En manque total de résultats depuis la perte de sa carte fin 2018 sur le DP World Tour, Grégory Bourdy amorce un retour au plus haut niveau suite à sa 39e place aux PQ3. Il bénéficiera ainsi d’un droit de jeu plein sur le Challenge Tour 2024. Une véritable bouffée d’oxygène pour le quadra.

Grégory Bourdy échoue à deux coups seulement d'un retour sur le DP World Tour © Octavio Passos / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP

Grégory Bourdy est passé tout près. À deux coups, plus précisément, d’un top 25 qui lui aurait permis, à l’issue de la finale des Cartes européennes, de récupérer un droit de jeu sur le DP World Tour. Un circuit qu’il a occupé sans interruption durant quinze ans, avant d’être rétrogradé à la fin de l’année 2018.

À 41 ans, le Bordelais n’a toutefois pas tout perdu. En finissant 39e des PQ3 ce 15 novembre à Tarragone (Espagne) sans avoir joué le moindre tour au-dessus du par, il a obtenu une full exemption sur le Challenge Tour 2024. Une catégorie 8 qui lui permet d’élaborer à sa guise son calendrier pour la saison à venir. Un vrai luxe quand on sait que sa catégorie 16 ne lui ouvrait jusque-là que très peu de portes…

« Tout se met en place depuis un an et demi maintenant, explique-t-il sereinement. Le jeu revient très bien. Je n’ai pas été loin d’atteindre le but que je m’étais fixé, c’est-à-dire un droit de jeu au plus haut niveau. C’est à la fois très frustrant et très encourageant puisque cette catégorie pleine sur le Challenge Tour va me permettre de planifier mon calendrier comme je le souhaite. Et c’est le plus important. Cela fait deux ans que ce n’est pas agréable du tout. Quémander des invitations à droite et à gauche, ce n’est jamais simple. D’autant que les invitations sont plus difficiles à obtenir sur le Challenge Tour que sur le DP World Tour. »

Victorieux à quatre reprises sur le Tour européen entre 2007 et 2013, cette amorce de retour est pour lui une véritable renaissance. Et tant pis s’il soufflera ses 42 bougies le 23 avril prochain : Grégory Bourdy ne s’est jamais senti aussi jeune.

« Oui, on peut parler de renaissance, confirme-t-il. Je sens que les tours s’enchaînent avec des scores sous le par très souvent. Tout est relancé. Ses sensations, je les ai eues un peu l’an passé, par moments. J’ai perçu ce niveau de jeu sur pas mal de tournois. Tout cela est monté crescendo… Cet été, j’ai été à deux doigts de faire de très belles choses sur le Challenge Tour, avant que ça redevienne un peu compliqué avec peu d’accès aux compétitions en raison de ma catégorie. Je suis arrivé néanmoins en pleine confiance aux Cartes. J’ai fini 10e aux PQ2 et je suis à deux coups du top 25 aux PQ3. Malgré mon expérience, malgré la pression omniprésente pendant ces dix tours (quatre aux PQ2, six aux PQ3), je jouais ma vie et quelque part ma carrière. Malgré tout ça, mon jeu a répondu présent. C’est donc très positif. Je me refais plaisir sur un parcours. Cela fait du bien ! »

Olivier Léglise, son coach de toujours, est admiratif du travail accompli par son fidèle élève. Il ne l’a ainsi jamais vu baisser les bras, même dans les moments difficiles, même pendant la pandémie liée au Covid qui a clairement freiné son retour aux affaires.

Pendant trois-quatre ans, ça a été dur. Très dur. Ce fut psychologiquement très compliqué…

« À aucun moment, je ne l’ai vu s’éloigner de ses objectifs de revenir au plus haut niveau, analyse celui que l’on surnomme « The Church » dans le milieu. À aucun moment il ne s’est dit : "c’est fini !" Alors bien sûr, il a douté de sa capacité à revenir. Mais je n’ai pas vu de changement dans l’intensité qu’il sait mettre dans ses entraînements. C’est un garçon qui est capable de beaucoup travailler et de mettre en même temps de l’intensité. C’est important parce qu’il est capable de se mettre une journée entière dans une attitude mentale qui se rapproche de celle qu’il va vivre en compétition. Il ne veut pas lâcher, il n’abandonne pas. Et ça, c’est remarquable ! »

