de rentrer à l’U.S. Open à l’arrivée. Si au début de ma journée, on m’avait dit que j’aurais une chance de me qualifier en play-off, j’aurais signé tout de suite.

Que savez-vous du Los Angeles Country club qui accueillera dans quatre semaines le 123e U.S. Open de l’histoire ?
Je n’en sais absolument rien… Je ne connais pas Los Angeles ! J’avais disputé l’U.S. Open 2019 à Pebble Beach (Californie), qui se trouve sur la même côte Ouest, mais ce sera une grande première. J’ai découvert en 2023 de nouveaux pays comme le Japon, la Corée du Sud, de nouvelles villes… Ce sera de nouveau le cas avec cet U.S. Open, sur un nouveau parcours, une autre ville. Ce sera assez excitant.

C’est à l’U.S. Open 2018 que vous avez signé pour l’instant votre meilleur résultat en Majeur, en terminant 25e. Quels souvenirs conservez-vous de Shinnecock Hills ?
C’était génial. J’étais quasiment leader après 18 trous. Derrière, il y a la panique durant le deuxième tour pour tenter de passer le cut et ensuite, il y a un super week-end. Je partage la partie de dimanche avec Bill Haas, quelqu’un de super sympa. J’avais joué un golf d’enfer ce jour-là. Je n’ai que des souvenirs positifs de Shinnecock !

C’est sûrement le test le plus dur de l’année. On a eu la chance de jouer dernièrement des parcours assez difficiles. Je pense par exemple à l’open d’Italie qui est un vrai monstre en termes de préparation.

L’U.S. Open, c’est aussi et surtout des parcours très sélectifs que l’on ne rencontre que très rarement sur le Tour européen… Vous confirmez ?
Oui, tout à fait. C’est sûrement le test le plus dur de l’année. On a eu la chance de jouer dernièrement des parcours assez difficiles. Je pense par exemple à l’open d’Italie qui est un vrai monstre en termes de préparation. On était sur des set-up vraiment similaires. Les gens vont peut-être rigoler quand ils vont lire ça, mais les greens du Golf du Médoc lors du Championnat de France professionnel MCA sont ceux que l’on rencontre en Majeur. Des greens très fermes et très rapides. Au Japon et en Corée, on a aussi joué des parcours où ça ne s’est pas gagné très bas. Des tracés assez challenging. Bref, on est sur ce point dans une dynamique de parcours très compétitifs. Cela va être cool de pouvoir encore se mesurer à ce genre de monstre...

Cette qualification va-t-elle sensiblement modifier votre calendrier ?
Pas vraiment. Je devais disputer le Scandinavian Mixed (8-11 juin) mais du coup, je partirai aux États-Unis en avance pour préparer cet U.S. Open. On verra selon les résultats car je n’avais pas prévu de m’engager au BMW International Open la semaine suivant l’U.S. Open. Je ne sais pas encore. C’est un tournoi qui m’avait réussi en revenant de Pebble Beach. Après un test aussi difficile, jouer un parcours qui se défend un peu moins, des fois, ce n’est pas plus mal… J’avais fini 10e à Munich (Allemagne) cette année-là. Je vais en discuter avec mon staff et on avisera tous ensemble.

Je l’ai dans un coin de ma tête. C’est mon rêve de jouer sur le PGA Tour, je ne le cache pas.

L’objectif final en 2023, ce sont toujours ces dix spots en jeu pour évoluer en 2024 sur le PGA Tour ?
Bien sûr. Je l’ai dans un coin de ma tête. C’est mon rêve de jouer sur le PGA Tour, je ne le cache pas. Après, l’année dernière, j’ai terminé 40e de la Race to Dubai, ce qui constitue mon meilleur résultat. Je pense bien travailler, je suis un garçon sérieux… Il n’y a pas de raison que dans les années qui arrivent, il ne se passe pas de super choses.

Vous serez d’ailleurs encore aux États-Unis sur au moins un des deux tournois co-sanctionnés avec le PGA Tour au mois de juillet…
Oui, sûrement. Ceci dit, je vais aussi prendre part aux qualifications pour l’open britannique (Ndlr, le 4 juillet sur quatre sites différents). Si je suis qualifié, je n’irai pas aux États-Unis. Dans le cas contraire, j’irai bien sûr au Barracuda Championship (20-23 juillet) car, encore une fois, mon rêve c’est les États-Unis. C’est une chance d’avoir un tournoi là-bas, une chance de pouvoir gagner sur le PGA Tour… Je ne vais donc pas m’en priver !