Membre du Ladies European Tour, entourée d’un nouveau staff technique, Perrine Delacour, victorieuse en Afrique du Sud en avril, débarque cette semaine à Evian-les-Bains au Jabra Ladies Open avec de sérieux atouts. Dont celui de connaître très bien le « Champions Course » qui accueille aussi l’Amundi Evian Championship, l’un des cinq Majeurs féminins de la saison.  

Perrine Delacour avait pris la 12e place du Jabra Ladies Open en 2024 © © Mark Runnacles / LET

Perrine Delacour a le vent en poupe. Victorieuse le 13 avril en Afrique du Sud au Investec SA Women’s Open, quatrième à l’Aramco Korea Championship un mois plus tard, elle vient d’accrocher un top 10 au Dutch Ladies Open le week-end passé (9e). Avec 730,75 points, la Picarde âgée de 31 ans pointe à la troisième place de l’ordre du mérite du Ladies European Tour

Cet excellent début de saison, elle le doit aussi très certainement à ses choix pris après les Jeux olympiques de Paris 2024. Plusieurs changements sont ainsi intervenus au sein de son staff technique. Et ils semblent clairement payants… 

« C’est le fruit d’un travail que j’ai mis en place depuis quelques mois avec mon équipe, confirme-t-elle. Certes, les résultats en début de saison n’étaient pas ceux que l’on attendait d’un point de vue sportif (sept tournois joués, quatre cuts franchis) mais on a réussi à garder l’attitude tout le long. Et quand on croit au processus, le travail paye toujours. »

La native de Laon (02) s’est par exemple attachée de façon continue les services de Robin Cocq sur toute la partie technique depuis le début de l’année 2025, même si leur collaboration avait déjà pris forme à partir de septembre 2024. 

« Je n’ai plus du tout le même staff que celui de l’année dernière, tout s’est arrêté après les JO de Paris 2024, ajoute-t-elle. Je travaille aussi avec Matthieu David (en charge de la préparation mentale, spécialisé dans l'optimisation des performances individuelles et collectives ainsi que la gestion de projet). Je n’ai plus de caddie attitré aujourd’hui. Je prends des locaux, soit des amis ou des gens de ma famille. Cela me convient très bien comme ça. Je travaille aussi avec Albane Bigot, sur tout ce qui est réflexion, déprogrammation émotionnelle, kinésiologie, etc. David Derhille est mon Directeur de la communication. J’ai, en revanche, toujours auprès de moi mon coach physique, Dylan Stryczek. »

L’actuelle 110e joueuse mondiale est cette semaine en lice du côté d’Evian-les-Bains pour le Jabra Ladies Open (300 000 euros de dotation). C’est sa seconde participation à ce tournoi qui permettra à la lauréate (ou à celle la mieux placée et non exemptée au leaderboard) de valider son billet pour les deux derniers Majeurs féminins de la saison : l’Amundi Evian Championship et le AIG Women’s Open

Douzième en 2024, Perrine Delacour possède cet atout de très bien connaître le « Champions Course » de l’Evian Resort Golf Club, hôte du Jabra Ladies Open mais surtout de l’Amundi Evian Championship, seul rendez-vous du Grand Chelem, hommes et femmes confondus, à se disputer en Europe continentale. Elle a pris part à cinq reprises à ce Majeur entre 2017 et 2024, franchissant deux fois le cut en 2022 (54e) et en 2024 (49e). 

« Les repères sur ce parcours, on les a toutes je pense, tempère-t-elle quelque peu. C’est, je crois, la 9e édition du Jabra. Toutes les joueuses commencent à connaître le tracé, savoir où il faut poser la balle… Après, c’est toujours intéressant de jouer ce parcours quand on sait effectivement que c’est aussi un parcours de Majeur. J’espère le jouer dans quelques semaines d’ailleurs… Evian, ça reste un lieu mythique, notamment grâce au panorama offert sur le lac Léman. » 

