Présent cette semaine à Abou Dabi pour le premier des deux tournois des Play-Offs du DP World Tour, Jeong weon Ko, 27 ans, entend apporter quelques modifications sensibles à son mode de fonctionnement pour 2026. Pour aller plus loin encore !
    Première réserve l’an passé – sans finalement pouvoir entrer dans le champ – Jeong weon Ko va disputer son premier Abu Dhabi HSBC Championship, quatrième Rolex Series de la saison (9 millions de dollars de dotation) et accessoirement premier des deux tournois des Play-Offs du DP World Tour 2024-25 réunissant les 70 meilleurs joueurs à la Race du Dubai.
Classé 73e de cette même Race à l’issue du Genesis Championship le 26 octobre dernier, le golfeur de Bussy (77) doit sa présence aux forfaits conjugués de quatre joueurs mieux placés que lui, à savoir Justin Rose (19e), Viktor Hovland (25e), Jon Rahm (59e) et Matt Wallace (66e). Arrivé le 29 octobre aux Émirats arabes unis après quelques jours off en compagnie de son amie en Corée du Sud, il se prépare sereinement à ce rendez-vous XXL.
« Je me sens plutôt bien, déclare-t-il d’emblée alors qu’il avait également réservé un billet d’avion annulable pour rejoindre la France s’il n’était pas parvenu à rentrer dans le champ. Je sors d’une bonne semaine de pause en Corée. Je me suis aussi entraîné au Trump et au Jumeirah mais il a fait plutôt chaud. Je n’ai donc pas pu faire les journées aussi longues que je le souhaitais. C’est la fin de saison. La fatigue entre vraiment en jeu. En Corée, j’ai lâché les clubs. J’ai décompressé. »
L’actuel 295e joueur mondial n’a rien à perdre cette semaine à Abou Dabi. Droit de jeu plein en poche pour 2026, il aborde ce tournoi sans réelle pression, malgré la présence de huit des douze « héros » de l’équipe européenne de Ryder Cup victorieuse le 28 septembre à Bethpage (New York) et d’un enjeu loin d’être négligeable. Pour espérer participer du 13 au 16 novembre au DP World Tour Championship regroupant seulement le top 50 du Tour européen, il doit ainsi viser un top 5 final. Pas simple, mais pas impossible non plus.
« Sur la fin de saison, on a déjà eu l’occasion de jouer auprès de très bons joueurs, précise-t-il. Je pense à l’Inde, à l’Espagne dernièrement… C’est un peu comme ça à chaque fois à cette période de l’année. C’est un super stimulant en tout cas. C’est avec ce genre de garçons qu’on a envie de jouer toutes les semaines. L’équipe de Ryder Cup au quasi complet qui est là, c’est hyper enrichissant et cela nous montre le chemin à suivre pour arriver à leur niveau. Ce serait cool de jouer avec eux… »
Des greens très rapides
Le parcours du Yas Links Golf Club, qui accueille l’événement depuis 2022 et où s’est notamment imposé Victor Perez le 22 janvier 2023, est tout sauf un inconnu pour Jeong weon Ko. Même s’il ne l’a jamais « affronté » en mode compétition.
« J’ai fait neuf trous aujourd’hui (lundi), souffle-t-il. L’an passé, j’avais fait les reconnaissances. Il est assez large et tant qu’on fait des petits ratés, il n’y a aucun gros problème. Il y a aussi des bunkers un peu partout. La principale difficulté, ce sont les greens. Il y a énormément de pentes et ils sont très rapides. On n’a pas l’habitude d’en jouer d’aussi rapides. C’est pour moi le parcours le mieux entretenu de l’année. Il est impeccable. Il n’y a pas un green où il y a la moindre mauvaise herbe. C’est vraiment un plaisir. »
Une belle performance viendrait aussi gommer une saison 2024-25 difficile où en 31 tournois joués il n’a franchi que 15 cuts, ne terminant qu’une seule fois dans un top 10. C’était le 21 septembre dernier à St-Nom-la-Bretèche (78) pour le FedEx Open de France. Une sublime deuxième place qui lui avait d’ailleurs permis d’assurer sa carte pour la saison prochaine. À ce titre, Jeong weon Ko est conscient qu’il doit encore beaucoup travailler pour s’éviter des fins d’exercices stressantes.
