Jeong weon Ko est revenu, après sa partie, sur son exceptionnelle journée de dimanche, à Saint-Nom-la-Bretèche. En plus de terminer 2e du FedEx Open de France, il a pu évoluer dans une ambiance exceptionnelle.

Jeong weon Ko, tout sourire avec son caddie Christophe Angiolini, après avoir rentré un joli putt pour le par au 18, ce dimanche. © Lucas Hélin / ffgolf

Jeong weon, quelle journée exceptionnelle, vous y avez cru jusqu’au bout. Comment l’avez-vous vécue ?
Le soutien des spectateurs était quelque chose d’inoubliable, c’est ce qui m’a permis de me concentrer sur mes coups, et de kiffer le moment. J’ai l’impression que c’est monté crescendo. Vendredi j’ai eu un peu de support, samedi encore plus, et aujourd’hui, à mon échelle, j’ai eu l’impression que c’était le Masters de France. J’étais très touché sur le parcours.

Parlez-nous de ces deux eagles, au 6 et au 16…
J’ai eu un peu de réussite je pense. J’ai tiré les bons coups aux bons moments. L’eagle du 16 était quelque chose d’électrifiant. Je montais sur le green, les gens m’applaudissaient, et je disais à Chris [Christophe Angiolini, son caddie, NDLR] : « Ouah, t’as vu le support que j’ai ? C’est incroyable… ». Et lui m’a dit : « Tu imagines si tu la boîtes ? ». Et je l’ai vraiment boîtée, j’ai hurlé dans tous les sens, j’ai failli perdre la voix, c’était incroyable.

Vous vous rendez compte que vous avez fait vibrer tous les amoureux du golf en France ?
Je m’en suis rendu compte vers le 13-14. Au début, je disais merci, je me demandais pourquoi les gens étaient aussi excités, et ensuite j’ai vraiment commencé à embrasser le moment, à voir que c’était quelque chose de spécial, au FedEx Open de France, d’avoir ce genre d’ambiance. J’ai toujours aimé jouer avec le public. Il y avait des gens que je n’avais pas vu depuis longtemps et qui me disaient salut, des surprises sur tous les trous, c’était incroyable.

Votre carte sur le DP World Tour est sauvée. Ça y est, vous pouvez regarder devant vous ?
Je disais à Chris et à tout mon staff que chaque fois que j’avais été dos au mur, sur l’Alps Tour, sur le Challenge Tour, sur le DP World Tour lors de ma première année, j’avais su trouver les forces pour faire un résultat. Là, c’est arrivé plus tôt que prévu au FedEx Open de France, et c’est vraiment cool. Ne plus s’inquiéter pour la carte, c’est un gros plus, ça va me permettre de dérouler mon jeu, de jouer sans stress. Honnêtement, je n’avais pas forcément pour objectif de gagner le tournoi, juste de jouer à mon meilleur niveau, d’embrasser le moment et de supporter la pression. J’ai fait tout ce que je pouvais, avec les armes que j’avais, et je suis très content de terminer sur une bonne note. Ça met une dynamique nouvelle dans ce que j’ai fait jusqu’à maintenant, et ça m’ouvre des portes sur les capacités que je peux avoir dans le futur.

C’est le plus grand moment que vous ayez vécu dans le golf ?
Franchement, oui. J’étais très envieux de Tommy Fleetwood la semaine dernière, à Wentworth. On était 60e, mais il y avait 150 personnes qui suivaient sa partie. J’ai vu Rory au K Club… J’ai presque eu l’impression que je vivais la scène de Rory au K Club. Ça a dépassé mon imagination. Je n’avais plus de mots.

On a vu la réussite du golf français ces derniers mois, avec les victoires de Martin Couvra et d’Adrien Saddier, avec la 2e place d’Adrien la semaine dernière. Est-ce que ce que vous avez réussi cette semaine est aussi le résultat de cette vague bleue qui ne cesse de monter ?
Bien sûr. Ça nous tire énormément vers le haut. Ça a commencé avec Matthieu Pavon, sur le PGA Tour, qui a lancé cette dynamique française. Derrière, Victor Perez et Antoine Rozner l’ont rejoint. On se dit que c’est quelque chose qui est à notre portée. Je vois aussi tous les joueurs français qui gagnent sur le DP World Tour, que je connais bien, et ça nous fait croire en nos capacités à nous faire. Le golf français se porte très bien, et je pense que l’avenir est entre de bonnes mains.

Parlez-nous de ce putt compliqué, sur le 18, que vous avez rentré pour sauver le par. Que s’est-il passé dans votre tête à ce moment-là ?
Ce putt ne m’a pas paru plus dur que ceux que j’ai pu avoir pour passer le cut ou ce genre de choses. C’était le même genre de pression, voire moins, car j’avais une sorte de sérénité. Quand je voyais ces putts-là à la télé, je me demandais comment ces gars pouvaient les rentrer, moi je les voyais rater à chaque fois. Là, j’étais tellement concentré que j’ai réussi à faire ce que j’avais à faire, j’ai cru à ma lecture et j’ai exécuté. Je suis très content qu’elle soit rentrée.

C’est la première fois que vous aviez autant de public à vous suivre et à vous soutenir sur un parcours de golf. Est-ce que vous vous êtes surpris dans la communion que vous avez eue avec ce public ?
Oui. J’aime bien être démonstratif, ça m’est beaucoup arrivé dans des parties amicales. Je me souviens de revoir une photo au Championnat de France des jeunes, quand j’avais 12 ans, j’étais très expressif. La consigne, aujourd’hui, avec mon préparateur mental, c’était de sourire un maximum, d’apprécier le moment. De manière assez naturelle, c’est sorti comme ça, et j’ai pu vraiment me relâcher et me concentrer sur le jeu.