Vainqueur pour la troisième fois en trois ans sur le DP World Tour, Antoine Rozner lance parfaitement sa saison 2023. Un exercice qu’il espère riche en émotions, avec en point de mire une performance dans un grand tournoi du Tour européen, sans oublier une place dans le top dix de la Race en fin d’année, ce qui lui permettrait de s’envoler vers le PGA Tour.

La victoire, moment magique pour tout golfeur... © Stuart Franklin / Getty Images Europe - AFP

À peine deux heures après avoir posé les pieds sur le sol français, Antoine Rozner nous a accordé un peu de son temps. Sa victoire à l’AfrAsia Mauritius Open le week-end passé, ses prestations souvent remarquées dans cette île de l’océan Indien, sa frustration à la finale de la Race le mois dernier, son programme à venir mais aussi ses ambitions pour 2023, le Racingman nous dit tout. En toute décontraction…

Est-ce la plus belle de vos trois victoires sur le DP World Tour ?
(Il réfléchit) Je ne sais pas… C’est dur à dire. Je crois que toutes les victoires sont magnifiques. Pour l’instant, je n’ai pas de préférence. Ces victoires (Ndlr, Golf in Dubai Championship le 5 décembre 2020, Qatar Masters le 14 mars 2021, AfrAsia Mauritius Bank Open le 18 décembre 2022) sont toutes différentes. Celle de dimanche, elle est venue à un moment vraiment particulier. Sur le dernier tournoi de l’année calendaire, juste avant les fêtes. Cela avait donc une saveur un peu particulière…

Vous avez déclaré avoir joué « le feu » la semaine passée à Maurice. Se sent-on quelque part invincible quand tout semble vous réussir sur un parcours de golf ?
Invincible, non, car ça reste un tournoi de golf et il peut se passer tellement de choses, des catastrophes, des hauts et des bas. Maintenant, l’importance, lorsque l’on se sent bien dans une semaine, c’est justement de saisir ses opportunités. Et c’est ce que j’ai très bien fait. J’ai eu par moment un peu de réussite, j’ai eu des gros putts qui sont tombés… Tout s’est très bien goupillé… L’attitude a été excellente durant quatre jours. Bref, j’ai saisi ma chance !

Ce succès vient-il aussi couronner une fin d’année plutôt solide, avec notamment cette 4e place au Dunhill Links et ce top 10 (8e) au Portugal au mois d’octobre dernier ?
Oui, complètement ! Avant le début de l’AfrAsia Mauritius Bank Open, je disais qu’il ne me manquait qu’une victoire pour que la saison 2022 soit fantastique. Bon, ce succès arrive sur l’exercice 2023, mais juste quelques semaines après… C’est clair que ma deuxième moitié de saison a été très satisfaisante. J’ai été hyper régulier, j’ai très bien joué avec des résultats plutôt solides. C’est un vrai couronnement. Comme m’a dit mon caddie, Patxi, c’était vraiment mérité.

J’ai plein de bons souvenirs à l’île Maurice. Je me sens bien là-bas. On peut décompresser après une partie, on déconnecte complètement du golf.

Battu en play-off en 2019 sur le parcours de l’Heritage Golf Club, vainqueur en 2022 au Mont Choisy… L’île Maurice semble être un endroit qui vous porte bonheur…
Effectivement. J’ai plein de bons souvenirs à l’île Maurice. C’est là-bas que j’ai disputé mon tout premier tournoi professionnel. C’était à Anahita. Un tournoi en alliance. C’est aussi à Maurice que je joue mon tout premier tournoi sur le Tour européen (encore à Anahita, en décembre 2018). Et c’est aussi là-bas que j’ai eu ma toute première expérience de me retrouver en tête d’un tournoi du Tour européen (en 2019 à l’Heritage). Et la semaine passée, je gagne. Je me sens bien là-bas. On peut décompresser après une partie, on déconnecte complètement du golf. Je me sens à l’aise, je suis frais les matins… Je pense que ça me réussit plutôt bien.