« Est-ce que le parcours est préparé différemment de l’Evian Championship ? se demande-t-elle. La longueur change un tout petit peu (5 728 mètres contre 5 800 mètres en mode Majeur), oui, mais il y a toujours 18 trous, 18 départs et 18 greens… Je traite ce parcours comme si c’était celui de l’Evian Championship. C’est aussi important par rapport au mindset que l’on essaie de mettre en place avec mon équipe. Que ce soit le Jabra ou l’Evian Championship, ça reste 18 trous de golf : Toujours faire la même routine, le même process et on fera les calculs à la fin. »

La Floride, la meilleure alternative

Malgré une perte de droit de jeu plein en 2024 sur le LPGA Tour, Perrine Delacour, qui est toujours basée en Floride, près d’Orlando, a disputé deux tournois de la saison 2025. Deux cuts franchis pour autant de résultats on va dire encourageants, mais sans plus (37e au JM Eagle LA Championship le 20 avril ; 64e au Black Desert Championship le 4 mai). Elle envisage d’ailleurs de passer tout le mois de juin de l’autre côté de l’Atlantique, avec toujours dans l’optique de poursuivre ses aller-retours entre les deux continents. 

« Les deux tournois joués sur le LPGA Tour, c’était quelque part un peu imprévu, explique-t-elle. Je veux que l’on fasse les choses dans le temps, sur les années à venir. J’en parle avec Matthieu David, avec Robin Cocq… Si les résultats viennent, tant mieux, si les résultats ne viennent pas, on verra, on fera une analyse… Pour l’instant, j’ai prévu le mois de juin aux Etats-Unis. Après, j’aviserai au jour le jour. Il y aura au moins trois semaines de tournoi avec des semaines de break aussi. Je continuerai de naviguer entre les Etats-Unis et la France. » 

« Pour des raisons personnelles, ce n’est pas quelque chose d’envisageable pour moi de revenir m’installer en Europe, malgré le fait que je sois membre du LET, prévient-elle. Je reste basée aux Etats-Unis, c’est plus facile pour s’entraîner, ne serait-ce qu’au niveau du temps. Je reviens néanmoins assez régulièrement en Europe. J’arrive à trouver un rythme entre les deux points. »

Ce JO Blues était beaucoup moins fort à Paris qu’à Tokyo

Au son de sa voix, posée et réfléchie, on devine aussi que la golfeuse française a su rebondir après une période difficile, celle du JO Blues qu’elle a traversée plusieurs mois après la fin des Jeux à Paris. 

« Pour moi, les JO de Paris 2024, ça a d’abord été une contreperformance sportive, souffle-t-elle doucement. Quand ça s’est fini, j’ai enchaîné sur des tournois avec un nouveau staff. Mais quand la saison s’est achevée en décembre, ça a été un peu compliqué. Je n’étais pas la seule. Pour en avoir parlé avec d’autres athlètes olympiques, on a été beaucoup à avoir ressenti la même chose. Apparemment, c’est quelque chose d’humain. Il faut juste savoir bien s’entourer, chose que j’ai bien réussi à faire. » 

« Ce JO Blues était beaucoup moins fort à Paris qu’à Tokyo, ajoute-t-elle. Tokyo, je n’en ai jamais parlé parce qu’après, j’ai eu des choses personnelles à côté, mais ce fut deux choses différentes. »

Le résultat dans le golf, c’est quelque chose qu’on ne contrôle pas.

En évoquant les Jeux olympiques, Perrine Delacour avait souligné en février dernier chez nos confrères de Golf Planète qu’elle ne se voyait pas être golfeuse professionnelle en 2028 pour le prochain rendez-vous à Los Angeles. Est-ce à dire que la fin de sa carrière est plus proche qu’on ne le croit ? Pas sûr ! 

« J’ai deux-trois idées en tête, conclut-elle. Pour l’instant, je me focalise à jouer au golf. On verra en fonction des opportunités dans les années à venir. On est en train de construire avec mon équipe quelque chose sur le long terme, que ce soit dans le golf mais aussi après. On verra où ça nous mène… Pour le moment, je n’ai pas d’objectifs de résultats. J’essaie surtout d’être une meilleure personne chaque jour, à me connaître de plus en plus. Si je suis comme il faut le processus, les résultats viendront à court ou moyen terme. A moi de continuer sur cette trajectoire et me focaliser sur les choses que je contrôle. Le résultat dans le golf, c’est quelque chose qu’on ne contrôle pas. »