La 2e place de Jeong weon Ko au FedEx Open de France, obtenue dimanche, lui a permis de sauver sa carte sur le DP World Tour pour l’année prochaine. Une sacrée performance, pour un joueur qui avouait avoir perdu son jeu en début de saison.

Vous pouvez essayer, réessayer, insister, réinsister, vous ne parviendrez pas à lui faire exprimer un regret de ne pas avoir remporté le FedEx Open de France. Pas plus que vous ne lui enlèverez son sourire, au lendemain d’avoir vécu ce qu’il décrit sans hésitation comme son plus beau moment de golf. Alors oui, quelques minutes après la conclusion de sa partie, dimanche à Saint-Nom-la-Bretèche, il lui a fallu constater que Michael Kim avait rentré le putt pour terminer un coup devant lui, et qu’il allait devoir se contenter de la deuxième place. À tout prendre, Jeong weon Ko aurait préféré disputer un play-off. Mais que de chemin parcouru, d’obstacles franchis, de doutes levés, de perspectives ouvertes… en seulement quatre jours !
Retour jeudi 18 septembre au matin, au moment de lancer son FedEx Open de France. Sur le départ du 1, Jeong weon Ko, déjà soutenu vocalement par quelques amis venus de son golf de Bussy-Guermantes, envoie un drive en gros snap-hook (si vous ne maîtrisez pas l'intégralité du jargon, retenez que c'est un coup de mauvaise qualité), qui finit dans la prairie juste derrière le village du tournoi. Heureusement, l'endroit est dans les limites du terrain, et sur ce qui est habituellement un fairway du parcours Bleu de Saint-Nom. Les dommages se limitent à un bogey, avant un double sur le par 3 du 3. Mais peu à peu, le rythme vient : birdie au 6, eagle au 8, puis un retour en 33 (-2), pour un bon démarrage en 68 (-3).
Une première fois dans cette semaine, le joueur français de 27 ans s’arrête en zone mixte pour répondre aux questions des suiveurs. « J’arrive ici dans une position particulière, livre-t-il alors. Je suis 134e de la Race to Dubai, je n’ai pas marqué beaucoup de points pendant la saison. Mais ça fait deux ou trois semaines que mon jeu revient bien. Je sens que j’ai le potentiel et les armes pour performer cette semaine. »
« Je n'arrivais plus à mettre en jeu »
Ces armes, justement, il s’en sentait démuni durant toute la première partie de saison. Niveau résultats, il a connu une période plutôt régulière de fin février à fin mars, en passant cinq cuts de rang, mais sans que son total de points ne décolle en conséquence, car il ne parvenait pas à terminer plus haut qu’une 16e place à l’Investec South African Open. Par la suite, la saison s’est transformée pour lui en vraie galère. Entre le Volvo China Open, en troisième semaine d’avril, et le Betfred British Masters, en troisième semaine d’août, il n’est parvenu à passer que trois cuts, en 13 tournois, avec comme meilleure performance une 34e place au Danemark.
« J’avais perdu mon jeu, confie-t-il sans détour. Je n’arrivais plus à mettre en jeu. Et la semaine où j’arrivais à driver un peu mieux, les fers marchaient moins bien. C’était très instable, et je me suis cherché pendant une bonne moitié de la saison. » Des paroles loin d’être vides de sens, dans la bouche d’un joueur connu pour son approche du jeu de golf très axée sur la technique pure, le perfectionnisme en bandoulière. Une technique qu’il travaille avec son coach Alain Alberti, et l’appui de Raphaël Jacquelin. « Là, j’ai retrouvé un système qui marche bien, poursuit-il. Dès que j’arrive à trouver un truc, j’arrive à jouer de manière beaucoup plus relâchée, et je peux vraiment créer des coups. Depuis quelques semaines, Je comprends ce qu'il se passe quand je rate, et c’est très important. »
Effectivement, lors de ses dernières sorties, le mieux était palpable. Dans le cut lors de l’Amgen Irish Open, il y a deux semaines, puis en Rolex Series lors du BMW PGA Championship la semaine précédant le FedEx Open de France, Jeong weon Ko y a pris respectivement la 46e et la 73e place. Le déclic pouvait donc se passer à Saint-Nom-la-Bretèche, et sans doute s’est-il cristallisé le vendredi en fin de journée lorsque, évoluant dans les dernières parties, le joueur tricolore a rentré, d’un coup de fer 9, son premier trou-en-un en tournoi sur le par 3 du 7. Désormais à -6 total, il passait ainsi meilleur Français aux côtés d’Adrien Saddier. De quoi regagner un arrêt dans la zone mixte, et entendre les premières questions suggérant que cette semaine pourrait être la bonne pour sauver sa place dans l’élite du Vieux continent.
