Assuré de grimper sur le DP World Tour, Félix Mory entend boucler avec panache son année sur l’HotelPlanner Tour. Finir dans le top 5 final de la Road to Mallorca lui permettrait aussi de s’assurer un « meilleur statut » à l’étage supérieur.
Vous prenez part à votre 5e finale consécutive sur l’HotelPlanner. Celle-ci est-elle différente des précédentes ?
Oui car cette fois, je suis sûr de finir dans les 20 premiers de la Road to Mallorca. Elle est donc un peu plus relax on va dire… Mais je vais toutefois la jouer comme les autres (Ndlr, 26e en 2021 et 2022, 34e en 2023 et 14e en 2024) et faire de mon mieux. J’aimerais ainsi terminer le plus haut possible. Il y a cette semaine deux fois plus de points qu’un tournoi normal, deux fois plus d’argent en jeu aussi… Et c’est la semaine la plus importante de l’année même si on finit premier, dixième ou vingt-cinquième. Bref, il y a encore du boulot.
Un top 5 final de la Road pourrait également vous permettre d’entrer plus facilement dans les gros tournois du DP World Tour la saison prochaine…
Oui, c’est vrai. Cela peut faire la différence, notamment sur des tournois estampillés Rolex Series ou sur les grands rendez-vous de fin de saison. Un garçon comme Benjamin Hébert (Ndlr, 13e de la Road to Mallorca 2024) a été le dernier à ne pas rentrer en Corée du Sud la semaine passée et il aurait pu, peut-être, faire sa carte. Mais c’est vrai que ce top 5 peut jouer sur quelques gros tournois. On va faire du mieux possible pour se donner les meilleures chances. Je vais en tout cas essayer de réaliser la plus belle semaine possible. Et puis on verra à la fin.
Ce qui est indéniable, c’est que vous êtes dans une très belle dynamique après avoir pris la 3e place au Hainan Open puis la 7e place au Hangzhou Open, deux des plus gros tournois de la fin de saison sur l’HotelPlanner Tour. Cela vous permet-il d’arriver plus sûr de vous à Majorque ?
Pas forcément. Je sais que je joue bien en ce moment. Les parcours ne sont pas les mêmes, l’herbe est différente. Cette semaine aux Baléares, on va avoir du vent, avec parfois un bon 30 km/h en rafales. Cela soufflera un peu. Je n’ai pas disputé une finale du Challenge Tour (désormais HotelPlanner Tour) sans vent. Donc, bon… Mais on le sait, le golf, c’est plein de surprises. On ne contrôle pas tout.
Justement, comment vous sentez-vous sur ce sublime parcours du Club de golf Alcanada ?
Je le connais bien. La grosse difficulté, ce sont les greens. Cela roule très vite. Il y a un peu de grain et c’est très pentu. Ce sera important de se placer du bon côté des trous, de se caler des chips en montée car il y a des putts ou des chips qui peuvent aller très vite. L’aller est un peu plus compliqué que le retour, il faut être un peu meilleur du tee alors que le retour est plus ouvert. On score mieux en général sur les neuf derniers trous que sur les neuf premiers.
Quel bilan faites-vous de votre saison sachant que vous l’avez emporté en Suisse le 8 juin dernier tout en signant trois tops 10 et deux tops 15 ?
J’ai fait aussi quelques tops 20 et tops 25… Mais au-delà de ma victoire en Suisse, et jusqu’en Chine début octobre, j’ai fait beaucoup de bonnes semaines sans vraiment finir comme je le voulais. En Suède, je suis en tête après deux tours mais je ne fais pas un bon week-end. Aux Pays-Bas, j’étais bien après 54 trous mais je ne fais pas un bon dimanche… Ce n’est pas de la frustration mais je sentais que j’en avais encore sous le pied. Je ne finissais pas mes tournois comme je le souhaitais et puis en Chine, on ne sait pas vraiment pourquoi, ça s’est inversé. On joue mieux le week-end et on signe de bonnes places. C’est arrivé un peu tard dans l’année mais du moment que ça arrive, c’est l’essentiel. C’est beau que je fasse la carte comme ça, sur des tournois qui comptent. Cela me prouve que je peux réaliser de bonnes semaines sous pression. Car en fin de saison, on pense tous au classement et à ces tournois en Chine où il y a plus de points en jeu. Il peut se passer beaucoup de choses au classement.
