Trop longues ? Pas assez ? Plus longues qu'il y a quelques années ? 18 trous ? 9 trous ? Au sein des joueurs engagés au FedEx Open de France, les avis divergent sur la manière dont se déroulent les parties de reconnaissance d'avant-tournoi. Tour d'horizon.

Le ballet est classique. Le mardi et le mercredi, sur la très grande majorité des circuits professionnels de la planète, sont consacrés aux partie de reconnaissance, avant le baisser du drapeau du jeudi matin. Parties qui prennent parfois les atours d'un pro-am, mais dans la tête des pros, l'objectif majeur reste de se mettre le parcours dans la tête et dans les doigts. Ainsi, ces deux derniers jours, à Saint-Nom-la-Bretèche, les joueurs engagés au FedEx Open de France ont arpenté le parcours en n'hésitant pas à taper plusieurs balles sur les mises en jeu ou les attaques de drapeau, et en visant plusieurs cibles potentielles sur et autour des greens. Et forcément, cela prend du temps. Parfois beaucoup de temps. Au point de faire surgir la question : est-ce trop ?
L'interrogation n'est pas nouvelle, mais elle a rebondi à la fin de l'été, lorsque Gary Stal, ancien pensionnaire du DP World Tour (où il a remporté une victoire de prestige, en 2015), a annoncé la fin prématurée de sa saison. Dans son message sur les réseaux sociaux, le Lyonnais soulignait, entre moult autres choses, la longueur des parties de reconnaissance, devenue exagérée selon lui. « Les gars font leur reco en 6 h parce qu'ils essayent tous les chips et putts possibles pour être sûrs d'avoir le bon pourcentage de pente sur un putt de 3 m... qui n'existera sûrement jamais ! », écrivait-il le 29 août sur Instagram.
Trop, c'est trop
L'occasion est donc idéale, en cette semaine d'open national, pour sonder les joueurs actuels du DP World Tour sur cette question. L'unanimité se fait sur un principe : trop, c'est trop. Spontanément, tous les joueurs français interrogés évoquent la durée de 6 h comme excessive. Le plus souvent en connaissance de cause. « Une reco aussi longue, ce n'est pas possible », campe Tom Vaillant, à qui cette mésaventure est parfois arrivée cette saison. Son coach Jean-François Lucquin, par ailleurs lui aussi ancien joueur (et vainqueur) sur le circuit européen, est du même avis. « Bien reconnaître, ça fait partie du job, mais il ne faut pas passer 6 h sur le parcours », appuie-t-il.
Sur le fait qu'il ne faut pas passer trop de temps, tout le monde est donc d'accord. Mais quant à savoir où se situe la limite, les avis commencent à diverger. Matthieu Pavon, typiquement, se place résolument dans le camp de ceux qui trouvent que des efforts sont à faire. « Oui, les parties de reconnaissance sont beaucoup trop longues, expliquait-il ce mercredi matin en conférence de presse. Lors des Majeurs, c'est le pire des exemples, on met plus de 3 h à faire 9 trous. En général, sur les tournois du tour, on est entre 2 h 30 et 3 h pour 9 trous. On peut se retrouver avec des parties qui n'en finissent plus. »
Certains de ses compatriotes ont un ressenti différent. Vainqueur cette saison de son premier tournoi sur le DP World Tour, Martin Couvra est ainsi moins catégorique, même s'il reconnaît que certaines semaines, le temps s'allonge. « Quand c'est long, j'y vois plutôt une bonne chose, admet-il. Ça permet de prendre plus de temps sur les greens. Prendre mon temps n'est pas forcément quelque chose que j'aime faire naturellement, mais je le fais car il faut que je le fasse. » Son camarade Tom Vaillant est du même avis : « Je pense que c'est normal de prendre son temps, surtout quand on ne connaît pas le parcours, confie-t-il. Ce sont les seuls moments où on peut créer notre stratégie. »

Pour ceux soucieux d'éviter les embouteillages sur le parcours, des stratégies existent. Des joueurs privilégient ainsi des reconnaissances découpées, avec par exemple 9 trous le mardi et 9 trous le mercredi. Le pro-am du FedEx Open de France, ce mercredi à Saint-Nom-la-Bretèche, favorisait d'ailleurs la chose : les triplettes de joueurs amateurs ont joué avec un joueur professionnel sur leurs 9 premiers trous, et un autre sur les 9 derniers. « Quand j'enchaîne beaucoup de tournois, je joue 9 trous le mardi et 9 trous le mercredi », confirme Tom Vaillant. Cela réduit-il la durée de jeu pour autant ? Pas certain, à en croire les 25 minutes de retard sur l'horaire prévu affichées par la partie d'Adrien Saddier (bien malgré elle), ce mercredi en début d'après-midi.
Mais d'ailleurs, est-il obligatoire, et même plus simplement utile, de jouer tous les trous, du départ au green ? Sur cette question aussi, Matthieu Pavon a des réserves. « Pour moi, si on veut vraiment remettre des chips et avoir des informations sur les greens, ce sont des choses qui se font à pied, avec un sand wedge, un putter et trois balles », avance-t-il.
Et les règles, dans tout ça ?
Le ressenti des joueurs est une chose, mais au-delà de ça, existe-t-il des règles concernant les parties de reconnaissance, afin qu'elles se s'éternisent pas ? La réponse est oui. Les consignes du DP World Tour, très proches de ce qui peut exister dans le golf de haut niveau de par le monde, sont très claires. Il est demandé aux joueurs de ne pas retaper une mise en jeu lorsque celle-ci a trouvé le fairway, de ne pas jouer une deuxième attaque de green quand la première a touché sa cible, ou encore de ne jouer qu'une seule sortie de bunker en direction du drapeau. Sauf que deux problèmes se dressent face à ces règles : « Personne ne les respecte, et personne ne les fait appliquer », constate Matthieu Pavon.
Pourtant, sur le papier, l'arsenal législatif existe. Il est, techniquement, possible d'avertir, puis de sanctionner en cas de récidive, un joueur contrevenant à ces règles. Les sanctions peuvent même prendre la forme de coups de pénalité pour le tournoi à venir. Mais si la disposition existe, son application serait sans doute durement perçue. La solution serait-elle alors dans la peur du gendarme ? « Il faudrait que, de temps en temps, les arbitres passent pour faire accélérer un peu », avance Jean-François Lucquin. Lequel, par ailleurs, ne trouve pas que la durée générale des parties de reconnaissance ait augmenté de manière significative par rapport à l'époque où lui-même était joueur du tour. « Pour moi, il n'y a rien d'alarmant », abonde son joueur Tom Vaillant. Peut-être, finalement, que la meilleure solution est soufflée par David Ravetto : « Si on va jouer aux heures de pointe, c'est assez long, mais si on va au début ou à la fin, ça va mieux. »