Le Bordelais, 30 ans, est certes satisfait de son début de saison mais il entend hausser le curseur dans les prochaines semaines et les prochains mois afin de pouvoir réaliser son rêve : partir jouer aux États-Unis.  

Matthieu Pavon, déjà deux top 10 en sept tournois joués... © David Cannon / Getty Images Europe - AFP

L’heure d’un premier bilan a sonné pour Matthieu Pavon. Au repos depuis quinze jours maintenant, le Bordelais dresse un constat plutôt lucide sur ses premières sorties sur le DP World Tour version 2022-23. Sept tournois joués, cinq cuts franchis pour deux tops 10 consécutifs à Ras Al Khaimah et à Singapour. Deux tournois dans lesquels il a été en mesure de l’emporter avant de finir respectivement 9e puis 6e.

« Il y a beaucoup de positif à en retirer, analyse-t-il doucement. C’est un très bon début de saison. Après, il y a un petit goût amer qui persiste car j’ai des objectifs qui sont bien plus hauts que des 9es places. Je me suis placé deux fois d’affilée en position de gagner et j’en ressors avec, certes, deux tops 10 mais on sent que ça aurait pu mieux se terminer sur l’un des deux… Donc, je suis satisfait mais je sais aussi que j’aurais pu faire beaucoup mieux… »

« Sur ces deux tournois, je ne suis pas parvenu à faire cette fameuse différence, ajoute-t-il. Il y a donc des choses à améliorer… Il y a une partie mentale qui est forcément présente. Il y a aussi une partie gestion de parcours, celle d’être un peu plus intelligent sur certains trous… Bref, c’est un mixte de beaucoup de choses… »

Il y a aussi peut-être ce regret de ne pas avoir su ou pu hausser son niveau de jeu lors des premiers Rolex Series 2023 à Abou Dhabi et à Dubaï. 28e sur le Yas Links, là où s’est imposé Victor Perez, sans avoir toutefois été battu par le parcours avant d’échouer après deux tours quelques jours plus tard sur l’Emirates Golf Club avec deux cartes de 73 et 71.

J’ai décidé pour mon bien-être mental de ne pas m’entraîner de l’hiver. Du 18 décembre au 5 janvier, je n’ai donc pas touché un seul club de golf.

« La faute m’est entièrement propre sur ces deux tournois, rectifie Matthieu Pavon, en toute franchise. À la fin de la saison 2022, j’étais à bout de golf, en saturation… J’ai alors décidé pour mon bien-être mental de ne pas m’entraîner de l’hiver. Du 18 décembre au 5 janvier, je n’ai donc pas touché un seul club de golf. Pas une seule séance de sport. J’avais envie de relâcher complètement. Du coup, il n’y a pas de miracle. Ce n’est pas parce qu’on se pointe à Abou Dhabi dix jours avant le début du tournoi que l’on peut rattraper trois semaines off. Vingt-huitième et un cut manqué, ce n’est donc pas surprenant, même s’il aurait fallu être prêt pour ces gros tournois. »

Voilà pour le côté négatif des choses. Voyons maintenant l’autre face de la médaille. Qui pourrait très certainement amener le golfeur aujourd’hui âgé de 30 ans à appréhender la suite de sa carrière différemment. « J’ai vu qu’en bossant bien, en ayant quatre semaines de jeu et d’entraînement, les résultats commençaient à venir, enchaîne-t-il. Je me suis rapproché des leaders. L’année prochaine, ma gestion sera très certainement différente. Ce ne sera pas la course à aller jouer les premiers tournois de la saison en décembre qui prenne pas mal d’énergie et qui affichent de petites dotations. Cela me permettra de me reposer et d’installer une préparation afin d’être à 100 % dès le premier tournoi de l’année… »

« Cela a été un pari assez risqué d’effectuer cette grosse cassure, malgré les grandes échéances en début d’année, reprend-il. Mais pour une fois, je me suis écouté personnellement et je n’ai pas écouté le professionnel que je suis. J’ai préféré privilégier ma « santé mentale » pour pouvoir repartir ensuite de plus belle avec beaucoup d’envie quand j’ai repris les clubs début janvier… »

Malgré deux top 10, Matthieu Pavon occupe au 27 février 2023 la 44e place de la Race to Dubai. Une position frustrante, certes, mais qui ne demeure pour l’instant pas la priorité première d’un golfeur toujours en quête d’un premier succès sur le Tour…

Mon objectif est de bien me préparer pour essayer de gagner des tournois, ce que je n’ai toujours pas réussi à faire lors de mes six premières années sur le Tour. Je ne pense juste qu’à ça.

