Rafael Bobo-Lloret, un espoir sérieux et appliqué

Au Golf de Fontainebleau, cette tradition printanière est aussi immuable que la chasse aux œufs : chaque année, lors du week-end de Pâques, l'élite des amateurs français part chasser les birdies dans l'une des épreuves historiques du golf amateur hexagonal. Certes, la pandémie de Covid a quelque peu bouleversé les habitudes du club bellifontain, repoussant sa compétition phare aux premiers jours de l'été en 2021 puis à la fin du mois d'avril l'an dernier et cette année, mais l'essence de la coupe Frayssineau-Mouchy est restée la même. Un tournoi historique, un champ de joueurs de premier ordre et un parcours d'exception font de ce Grand Prix le Masters amateur français. « C'est une semaine fantastique : le parcours est top et les greens fabuleux, et à jouer c'est incroyable. En tant que jeune, c'est vraiment génial de pouvoir prendre part à une telle épreuve », s'enthousiasme Rafael Bobo-Lloret, l'un des 132 engagés dans cette édition 2023 lancée ce vendredi matin.

Le jeune homme, 16 ans, y participe pour la deuxième fois, douze mois après une probante 8e place à quatre coups du vainqueur, Diego Lourenço. Avec un statut nouveau de joueur à surveiller, au regard de son évolution récente et des bons résultats enregistrés en France et en Europe, dont une victoire de prestige à la coupe Yves Caillol, le Grand Prix d'Aix-Marseille, en septembre dernier. Mais de là à clamer qu'il vise la victoire cette semaine, il y a un pas que Rafael ne franchit pas : « Avec mon coach, on se fixe des objectifs par paliers. On veut d'abord que je fasse mes preuves dans ma catégorie d'âge, donc gagner des tournois en U16 et en Boys », indique-t-il prudemment.

Y aller pas à pas, certes, mais à un rythme élevé toutefois : voilà la trajectoire suivie par Rafael depuis une paire d'années. Initié au maniement des clubs à l'âge de cinq ans par son père sur les tapis du Golf de la Bastide de la Salette, le natif de Marseille le 12 avril 2007 a très vite accroché avec le jeu, et très vite progressé. Jusqu'à envisager de s'y consacrer pleinement : « Durant ma première année U14, j'avais fait 3e du championnat de France, ce qui était vraiment un bon résultat. À partir de ce moment-là, j'ai commencé à vraiment prendre le golf au sérieux », indique-t-il. En 2021, Rafael est rentré au Centre de performance de Terre Blanche, où l'a depuis rejoint sa petite sœur Céleste, qui figure parmi les meilleures U14 actuelles du pays. Là, en plus des cours, il travaille désormais son golf sous tous les coutures. « C'est très structuré. On n'a pas vraiment de vie extérieure, mais il faut bien faire des sacrifices pour devenir des golfeurs de haut niveau. Avant, c'était compliqué de en même temps la technique, le physique, la stratégie, le mental ; donc c'est vraiment top d'y être. Et depuis que j'y suis, c'est devenu une évidence : le golf, c'est ce que je veux faire », explique le protégé de Jason Belot, l'un des entraîneurs nationaux rattaché au centre varois.

Désormais licencié à Cannes-Mougins où il a trouvé une équipe taillée pour jouer les premiers rôles dans les grandes compétitions de clubs nationales, et des partenaires d'entraînement tels que Romain Langasque, Tom Vaillant et Martin Couvra, Rafael ambitionne aussi de cimenter sa place en équipe de France. Sélectionné chez les Messieurs lors du Match octogonal fin janvier en Espagne, et chez les Boys le week-end dernier pour le Quadrangulaire, il a savouré les deux expériences. Et, à chaque fois, répondu présent : « J'avais déjà fait des sélections en U14 et U16, donc j'étais prêt pour donner le meilleur de moi-même », explique-t-il. Prêt, comme il l'est ce week-end pour la Frayssineau-Mouchy, qui au-delà de son prestige fait partie des tournois comptant pour le Circuit national, qui récompensera les trois premiers par des invitations sur des tournois professionnels de l'Hexagone. Prêt, enfin, en vue des championnats d'Europe Boys cet été en Suisse, un de ses grands objectifs de la saison. « À moi de dérouler ce que je sais faire, jouer mon jeu, et la sélection en découlera si je le fais bien », conclut-il avec sagesse.