Ce mercredi 16 novembre paraît chez Talent Sport « Ma vie sur les greens », l'autobiographie de Grégory Havret. Le triple vainqueur sur le Tour européen, pro depuis près de 25 ans, explique les raisons qui l'ont conduit à se lancer dans un tel projet.

Le Rochelais fêtera ses 46 ans le 25 novembre. © Warren Little / Getty Images Europe - AFP

D'où vous est venue l'idée d'écrire votre autobiographie ?
Ce n'était pas mon idée à la base, mais celle d'un journaliste qui s'appelle Antoine Grynbaum. C'est lui qui m'a incité à mettre noir sur blanc ce que j'avais dans la tête, mon expérience, mes idées, tout ce que j'ai pu vivre depuis que j'ai commencé le golf. Il m'a dit que ça pouvait être riche et intéressant, parce que j'avais connu des hauts et des bas, et il trouvait sympa d'exposer tout ça afin que les gens comprennent ce qu'est la vie d'un golfeur professionnel, ce qui se passe dans la tête d'un joueur qui a vécu aussi bien des moments exceptionnels que difficiles. On s'est lancés là-dedans il y a bientôt un an, donc ça a pris un peu de temps.

© Talent Sport

Avez-vous hésité à vous lancer dans cette aventure ?
Au début, je n'étais pas forcément très chaud. Je n'ai pas été trop long à convaincre, mais il a quand même fallu qu'il me travaille au corps, car je ne voyais pas trop qui pourrait être intéressé par mon histoire. Mais par sa manière de me parler et de procéder, il m'a fait changer d'avis. C'est le cheminement, le pèlerinage qui a achevé de me convaincre, car ça s'est révélé être une sorte d'introspection très enrichissante. J'ai tiré beaucoup de réponses, dans le sens où j'ai compris pas mal de choses sur moi-même au fil de l'écriture. Il y a certains passages qui n'auraient pas pu être là si je n'avais pas commencé à cheminer avec lui. Et en y repensant, j'ai compris qu'à chaque fois qu'il se passait telle ou telle chose j'étais performant, et à d'autres moments l'inverse. C'était assez étonnant.

Vous êtes, à notre connaissance, le premier golfeur français à publier un tel témoignage...
Effectivement, et c'est un peu avec cet argument qu'Antoine m'a convaincu de le faire. Les gens connaissent les 65 qu'ils voient à la télé avec des chips rentrés et des drives au milieu du fairway, mais ils n'ont pas idée de ce qui se passe le soir en dehors du parcours, les bons moments et les mauvais, tous les à-côtés de la vie sur le Tour, les amis et les gens avec qui on s'entend moins bien... Dans le bouquin, je ne règle de comptes avec personne, mais c'est cette facette de la vie de golfeur qu'Antoine a voulu explorer, pour que les gens comprennent à quoi ressemble notre vie qui est formidable mais qui n'est pas toujours simple à gérer, loin de là, notamment au niveau de l'équilibre familial.

Je raconte comment j'ai découvert et aimé le golf, et comment l'amour pour ce sport a été un moteur primordial dans ma vie.

Que racontez-vous dans ce livre ?
Je raconte comment j'ai découvert et aimé le golf, et comment l'amour pour ce sport a été un moteur primordial dans ma vie. J'évoque ce qui aurait pu faire que ma carrière évolue différemment ou franchisse certains paliers. Je parle de ce qui a été le plus important pour moi dans toutes ces années, ce qui a été déterminant dans mon évolution. Notamment les personnes qui m'ont aidé à me construire en tant que golfeur : Anne Le Coniat, ma première coach quand j'étais à Bussy ; Benoît Ducoulombier, qui est encore aujourd'hui mon entraîneur, et Jos Vanstiphout qui a été mon préparateur mental pendant des années (et qui est décédé en 2013, ndlr). Il y a des choses dans ce livre que je n'aurais sans doute pas évoquées il y a dix ou quinze ans. C'est un mélange de tout ça, et évidemment en parcourant mon enfance, ma jeunesse, mes débuts pro et le reste de ma carrière sur le Tour.

On imagine que l'U.S. Open de 2010 occupe une part importante de cette autobiographie...
Plein d'anecdotes sont là, évidemment. Je pense qu'il y a deux ou trois choses que même les gens qui me connaissent bien ne savent pas forcément, comme mon expérience avec Severiano Ballesteros qui était assez incroyable, ma participation au Masters, mon rôle à la Ryder Cup 2018, les Majeurs que j'ai joués... Je parle bien sûr de mes parties avec Mickelson en Écosse et Woods à Pebble Beach, et Antoine est allé chercher beaucoup, beaucoup de choses sur cet U.S. Open 2010, qui font qu'il y a dans ce bouquin plein de détails que peu de gens connaissent.

Avec le compère Raphaël Jacquelin, ici lors du British Open 2012. © Peter Muhly / AFP

À titre personnel, êtes-vous friand d'autobiographies de sportifs ?
C'est un genre qui me plaît, oui. J'ai du mal à m'introduire dans les romans, mais les biographies, les témoignages concrets, ça m'aide à me plonger dans la lecture. J'ai beaucoup aimé celle sur Tiger Woods, j'en ai lu une sur Michael Jordan aussi, et j'aime bien comprendre la façon dont des grands sportifs ont mis en place des choses qui leur ont permis de gagner par la suite. Je ne me compare pas à eux bien sûr, mais encore une fois c'est le cheminement qui est intéressant.

La sortie de cette autobiographie signifie-t-elle que votre carrière est terminée (rires) ?
J'étais aux cartes européennes cette semaine, donc je ne vais pas dire que ce bouquin montre que ma carrière est finie ! Il y a deux ans, j'aurais sans doute dit que le jour où je jouerais moins bien, je poserai les clubs et je ne penserais même pas au circuit senior. Aujourd'hui, pour en avoir pas mal parlé avec Raphaël Jacquelin – qui est d'ailleurs un fil conducteur dans mon livre, car on est très proches – je commence à être pas mal tenté par le PGA Tour Champions. J'ai donc l'intention de rester en forme et performant, d'une manière ou d'une autre, pour être bien à 50 ans et tenter l'aventure américaine chez les seniors. Depuis quelques temps, Raph a réussi à bien me chauffer et j'avoue que ça commence à être concret dans ma tête. Donc il y aura peut-être un deuxième tome dans quelques années (rires) !