« Je ne suis pas quelqu’un qui regarde beaucoup les classements, avoue-t-il. Donc, cela m’importe peu. Mon objectif est de bien me préparer pour essayer de gagner des tournois, ce que je n’ai toujours pas réussi à faire lors de mes six premières années sur le Tour. Je ne pense juste qu’à ça. Le classement, ce n’est finalement qu’une résultante de la qualité de votre golf. Si vous jouez bien, vous aurez le classement qui vous correspond. »

Un classement ô combien important néanmoins qui offrira en fin de saison aux dix meilleurs de la Race sans la moindre exemption sur le PGA Tour le droit de traverser l’Atlantique en 2024. Un objectif que s’est justement fixé le Français.

Au départ des qualifs de l’U.S. Open sur 36 trous à Walton Heath

« J’ai envie d’aller jouer sur le PGA Tour, affirme-t-il sans détour. C’est clairement ma motivation. Je veux aller aux États-Unis, je veux aller vivre là-bas, je veux aller jouer tous les tournois là-bas. Mais nous ne sommes qu’à la fin du mois de février. C’est encore tellement loin tout ça. Je peux me retrouver 49e de la Race et me qualifier in extremis pour la finale au mois de novembre et terminer 3e dans la foulée, ce qui me propulserait probablement dans les 20 premiers de la Race (Ndlr, très certainement suffisant compte tenu des joueurs déjà exemptés). Ces dix spots pour le PGA Tour, ce n’est pas quelque chose que je traque de semaine en semaine. »

Présent à trois reprises sur des Majeurs entre 2017 et 2019 (deux U.S. Open, dont une 25e place en 2018 à Shinnecock Hills, et un open britannique), Matthieu Pavon a, là aussi, très envie de goûter à nouveau aux sensations inégalables d’un tournoi du Grand Chelem. À ce titre, il sera le 16 mai prochain à Walton Heath (Angleterre) pour les qualifications sur 36 trous de l’U.S. Open, prévu à Los Angeles (Californie) du 15 au 18 juin. Il entend également prendre part aux finales des qualifications de The Open qui auront lieu le 4 juillet sur quatre sites différents en Grande-Bretagne. À moins qu’il ne se soit qualifié d’ici là par d’autres voies…

Une semaine à Fancourt pendant le Magical Kenya Open

« Ce sera une résultante de mon niveau de jeu, prévient-il. Il n’y a pas d’objectif défini en se disant qu’il faut être ici ou là. Les seuls objectifs qu’on s’est fixés avec mon équipe, ce sont les objectifs de moyens… Dans quel secteur de jeu je vais progresser, quel joueur de golf je veux devenir… C’est là-dessus que je me concentre vraiment plutôt que d’aller chercher un spot à droite ou à gauche. Évidemment, je serais très heureux de les avoir mais c’est juste le fruit d’un travail accompli toute l’année… Si tu travailles bien, que tu es sérieux, tu as des résultats… »

Si le DP World Tour s’est mis « au repos » pour quelques jours avant une reprise programmée au Kenya la semaine prochaine, Matthieu Pavon reprendra le chemin de la compétition au SDC Championship (16-19 mars) en Afrique du Sud après avoir effectué au préalable un crochet vers Fancourt (à George) pour s’y entraîner sur l’un des sites les plus réputés de tout le pays. Il enchaînera à Johannesburg avec le Jonsson Workwear Open (23-26 mars) avant de nouveau un gros break de trois semaines…

« J’irai jouer le Championnat de France professionnel au Golf du Médoc (7-9 avril) la semaine du Masters, conclut-il. Je partirai ensuite au Japon et en Corée du Sud (du 20 au 30 avril). Certes, c’est un investissement mais on a la chance de bien gagner notre vie sur le Tour européen. Ce sera donc un billet à investir en classe affaires pour aller voler loin en Asie. J’ai envie d’y aller. Ce sont des pays que je n’ai encore jamais fait avec le Tour européen. Cela fait du bien d’avoir des nouveaux parcours, des nouveaux tournois qu’on ne connaît pas dans de nouveaux pays. Cela amène un peu de fraîcheur à ce calendrier. Je suis hyper emballé. »