L’actuelle 8e joueuse mondiale prend le départ cette semaine à Houston (Texas) de son… 30e Majeur. Une raison toute trouvée de s’attarder sur certains de ses exploits dans ces tournois pas comme les autres, de l’U.S. Women's Open 2019 à l'AIG Women's Open 2022 à Muirfield...

Céline Boutier au départ de son 30e Majeur cette semaine à Houston © Kevin C. Cox / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AF

On ne le sait peut-être pas assez mais Céline Boutier, aujourd’hui âgée de 29 ans, a disputé sept tournois Majeurs en tant qu’amateur. Certes, ses résultats durant cette période s’échelonnant de 2013 à 2015 n’ont guère été couronnés de succès (cinq cuts manqués), mais on peut néanmoins signaler que pour son premier test en Grand Chelem, la Francilienne alors étudiante à l’université de Duke (Caroline du Nord) a réussi à franchir le cut du Ricoh Women’s British Open 2013 organisé à St Andrews (victoire de l’Américaine Stacy Lewis), prenant la 56e place finale avec trois cartes dans le par (72) et un score de +9.

L’année suivante, après un premier échec à l’U.S. Women's Open, elle parvient à s’offrir un excellent top 30 à l’Evian Championship (29e) avec un score total de +3 et un dernier tour bouclé en 68 (-3). C’est sa seule et unique journée achevée sous le par en dix-huit tours joués en Majeur entre 2013 et 2015 comprenant deux U.S. Open, deux British, deux Evian et un ANA Inspiration (ex-Kraft Nabisco).

Sacrée n° 1 mondiale amateur à la fin de 2014, la jeune Française décide de passer professionnelle en 2016 et renoue avec les Majeurs en 2018 après être passée par le Symetra Tour (aujourd’hui Epson Tour), la deuxième division U.S., où elle s’impose à deux reprises. Si elle finit 69e à Évian, elle n’arrive pas à passer le cut au KPMG Women's PGA Championship ni à l'open britannique. Son bilan alors que 2018 s’achève reste alors encore très mitigé : dix Majeurs joués, trois cuts franchis et une 29e place comme valeur étalon. Mais la donne va rapidement changer.

Après un nouveau cut manqué en avril à Rancho Mirage (Californie) pour l’ANA Inspiration, Céline Boutier crée la sensation en se retrouvant le 1er juin 2019 en tête de l’U.S. Open (à Charleston en Caroline du Sud) après 54 trous, ex æquo à -7 avec la Chinoise Liu Yu caddeyée par le Français Axel Bettan. Mais un double bogey et un bogey le dimanche après seulement trois trous plombent son tableau de marche jusque là sans faille (67, 70, 69). Malgré une belle réaction avec notamment deux birdies aux trous 5 et 6, la Française coachée par Cameron McCormick, l’entraîneur de Jordan Spieth, rend un lourd 75 (+4) et doit se contenter de la 5e place, à trois coups derrière la lauréate, la Sud-Coréenne Jeongeun Lee6. « J’ai tellement gaspillé de coups dans ce dernier tour que j’ai ce sentiment d’avoir donné cet U.S. Open », soufflera-t-elle quelques jours plus tard à nos confrères du Figaro Golf.

2019, un virage important…

Victorieuse en février de son premier tournoi sur le LPGA Tour (Ndlr, en Australie, au Vic Open), Céline Boutier confirme que cette année 2019 est un véritable tournant dans sa carrière pro. Après l’U.S. Open en juin, la voilà encore dans « le coup » à l'AIG Women’s British Open, du côté de Woburn (Angleterre). Quatorzième le samedi soir par la faute d’une carte au-dessus du par (73, +1), elle contre-attaque le lendemain avec un 66 (-6) sans erreur qui la propulse à la sixième place à -12, à six points de la Japonaise Hinako Shibuno, 20 ans, victorieuse pour son premier tournoi hors du Japon. « Ce fut une super journée avec un jeu très solide du driving au putting, résume-t-elle. J’ai eu beaucoup d’opportunités de birdies tout au long de la partie. Après la journée très frustrante de samedi, ça fait du bien de terminer fort sur le dernier Majeur de l’année ! » 

La pandémie liée au Covid-19 va par la suite fortement bouleverser le calendrier golfique mondial en 2020, The Open ouvrant inhabituellement la saison après que l’Evian Championship a été annulé. L’U.S. Open est même programmé au début du mois de décembre à Houston. Et à huis clos. Le retour à la vie « normale » s’effectue petit à petit l’année suivante, même si les restrictions en termes de spectateurs demeurent encore importantes.

Avoir réussi à me sortir ça de la tête pour aller chercher cette place, c’est super positif.

C’est cependant une Céline Boutier en confiance qui débarque à la mi-juin à Atlanta (Géorgie) pour le KPMG Women’s PGA Championship. Moins de deux semaines auparavant, la Française a ainsi pris la 5e place du LPGA Mediheal Championship en claquant notamment un énorme 64 (-8) le dernier jour. Elle réédite cet exploit à l’issue du 2e tour du 3e Majeur de la saison, prenant la 3e place à -7, à trois et quatre coups des Américaines Lizette Salas et Nelly Korda. Elle reste encore sur le podium le lendemain après un solide 69 (-3), à cinq longueurs du duo de tête inchangé. Hélas, un ultime 75 (+3) l’oblige à reculer au 7e rang, à -7 total.

« C’est difficile de terminer sur une journée comme celle-là, commente-t-elle en conférence de presse. Mais si on regarde la semaine dans son ensemble, je suis tout de même contente de décrocher un top 10 dans un Majeur. En début de semaine, je n’étais pas du tout à l’aise avec mon swing et mon long jeu. Donc, avoir réussi à me sortir ça de la tête pour aller chercher cette place, c’est super positif. »

Aucun tour au-dessus du par. Une première !