Connaissiez-vous le parcours de Mont Choisy avant de prendre part à cet AfrAsia 2022 ?
Non, pas du tout. Le parcours me convenait vraiment bien. C’était assez franc du départ, il y avait beaucoup de vent. Des conditions dans lesquelles je me sens bien. Je fais beaucoup de balles basses dans mon grand jeu. Cela m’a avantagé quelque part. Et puis il fallait être aussi précis sur les attaques de greens. Non, franchement, c’est un tracé qui m’allait bien. Je me suis senti à l’aise très vite, et je suis resté offensif du début à la fin…

Gagner si tôt dans une saison qui n’a démarré que le 24 novembre dernier, était-ce l’un de vos objectifs de vous rassurer assez rapidement ?
Non… Pas forcément. Les gros tournois avec des gros points distribués commencent en janvier à Abou Dhabi. Je venais à Maurice pour d’abord marquer quelques points et je n’avais pas en tête de gagner. Mais maintenant que c’est fait, c’est vrai que ça facilite pas mal de choses pour la saison. Je vais peut-être pouvoir choisir mes tournois et élaborer plus facilement un calendrier, en tout cas pour la première moitié de la saison… Et puis c’est vrai qu’il y a désormais ce fameux top 10 de la Race qui va permettre d’évoluer sur le PGA Tour en 2024… C’est donc une très belle opération, je me mets aux avant-postes du ranking dès le début de saison. C’est tout bénéf' ! Je ne pouvais pas rêver mieux…

La fin de saison a été frustrante car ce n’était pas significatif de ma deuxième moitié de saison et de mon niveau de jeu. J’étais effectivement frustré.

La Hero Cup (ex-Seve Trophy) programmé du 13 au 15 janvier, vous y pensez plus que jamais désormais, non ?
Oui… Je pense qu’ils vont se décider rapidement pour annoncer le dernier joueur convoqué. Dans les jours voire les heures qui viennent. Je serai vraiment heureux de prendre part à cet événement. Ils feront leur choix et je le respecterai, quoi qu’il arrive.

Quel objectif vous êtes-vous fixé pour 2023, au-delà de ce top 10 en fin d’année qui vous propulserait sur le PGA Tour ?
J’ai vraiment envie de réaliser des perf’ sur des gros tournois, des Rolex Series ou un Majeur. Sur ce dernier point, il va déjà falloir que je me qualifie pour un Majeur (rires)… Mais oui, c’est un de mes objectifs pour 2023. Chose que je n’ai pas réussi à faire depuis mes débuts chez les pros. J’ai très envie de faire un « pète » dans un gros tournoi. Je pense que cela pourrait me faire franchir une belle étape dans ma carrière.

Justement, on vous avait senti très frustré lors de la dernière finale de la Race dans les Emirats où vous n’aviez pas réussi à rivaliser avec les meilleurs dans un gros tournoi du Tour…

Tout à fait. La fin de saison a été frustrante car ce n’était pas significatif de ma deuxième moitié de saison et de mon niveau de jeu. J’étais effectivement frustré. J’espérais mieux (Ndlr, il a terminé 34e du DP World Tour Championship remporté par l’Espagnol Jon Rahm). J’avais envie de me qualifier pour le British (en finissant dans le top 30 de la Race), je n’y suis pas arrivé… C’est pour cela que briller dans un gros tournoi me tient particulièrement à cœur.

Essayer de prendre la carte du PGA Tour et ensuite viser le top 50 mondial est peut-être plus jouable. Plus abordable.

Le top 50 mondial avant le Masters, est-ce complètement hors d’atteinte ou est-ce là, quelque part, dans un coin de votre tête ?
La route est encore très longue. Avec le nouveau système de comptage des points mondiaux, c’est encore plus compliqué. Je ne pense pas que ce soit un objectif aujourd’hui, en tout cas pour cette saison, de rentrer dans le top 50. En demeurant sur le DP World Tour, c’est quasiment mission impossible. Essayer de prendre la carte du PGA Tour et ensuite viser le top 50 est peut-être plus jouable. Plus abordable.

Quel va être maintenant votre programme pour les prochaines semaines ?
Je vais prendre un peu de repos. Dès la rentrée en janvier, ce sera la reprise de l’entraînement. Je vais aller voir Benoît (Ducoulombier) dans le Sud de la France. Je partirai ensuite à Dubaï le 8 janvier pour me préparer afin d’être prêt pour Abou Dhabi (19-22 janvier). On verra s’il n’y a pas la Hero Cup auparavant. Je serai aussi au Dubai Desert Classic (26-29 janvier). En revanche, je n’irai pas à Ras Al Khaimah (2-5 février). A priori, j’enchaînerai après avec Singapour (9-12 février) et la Thaïlande (16-19 février).