Quelle différence pouvez-vous faire entre le Félix Mory de 2024 et celui de 2025 ?
Franchement, il n’y a pas d’énormes différences. L’an passé, je rate pour 30 points mon droit de jeu pour le DP World Tour. Au dernier tournoi en Chine, je rate un putt de deux mètres sur mon dernier trou pour faire la carte. Une saison, ça se joue à des petits détails. Mais je me sens cette année un peu plus mature. Je pense que je me sens meilleur dans les moments un peu plus difficiles sur le parcours. J’accepte peut-être un peu plus ce qui m’arrive. Je réagis un peu moins à des mauvais coups, à des erreurs de stratégie… C’est, je pense, la grosse différence avec 2024.
31 ans, c’est le bon âge pour arriver sur le DP World Tour ?
(Il rit) Je ne sais pas… Je ne sais pas s’il y a un bon âge pour débarquer sur le Tour européen… Ugo Coussaud avait le même âge quand il est monté et il se débrouille plutôt très bien depuis sur le Tour !
Comment appréhendez-vous ce grand changement dans votre vie de golfeur professionnel ?
Tout ce qui est nouveau, il va falloir s’y habituer. Quand je suis passé pro en jouant une année sur le Pro Golf Tour, c’était l’inconnu, on ne sait pas à quoi s’attendre. Même chose pour le Challenge Tour. Sur le premier tournoi, je n’avais pas l’impression d’avoir forcément ma place. Car on côtoie des joueurs qui ont plus d’expérience, qui sont plus professionnels… Et petit à petit, on s’habitue, tout devient normal. Le DP World Tour, forcément, ça va être un peu pareil mais peut-être à plus grande échelle. Mais ce n’est que du positif. Chaque étape nous fait grandir, nous fait évoluer. Une chose est sûre, je suis impatient d’y être. De voir d’autres parcours, de croiser d’autres joueurs. Je suis intrigué à l’idée de savoir ce que c’est (rires).
L’exemple de Martin Couvra, arrivé cette année sur le Tour via le Challenge Tour 2024 et à la lutte pour se retrouver sur le PGA Tour en 2026, constitue-t-il un exemple à suivre pour vous ?
C’est toujours bien de voir des garçons qu’on a côtoyés sur l’HotelPlanner Tour, qu’on connait bien, performer au plus haut niveau. Après, on est tous différents. Chacun a son histoire. Il y a des gars qui montent et qui redescendent aussitôt derrière, des John Parry qui remontent à 37 ans et qui sont près de jouer sur le PGA Tour, d’autres qui jouent très bien tout de suite… En tout cas, je ne le vois pas comme un sujet de motivation supplémentaire. Cela démontre que les joueurs qui viennent de l’HotelPlanner Tour sont prêts et prouvent quelque part la force de ce circuit. On peut donc être fier de cela.
2025, c’est en tout cas la bonne année pour monter car fin 2026, il n’y aura plus que 15 places en jeu pour l’année suivante…
Oui, et seulement le top 100 gardera sa carte pour 2027 sur le Tour européen. Quoiqu’il arrive, il faut être bon. Il faut bien jouer. Mais c’est vrai aussi que c’est plus facile de monter avec 20 spots qu’avec 15.
Vous êtes-vous déjà un peu projeté sur cette saison 2025-26 sur le DP World Tour ?
Pas du tout !
Serez-vous en Australie pour l’ouverture de la saison à la fin du mois de novembre ?
C’est le premier point d’interrogation. Pour l’instant, je suis plutôt pour ne pas aller là-bas. Mais je ne suis pas encore 100 % décidé. J’aurais bien voulu aller à Leopard Creek pour le Dunhill Championship (11-14 décembre) mais on joue cette année à Johannesburg.
Savez-vous au moins combien de tournois vous allez jouer sur le DP World Tour ?
Cette année, je m’étais dit que je ferai des enchaînements de quatre semaines et au final, je me suis retrouvé à faire un enchaînement de sept semaines en fin de saison… Je pense que le calendrier du Tour est un peu mieux « organisé » que celui de l’HotelPlanner Tour. On a un peu plus de pauses naturelles mais essayer de jouer le plus possible, ce n’est pas forcément la meilleure stratégie. Pourtant, je suis quelqu’un qui joue beaucoup (Ndlr, 26 tournois joués avant la finale de Majorque). Je vais essayer de faire quelque chose qui aura du sens.