« Cette saison a été très irrégulière, analyse-t-il doucement. Je n’ai pas encore trouvé un système propre à moi. Je suis encore en recherche. J’ai vraiment pris conscience de ça. Je suis néanmoins content car malgré les difficultés, j’ai quand même réussi à trouver les ressources pour faire un "pète" qui me permet de garder la carte. Mais je suis très déçu de la manière dont j’ai manœuvré durant cette saison. Le bilan est un peu triste. Le but, ça a toujours été d’être quelqu’un de constant, qui est là chaque semaine, un peu à la Jordan Smith si on pouvait comparer. Je vois que je suis très loin du but. Je vais me poser les bonnes questions pour l’année prochaine. »
Même si rien n’est encore définitif, son calendrier devrait par conséquent évoluer sensiblement par rapport aux années précédentes, celles qui correspondent à sa présence au plus haut niveau. « Ces bonnes questions, c’est peut-être ma manière de me préparer pour la saison, avance-t-il encore. Généralement, je faisais tous les premiers tournois, en Afrique du Sud, en Australie… Cette année, on va peut-être en retirer quelques-uns. Voire tous, pour vraiment aborder comme il faut le Hero Dubai Desert Classic (22-25 janvier 2026), et être prêt pour ce tournoi. Je n’en ai pas encore parlé de façon claire avec mes coaches (Alain Alberti et Raphaël Jacquelin). C’est dans un coin de ma tête pour le moment. On va attendre que la saison se termine pour vraiment faire le point tous ensemble. On va se voir très bientôt du côté de Massane (près de Montpellier). »
« Le but est de réduire le nombre de tournois et d’augmenter les temps de break, ajoute-t-il. Avoir vraiment des semaines de préparation pour être en forme le moment voulu, et donc être prêt pour le tournoi. Ce serait mon but ultime. Comment je vais gérer cela, c’est la grande question qu’on peut se poser. C’est quelque chose que j’ai voulu mettre en place cette année et je n’y suis pas arrivé. Ce sera un gros thème pour 2026 : mieux gérer les tournois, mieux gérer mon calendrier. »
Un caddie tout sauf passif
Ce qui est certain, c’est qu’il pourra toujours compter en 2026 sur la présence sur son sac de Christophe Angiolini, son nouveau caddie depuis plusieurs semaines. Un « copilote » d’expérience - il était par exemple aux côtés de Jean Van de Velde à Carnoustie lors de The Open 1999 - qui semble lui apporter toute la sérénité requise pour appréhender du mieux possible l’exigence du haut niveau.
« Il est une vraie valeur ajoutée, conclut Jeong weon Ko. Il est très bon, possède une solide expérience. C’est un super partenaire. Il a une certaine assurance dans ce qu’il dit, et il l’assume. Ce n’est pas quelqu’un de passif, il fait vraiment partie de la prise de décision sur chaque coup. »
L’œil de Raphaël Jacquelin, son coach performance
« Comme l’an passé et comme il y a deux ans, il se sauve un peu sur la fin de saison. Cela fait partie des axes de progressions sur lesquels on va travailler avec Alain (Alberti). Et avec toute son équipe. Après, il démontre qu’il possède les capacités pour se sortir au bon moment de ces situations. Donc, cela veut dire que sous pression, il est capable de le faire. Ce n’est pas la pression de l’événement qui peut le déranger. Ce qui le dérange le plus, ce sont parfois les coups qu’il tapent. Quand il commence à rater, il peut perdre vite confiance. C’est sur quoi on travaille avec lui. Quand il se sent bien, quand l’environnement est bon, il est en revanche capable de sortir de très belles journées, de très belles semaines… Ce qui peut pécher aussi chez lui, c’est cette régularité sur les mises en jeu. Dès qu’il ne voit pas bien et dès qu’il ne se sent pas bien sur une situation, il peut vraiment manquer loin, et perdre des points du tee. L’axe de travail est de ne pas donner de coups gratuitement sur les mises en jeu. Il y a certes un point technique, mais ça ne fait pas tout. Le travail est de l’emmener sur le parcours et savoir ce qu’il doit faire, comment réagir sous pression liée à la situation. Il ne sent plus trop comment son corps bouge. C’est plus ça qu’il doit encore plus travailler à la salle de sport avec Guillaume Chaubron. Cela a très bien évolué depuis trois ans. Tout va dans le bon sens. Maintenant, ça progresse doucement, certes, mais il montre qu’il s’investit beaucoup. C’est un garçon qui a un potentiel physique et technique. Il faut encore progresser pour que cela soit plus régulier. Ses chances à Abu Dhabi ? Il n’a rien à perdre. Il va être agressif. Pourquoi pas aller chercher une bonne semaine. Il en est capable ! »