Le match octagonal de cette semaine restera comme un marqueur de temps pour la filière Girls. Il annonce le grand retour de sa sélectionneuse après une opération difficile, ainsi que les premières fondations d’un renouveau dans le développement de cette équipe de France.

Sèche-cheveux ou pas, nos Girls ont la grinta à Costa Ballena. © Real Federación Española de Golf

Le match international octogonal Dames aura une saveur toute particulière en Espagne. Il signera d’abord la première sélection officielle de certaines des joueuses appelées pour représenter le drapeau tricolore ; mais il honorera surtout le retour tant attendu de la sélectionneuse des Girls, Marine Monnet-Melocco. Un événement anodin, en apparence. Mais voilà sept mois que l’ancienne joueuse professionnelle, passée sur le LET et le LPGA Tour se tenait à distance du groupe France. Pas épargnée par les rafistolages, elle est d’abord opérée en décembre 2022 d’une hanche qui l’a contrainte à une première pause au début de l’année suivante. Rapidement, sa mobilité revient mais au mois de mai, c’est une nouvelle gêne qui apparaît dans la jambe gauche jusqu’à, parfois, empêcher toute réponse de son pied. Le symptôme inquiète les médecins qui la suivent et après une IRM de la moelle épinière, le verdict tombe : une excroissance osseuse a causé un début de lésion sur celle-ci.

Le passage sur le billard est de nouveau imposé au Centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle de Kerpape (Morbihan). Il est surtout urgent. Ce 26 juin 2023, alors que la sélectionneuse aurait dû annoncer à ses Girls leur sélection pour le championnat d’Europe par équipes organisé à Hossegor, elle subit à la place une arthrodèse - un blocage de vertèbres entre elles - rendue célèbre dans le milieu du golf par un certain Tiger Woods. « En fait, j’ai des cales au niveau des cervicales », vulgarise l’intéressée. Une opération menée par celui qu’elle considère comme son nouveau « dieu vivant », le docteur Vincent Detaille, spécialiste en médecine physique et réadaptation et bien connu du milieu sportif pour être, entre autres, le « doc’ » officiel de l’équipe de France féminine de football. « Il m’a surtout sauvée parce que c’est lui qui m’a fait faire les examens qui ont permis de déceler le problème », exprime-t-elle non sans gratitude.

Reconstruction personnelle et restructuration collective

Malgré une absence légitime au rendez-vous le plus important de cette année-là, Marine Monnet-Melocco reste investie dans le tournoi. Chaque jour, son suppléant Nicolas Subrin et sa capitaine Amélie Fourel l’appellent en visio pour débriefer des performances de leurs ouailles. « Ça a été une survie pour moi », reconnaît-elle. Galvanisée par sa mission, soutenue par son mari, ses trois enfants, les équipes de la ffgolf et celles du centre de Kerpape, l’ancienne joueuse fait vite preuve d’une force mentale qui lui permet d’attaquer la rééducation dès le mois d’octobre. Sans pour autant quitter sa fonction de sélectionneuse. Un nouveau quotidien qui lui rappelle celui qu’elle vivait entre 2000 et 2005 sur le Ladies European Tour. Ses matinées sont consacrées à sa rééducation, feu sa préparation physique, de 8 h 30 à 13 h quand ses après-midi tournent autour de l’organisation de la saison 2024, entre définition des objectifs et gestion du calendrier. « J’ai vraiment l’impression de préparer un Majeur, plaisante-t-elle. Mais je suis contente parce que je reprends un rythme normal de travail. »

En effet, la revoilà aux commandes à l’occasion du match international octogonal Dames en Espagne. Malgré son appellation, le tournoi voit la totalité des nations aligner des joueuses de catégorie Girls, « un bon test » selon la chef tricolore qui en a fait de même avec son groupe élargi à huit athlètes. Le contingent français en déplacement révèle d’ailleurs un nouvel axe de développement de la filière Girls qui mise beaucoup sur les joueuses les plus jeunes. Côté encadrement, la sélectionneur garde donc Nicolas Subrin à ses côtés pour sa connaissance des joueuses et sa position de référent U16 de la fédération ; une belle opportunité pour elle de construire un groupe en vue des prochains championnats d’Europe par équipes et pour lui de préparer au mieux les potentielles participantes à l’European Young Masters dont le technicien a décroché le titre l’été dernier.

Nouvelle capitaine en vue

Après le départ d'Amélie Fourel faute de temps à consacrer à une responsabilité très chronophage, Marion Ricordeau devient la nouvelle capitaine de l’équipe de France Girls. « C’est une nana qui est habitée par le golf, elle a des étoiles dans les yeux quand elle parle des équipes de France, c’est tout ce que j’aime », s’est réjouie la sélectionneuse.

Dans cette lignée, on voit ainsi quelques têtes bien connues des U16 et U14 faire leur apparition à l’instar de Sara Brentcheneff, Lily Reitter ou Céleste Bobo-Lloret, et d’autres un peu moins familières comme celle de Margaux Brejo, vainqueur du Grand Prix de Toulouse-Seilh en mai dernier. « Il y a des joueuses qu’on ne connaît pas beaucoup mais qui ont gagné des épreuves dans leurs catégories. Lily Reitter, Céleste Bobo-Lloret, Kirra Saint-Laurent ou Margaux Brejo sont des exemples. Et elles peuvent prétendre à une place. L’idée est de voir s’il y a une différence de niveau avec les plus grandes, de voir comment elles se comportent », détaille la coach principale tout en assurant qu’elle a formé un groupe capable d’aller chercher un bon résultat cette semaine. « Même si ce ne sont pas toujours des grandes épreuves qu’elles ont remporté, je veux développer cette culture de la gagne, avance-t-elle en guise de conclusion. Je pars du principe que plus il y a de victoires individuelles, plus elles seront habituées et plus il y aura de chance de créer un groupe fort. »

Les joueuses du match octogonal

Le groupe Girls pour cette semaine : Céleste Bobo-Lloret, Margaux Brejo, Sara Brentcheneff, Camille Min Gaultier, Laura Nepper, Marie-Élodie Prats-Rigual, Lily Reitter et Kirra Saint-Laurent.