Le statut de la joueuse domiciliée à Dallas (Texas) a bien évolué, aidé en cela par un second succès sur le LPGA Tour le 3 octobre 2021 au ShopRite LPGA Classic. Son début de saison 2022 le prouve avec ses deux 4es places en Floride au mois de janvier. De bonnes sensations qui se concrétisent dès le premier Majeur rebaptisé Chevron Championship (ex-ANA Inspiration). Sur le mythique tracé Dinah Shore, Boutier prend la 4e place à -10 en n’ayant jamais joué au-dessus du par (70, 69, 72, 67). Une première pour elle en Grand Chelem. C’est aussi son meilleur résultat depuis ses débuts en Majeur à l’été 2013 !

« Cela a été une super semaine, souligne-t-elle à la sortie du recording. J’ai le sentiment d’avoir été vraiment solide du début à la fin. Pouvoir finir au dernier tour avec un 67 (-5), ça fait beaucoup de bien. J’ai très bien tapé et je me suis donnée beaucoup d’opportunités. C’était génial d’avoir autant de chances de birdies. »

Les Majeurs sont des rendez-vous très spéciaux pour moi. J’ai toujours envie de bien y figurer. Et j’ai hâte déjà d’être à l’année prochaine pour avoir une autre chance.

34e à l’U.S. Open au début du mois de juin, elle n’arrive pas à franchir le cut au PGA Championship, ni à Évian où elle échoue d’un rien (72, 71). L’air vivifiant de l’Écosse semble toutefois lui sied à merveille puisqu’après avoir accroché la 2e place du Scottish Open avec un score total canon de -18, Céline Boutier enchaîne parfaitement du côté de Muirfield pour l’AIG Women’s Open. Malgré un parcours piégeux et le vent, omniprésent. Son 67 (-4) le dimanche après un difficile 74 (+3) la veille lui offre un deuxième top 10 en Majeur après le Chevron Championship : 7e à -5.

« C’est bien de finir comme ça dans un Majeur, analyse-t-elle auprès de nos confrères de Golf Planète. Mon jeu a été solide du jeudi au dimanche. Jouer avec autant de vent, ce n’est pas toujours facile. Mentalement, j’ai été bien. Je suis restée patiente, je ne me suis pas mis trop de pression, surtout quand je me suis retrouvée dans des situations délicates, quand j’ai raté des coups, quand j’ai fait des bogeys. C’est donc positif. J’avoue que ce fut frustrant pour moi de manquer ces cuts au PGA Championship puis à Évian. Surtout à Évian… Mais les Majeurs, ça ne se joue pas à grand-chose. Ce sont des conditions de jeu difficiles. Parfois, le jeu est de notre côté, parfois, ce n’est pas le cas. Ce sont des rendez-vous très spéciaux pour moi. J’ai toujours envie de bien y figurer. Et j’ai hâte déjà d’être à l’année prochaine pour avoir une autre chance. »

Cela tombe bien, ça recommence ce jeudi au Chevron Championship désormais délocalisé à Houston (Texas). Sur un parcours signé… Jack Nicklaus !

Tous les Majeurs, tous les tours joués par Céline Boutier

Ricoh Women’s British Open 2013 : 56e. +9 (72, 72, 81, 72)*

U.S. Women's Open 2014 : Cut (77, 76 = +13)*

Evian Championship 2014 : 29e. +3 (71, 72, 76, 68)*

ANA Inspiration 2015 : Cut (81, 75 = +12)*

U.S. Women's Open 2015 : Cut (76, 73 = +9)*

Ricoh Women’s British Open 2015 : Cut (76, 76 = +8)*

Evian Championship 2015 : Cut (78, 80 = +16)*

KPMG Women’s PGA Championship 2018 : Cut (75, 76 = +7)

Ricoh Women’s British Open 2018 : Cut (81, 75 = +12)

Evian Championship 2018 : 69e. +10 (70, 75, 74, 75)

ANA Inspiration 2019 : Cut (77, 75 = +8)

U.S. Women's Open 2019 : 5e. -3 (67, 70, 69, 75)

KPMG Women’s PGA Championship 2019 : 53e. +6 (73, 76, 71, 74)

Evian Championship 2019 : 67e. +8 (71, 72, 78, 71)

AIG Women’s British Open 2019 : 6e. -12 (71, 66, 73, 66)

AIG Women’s Open 2020 : Cut (81, 71 = +10)

ANA Inspiration 2020 : 44e. +1 (75, 71, 71, 72)

KPMG Women’s PGA Championship 2020 : 37e. +7 (74, 71, 71, 71)

U.S. Women's Open 2020 : Cut (73, 73 = +4)

ANA Inspiration 2021 : 50e. Par (75, 69, 72, 72)

U.S. Women's Open 2021 : 35e. +10 (72, 74, 70, 78)

KPMG Women’s PGA Championship 2021 : 7e. -7 (73, 64, 69, 75)

Evian Championship 2021 : 29e. -5 (69, 72, 68, 70)

AIG Women’s Open 2021 : Cut (72, 75 = +3)

Chevron Championship 2022 : 4e. -10 (70, 69, 72, 67)

U.S. Women's Open 2022 : 34e. +6 (71, 71, 73, 75)

KPMG Women’s PGA Championship 2022 : Cut (73, 77 = +6)

Amundi Evian Championship 2022 : Cut (71, 72 = +1)

AIG Women’s Open 2022 : 7e. -5 (68, 70, 74, 67)

* Amateur