À l’image d’un Matteo Manassero ou d’un Marcel Siem, qui ont tous deux connu le fond de l’abîme avant de rebondir récemment, Grégory Bourdy admet volontiers que 2024 peut coïncider avec le début d’une nouvelle carrière. « Je le vois un peu comme ça, en effet, juge-t-il. Pendant trois, quatre ans, ça a été dur. Très dur. Ce fut psychologiquement très compliqué… Des concours de circonstances, des mauvais choix, tout s’enchaîne dans le mauvais sens… Cet hiver, j’ai pris les choses en mains. J’ai expatrié la famille au Maroc assez souvent. J’ai senti que c’était nécessaire que je mette ça en place. Je n’avais pas pu le faire pendant la période Covid. Je ne pouvais pas espérer grand-chose puisque que je ne pouvais pas optimiser les entraînements compte tenu de la météo qui n’était pas toujours favorable… À Marrakech, au club de Samanah, c’était vraiment très bénéfique. »

Camp de base à Samanah

Alors qu’il poursuit sa préparation physique avec un autre fidèle, Guillaume Chaubron, Grégory Bourdy entend retrouver le Maroc dans la première quinzaine de janvier afin de mettre toutes les chances de son côté. « Je vais y passer plusieurs semaines, précise-t-il. J’ai créé des liens avec le domaine de Tam qui m’héberge juste à côté de Samanah. J’ai un partenariat avec eux, cela permet de s’entraîner dans de très bonnes conditions. Et puis le fait de reprendre depuis deux ans avec Guillaume, ça m’a fait du bien psychologiquement. C’est tout un ensemble qui m’a permis de me sentir bien dans et en dehors des parcours. Cette confiance de mes coaches et le fait de rien lâcher, cela a joué. On est sur une belle dynamique et c’est sympa de voir que les résultats payent. »

En possession d’une catégorie 21 sur le DP World Tour, il pourrait aussi effectuer quelques apparitions à l’étage supérieur, comme peut-être à la mi-décembre à l’AfrAsia Bank Mauritius Open où il est question qu’il récupère une invitation. Mais à aucun moment il n'envisage de jouer sur les deux tableaux. L’objectif sera le Challenge Tour et ce top 20 qualificatif pour le DP World Tour 2025.

Moi, c’est le top 20 du Challenge Tour. Rien d’autre.

« Il y a en effet cette possibilité, souligne-t-il. Si ça passe, tant mieux, sinon, on se préparera début janvier, même si je continue à travailler physiquement. Si j’ai des opportunités et que cela ne vient pas empiéter sur mon programme sur le Challenge Tour, je le ferai. Mais il est hors de question de courir deux objectifs à la fois. Ce n’est pas possible. Moi, c’est le top 20 du Challenge Tour. Rien d’autre. »

« Il faut qu’il aborde cette saison avec sérénité, conclut Olivier Léglise. Finir dans les 20 premiers, l’objectif est là. Il doit aussi être capable de continuer à jouer au sens premier du terme, à prendre du plaisir à jouer au golf. Mais avec une immense motivation à chaque fois, coup après coup. Le Challenge Tour, entre quand il y était il y a 15 ans et aujourd’hui, ça n’a plus rien à voir. Ce n’est plus le même niveau. Aujourd’hui, le niveau du Challenge Tour, c’est celui qu’il a connu quand il était sur le Tour européen. Les joueurs ont entre 20 et 25 ans, ils tapent la balle jusqu’à 280 mètres. Ils ont été formés à la notion de performance, ils sont plus agressifs dans leur jeu de golf. Les scores sont très bas. Greg a en face de lui un vrai challenge… »

Ce défi débutera selon toute vraisemblance au Cap (8-11 février), faisant ainsi l’impasse sur le SDC Open (1er-4 février) avant d’enchaîner avec les deux autres tournois sud-africains prévus à George (15-18 février) et à Port Elizabeth (22-25 février). En attendant la suite d’un calendrier qui n’est toujours pas acté mais qui devrait, comme l’an passé, rebondir à la fin du mois de mars…