La très jeune carrière professionnelle de Martin Couvra, 22 ans seulement, peut basculer cette semaine à Dubaï lors de la finale de la Race. Si un top 5 lui assurerait le ticket pour le PGA Tour en 2026, un top 10 pourrait peut-être suffire.

Martin Couvra est à 72 trous de découvrir le PGA Tour après seulement une année passée sur le DP World Tour. © Luke Walker / Getty Images - AFP

Après Matthieu Pavon en 2023 et Antoine Rozner en 2024, Martin Couvra sera-t-il le troisième golfeur français à valider son ticket pour le PGA Tour alors qu’il ne fait pas partie des dix « qualifiés » à l’orée du dernier tournoi au calendrier 2024-25 du DP World Tour, regroupant les 50 meilleurs joueurs de la saison ?

Il y a deux ans, Pavon occupait la 20e place de la Race to Dubai. Grâce à quatre cartes de 67, 69, 68 et 67 – dont quatre birdies sur ses quatre derniers trous le dimanche – le Bordelais avait réussi l’exploit de prendre la cinquième place du DP World Tour Championship. Et de finir 15e de cette même Race, se qualifiant avec Victor Perez, déjà assuré de franchir lui aussi l’Atlantique.

L’an passé, Rozner était 23e de la Race au moment de s’élancer sur le Earth Course du Jumeirah Golf Estates. Pour lui, la mission semblait claire. Un top 3 final et il s’offrait le grand saut vers le plus relevé des circuits professionnels. Pari tenu après 72 trous avec quatre cartes de 70, 65, 69 et 73 pour une troisième place ex æquo en compagnie d’Adam Scott et de Shane Lowry (il était co-leader après 54 trous avec Rory McIlroy). Comme Pavon l’année précédente, le Racingman prenait la huitième des dix places en jeu pour le PGA Tour.

Qu’en sera-t-il cette semaine pour Martin Couvra alors qu'Adrien Saddier a, à 99,99 %, déjà son ticket en poche avec sa sixième place à la Race ? Seizième au général avec 1926,15 points, l’Azuréen âgé seulement de 22 ans est bien mieux placé à l’instant T que ses deux compatriotes cités plus haut. De plus, il n’accuse que 134,97 points de retard sur l’Anglais Jordan Smith, 15e de la Race et dernier « qualifié » pour le circuit américain en 2026.

Un top 10 final ce dimanche 16 novembre serait-il suffisant pour le vainqueur du Turkish Airlines Open au mois de mai dernier ? Un scénario plausible mais très loin d’être « signé d’avance » pour son coach depuis trois ans maintenant, Mathieu Santerre.  

« Cela ne dépend pas que de lui, hélas, souligne le technicien qui collabore également avec Adrien Saddier, Romain Langasque, Antoine Rozner, Clément Sordet, Maxence Giboudot et Paul Margolis. En tout cas, il lui faut faire une bonne semaine. L’avantage de sa position, c’est qu’il a tout à gagner. Il y a 12 000 points en jeu. C’est l’équivalent de quatre tournois à gagner, quasiment. S’il fait un top 10, c’est comme s’il faisait quatre top 10 d’affilée… Forcément, c’est une semaine qui va peser lourd dans la balance. »

« Un top 10, ça pourrait peut-être passer normalement mais je ne peux pas garantir que cela soit suffisant, ajoute-t-il. Un top 5, en revanche, c’est sûr, il aura la carte pour le PGA Tour. À part si les cinq qui sont devant lui à la Race avant ce dernier tournoi finissent aussi dans le top 5… Jordan Smith a montré qu’il était en forme. Ce qui est certain, c’est qu’il a en tête de faire le mieux possible cette semaine. C’est indéniable. »

Toutes les chances de son côté

Une chose est sûre, Martin Couvra, qui découvre le DP World Tour Championship fort de ses 10 millions de dollars de dotation, a mis toutes les chances de son côté. Il est ainsi venu se mesurer au par 72 du Earth Course du Jumeirah Golf Estate la semaine précédent l’Abu Dhabi HSBC Championship (où il a fini meilleur Tricolore, à la 23e place à -15). Accompagné par Mathieu Santerre, il a emmagasiné un maximum d’informations afin d’être prêt le moment venu.

