Vainqueur étourdissante de l'Amundi Evian Championship, Céline Boutier a brillé par sa maîtrise totale des évènements dans un tournoi où l’enjeu et la pression auraient pu la rattraper.
L’Amundi Evian Championship n’a certainement jamais vu autant de gambettes fouler ses allées que ce dimanche. Derrière les cordes du premier trou (un par 4 de plus de 360 mètres), la foule s’étire quasiment du tee au green au moment où Céline Boutier s’apprête à lancer son dernier tour. Un mur de visages et de téléphones portables braqués sur elle. « Allez Céline, c’est ta journée ! » et autres encouragements bien sentis l’avaient déjà accompagnée du putting green au départ. De quoi mettre les nerfs à rude épreuve au moment d’entamer la partie la plus importante de sa vie ? Seule en tête du Majeur dont elle a toujours rêvé, la numéro 1 française semble pourtant immunisée. Pas insensible non, mais armée pour assumer cette pression. Sereine.
Le parcours dans l’œil
À vrai dire, cette attitude ne l’a pas quittée depuis le début de la semaine. En parfaite maîtrise de son golf, celle à qui certains spectateurs grincheux réclament parfois plus de sourires, reste fidèle à ses habitudes. Concentrée à l’extrême sur le parcours, plus détendue quand les longues minutes d’attente au départ de certains par 3 lui permettent de déconnecter. La Céline que les habitués des tournois connaissent finalement, mais pour la première fois vraiment à l’aise sur le parcours d’Évian. Driving et jeu de fer aiguisés, petit jeu renversant chaque fois que le danger pointe, la joueuse de 29 ans n’a jamais semblé aussi forte. Son 66 (-5) du premier jour est un signal. Les deux tours suivants ; 69 (-2) vendredi et surtout 67 (-4) signé sous la pluie du moving day ; une confirmation. Boutier a trouvé la clé sur ce parcours qui lui résistait (29e au mieux en 2014 et 2021).
Une sérénité contagieuse
Reste à bien gérer la pression en dehors du parcours. Le public ? Salué d’un sourire et d’un petit signe de main à chaque acclamation. Les sollicitations ? Assumées même quand il s’agit d’enchaîner les selfies en fin de partie. Les médias ? Patiemment abreuvés de réponses dès la sortie du recording. La 15e joueuse mondiale reste même tranquille, sereine mais prudente quand il s’agit de se projeter sur une hypothétique victoire.Les journalistes français justement, présents lors des plus beaux succès tricolores comme lors des plus cruelles désillusions, semblent eux aussi emportés par cet élan de confiance. La pointe d’anxiété, fréquente lorsque nos meilleurs ambassadeurs jouent les premiers rôles dans les grands rendez-vous, cède la place à une étrange certitude. « Elle va le faire ! » Dès vendredi soir pour certains, assurément samedi pour la plupart. Quelques-uns ont d’ailleurs reporté leur retour, persuadés d’assister à un évènement historique pour le golf français. D’autres négocient dès samedi des places de choix dans les publications à venir lundi matin. Oui, il va se passer quelque chose de grand dans le golf, préparez-vous !
En maîtrise de bout en bout
Pas étonnant dès lors de voir cette vague de confiance se poursuivre ce dimanche. Céline surfe dessus en début de partie (trois birdies sur les cinq premiers trous) et la propage au public qui la voit déjà gagnante à trois heures du terme. Jamais le moindre coup de chaud, jamais vraiment de danger. La concurrence est loin et le swing ne tremble pas. Sous la casquette, les yeux se ferment parfois, comme si la joueuse s’autorisait quelques instants de méditation pour se détacher de l’enjeu. Mais sitôt le club en main, c’est comme si elle disputait une partie de « reco ». Pas de frisson et la plus grande application. Jusqu’à continuer à s’abreuver et se nourrir sur le fairway du 18 alors que le tournoi ne peut plus lui échapper. Une maîtrise parfaite de bout en bout, pour un triomphe total.