Jeong weon Ko invité de « Le Club »
Jeong weon Ko était l'invité de notre émission « Le Club », diffusée en direct sur la plate-forme Twitch, ce lundi après-midi. Aux côtés de Pauline Sanzey, journaliste au service des sports de Canal +, il est revenu sur sa folle semaine au FedEx Open de France. L'émission est disponible en replay sur la chaîne Twitch de la ffgolf.
Avec encore la moitié du tournoi à disputer, lui préfère assez naturellement rester prudent. Mais dans la narration de sa partie, notamment du moment d’adrénaline qui a naturellement suivi son trou-en-un, le nom d’un acteur devenu important autour de lui se fait jour : son caddie, Christophe Angiolini. Leur collaboration a débuté récemment, lors du BMW International Open, à Munich, début juillet. « Il m’apporte beaucoup d’assurance, souligne Jeong weon Ko. Déjà il parle français, ce qui est un gros atout. Et si je lui demande des choses, il va faire le maximum pour me donner ce que j’attends. Il est très investi, et nous faisons un bon binôme. Sur le parcours, il me détend, il me raconte des anecdotes. » Il faut dire que l’homme caddeye depuis un bon bout de temps. Pour la petite histoire, c’est lui qui était sur le sac de Jean Van de Velde, en 1999, lors de l'épisode historique du dernier trou de The Open.
Le samedi, le troisième tour du FedEx Open de France se passe comme les deux précédents pour Jeong weon Ko. Une similarité poussée jusqu’au score de 68 (-3), le même que la veille et l’avant-veille. Nouveau passage en zone mixte, et bien évidemment, nouvelles questions sur la sauvegarde de son statut. Quoi qu’il arrive le lendemain, pour le reste de la saison, il a défini sa stratégie : « Je joue tout », lance-t-il. Entendez par là, les quatre tournois restants du Back 9, avant la première étape des play-offs réservée au top 70. « Je suis dos au mur, je n’ai pas le choix. Dans tous les cas, j’ai pris mes billets d’avion. S’il y a un tournoi en plus qui se crée, je le joue », lâche-t-il en riant.

Le dimanche, donc, la question de sa carte sur le DP World Tour ne reste prégnante que quelques trous. Le temps, peut-être, de le voir enchaîner deux birdies et un eagle du 4 au 6, et de comprendre que la question majeure, désormais, est celle de le voir éventuellement gagner. Il s’en est fallu de Michael Kim pour que ce ne soit pas le cas, mais dans tous les cas, avec sa nouvelle 59e place à la Race to Dubai (75 places de progression), sa saison a définitivement tourné.
Tant mieux, car niveau fin d’année stressante, il a déjà donné les années précédentes. Par exemple en sauvegardant sa place dans le top 5 de l’Alps Tour au dernier tournoi, en 2021. Ou en faisant une remontée spectaculaire à la Road to Mallorca lors de la deuxième partie de saison du Challenge Tour (devenu HotelPlanner Tour) en 2022, passant d’un rang anonyme à celui de promu. Ou encore en accrochant in extremis la 115e place de la Race to Dubai, en 2023, pour sauver sa carte à une place près. Jeong weon Ko en est conscient : lorsqu’il se sent dos au mur, il parvient généralement à trouver les ressources et les solutions. Son FedEx Open de France 2025 en est une nouvelle illustration. Pour ce qui est du calendrier, sa philosophie n’a pas changé pour autant : il veut tout jouer jusqu’à la fin de saison. Peut-être se sent-il dos au mur pour obtenir sa première participation au DP World Tour Championship, qui sera réservé au top 50 de la Race to Dubai du 13 au 16 novembre. Ce serait bon signe.