« On s’y est entraîné tous les jours, confirme Mathieu Santerre. On a donc joué plusieurs fois l’aller, le retour. On a même joué le retour une fois avec Tommy Fleetwood. Martin, ce n’est pas quelqu’un qui a déjà fait dix finales au Jumeirah, il ne connait pas encore la vitesse des greens durant le tournoi. On lui a dit que ce serait une des semaines les plus rapides de l’année dans ce secteur de jeu. Il a repéré les trous où il aurait des opportunités, les drapeaux dangereux à attaquer, etc. Lundi, mardi et mercredi (de cette semaine), ce sera surtout la vitesse des greens, les emplacements de drapeaux à étudier… »

« Il n’y a pas beaucoup de parcours qui ne conviennent pas à Martin, poursuit-il. Il a un très bon grand jeu. Ce qui mettrait en avant ses performances, ce sont des parcours où l’exigence au grand jeu est élevée. Avec des parcours assez étroits où il faut quand même driver, avec des petits greens, etc. Jumeirah, ce n’est pas spécialement étroit, les greens sont assez grands mais il y a beaucoup d’ondulation sur les greens, les roughs sont pénalisants… Le grand jeu est mis en avant, et c’est sa qualité. Ceux que favorise l’Earth Course, ce sont les joueurs qui sont très longs. Comme Rory McIlroy par exemple. Même si on a vu d’autres joueurs moins longs gagner, comme Fleetwood ou Matthew Fitzpatrick. Martin, c’est un joueur standard en termes de longueur. Il n’aura pas cet avantage-là par rapport aux longs frappeurs. Il faudra donc qu’il s’appuie sur sa précision pour pouvoir faire la différence sur trois, quatre trous. »

Des allers-retours aux États-Unis

S’il parvient à ses fins à l’issue de ce passionnant épilogue, c’est-à-dire avec un droit de jeu sur le PGA Tour en 2026, une nouvelle vie se profile bien évidemment à l’horizon pour l’actuel 132e joueur mondial. Et cela ne lui fait pas peur. Bien au contraire !

« Si ça fonctionne bien à Dubaï, il n’a pas prévu d’emménager aux USA la première année, déclare son entraîneur. Ce sera le cas s’il conserve sa carte fin 2026. La première année, il a prévu de rester sur place dans des Airbnb quand il n’a pas assez de temps pour rentrer en Europe (Ndlr, à l’instar d’Antoine Rozner cette année). Martin a 22 ans. Quand on a son âge, on a plus l’esprit d’aventure, avec moins de ports d’attaches, même si Martin est très proche de ses amis et de sa famille. Il est très motivé. Il a les dents qui rayent le parquet. L’idée en 2026, ce serait qu’on vienne le voir sur les tournois, comme pour Antoine cette année. Si ça marche, il s’installera là-bas ensuite. »

« Le PGA Tour, c’est là qu’il a envie d’être, conclut Mathieu Santerre. Et ce n’est pas une finalité pour lui. C’est juste un passage obligé dans le sens où il veut marquer des points mondiaux et grimper dans le classement mondial. Il veut jouer tous les tournois du Grand Chelem, il veut être compétitif et gagner des Majeurs. Et ça, c’est extrêmement difficile d’y parvenir en restant sur le Tour européen. Il faut être dans les 50 meilleurs mondiaux, et il n’y a pas assez de points mondiaux distribués en Europe pour le faire de façon durable. Donc, tout ça passe par les États-Unis. Il se frottera obligatoirement à une concurrence plus dense, sur des parcours différents, peut-être un peu plus standardisés mais avec des greens beaucoup plus fermes. Des roughs plus épais. Et c’est comme ça qu’il sera plus compétitif sur les tournois du Grand Chelem. C’est une des clés pour être compétitif dans les plus grands tournois de la planète, et c’est ce qu’il veut justement. »