Engagé cette semaine en Irlande, Oihan Guillamoundeguy a pris le temps lundi de revenir sur son changement d’attitude récent. Une sagesse dans laquelle son frère et sa mère jouent un rôle non négligeable et qui lui offre aujourd’hui le droit d’envisager une montée sur le DP World Tour.

Vous la sentez la bonne attitude sur ce visage ? C'est normal. © Ross Parker / Getty Images - AFP

Il est d’usage, lorsqu’un joueur ou une joueuse traverse une période faste de sa saison, que l’on cherche à expliquer ce qui, dans son jeu, a pu mener à cette réussite. La clé technique, la solution physique, le fameux « déclic » qui expliquerait que l’année en cours soit meilleure que la précédente, marquée par trois tops 5, deux tops 15 et un top 10 et une 15e place provisoire à la Road to Mallorca. Mais parfois, il ne faut pas aller chercher plus loin que ce que la vie a à offrir : la maturité. Pour Oihan Guillamoundeguy, l’explication est donc là — pour cette année du moins. Du haut de ses 20 ans, le gain de sagesse pourrait paraître quelque peu extrapolé. Mais dans le monde du sport, il est souvent bien plus précoce que dans les carrières professionnelles plus classiques du monde civil. L’an passé par exemple, le plus Basque des Landais réalisait que cette activité qu’il pratique depuis son plus jeune âge se muait en métier. Cette année encore, la prise de conscience s’est accentuée. Pourtant, dans un flegme qui le caractérise, il ne voit dans ses résultats que « le travail qui paie. »

Une affaire familiale qui porte ses fruits

Un an après nous avoir partagé son regard sur sa première saison en deuxième division européenne, peu de choses — d’après lui — ont changé dans l’organisation du joueur. Pourtant, dans son entourage, les visages n’ont pas tous les mêmes traits que douze mois plus tôt. Pierre-Jean Cassagne a laissé place à Robin Cocq en tant que coach de performance, complétant le travail de longue date avec René Darrieumerlou. Mais surtout, c’est une préparatrice mentale officieuse qui a fait son apparition qui n’est autre que… sa maman. « Je ne la compte pas dans mon staff parce qu’en réalité, on a toujours parlé comme on le fait », simplifie-t-il. La vie, les humeurs, le déballage de sac… entre eux, tous les sujets y passent, hormis celui du golf. « Parce que j’ai plus de recul sur certaines choses, j’arrive plus facilement à parler de sujets profonds. C’est ma confidente », ajoute l’intéressé. D’autant plus que cette dernière a repris ses études pour passer des diplômes de psychologue. Et lorsque ses qualités de mère ne suffisent plus à convaincre son fils, la déformation professionnelle se manifeste déjà : « Elle me dit parfois des choses qu’une mère ne dirait pas, mais toujours avec la forme d’une maman donc ça passe », sourit Oihan avant de poursuivre : « En fait, elle va chercher à savoir l’état dans lequel son fils est, et pas le joueur. Et moi j’adore discuter avec elle, il n’y a pas meilleure personne pour ça parce que, avec mon père et mon frère… il y a plus de pudeur. »

« C’est marrant parce qu’on est totalement opposé, lui et moi, sur ça, compare Lilian, son frère. Lui, il a grandement besoin d'exprimer les choses. » Depuis le début de l’année 2024, l’aîné de la famille Guillamoundeguy accompagne son cadet pour, paradoxalement, le caddeyer. Ce qui devait être une mission de dépannage pour quelques tournois est finalement devenu une vocation. « Il est exceptionnel, il travaille beaucoup pour être à la hauteur », note celui qui complète le binôme. Pour cela, le grand Guillamoundeguy s’est renseigné auprès des meilleurs Tricolores de la fonction, dont Tom Ayling et Samuel Bernard. « On s’est toujours très bien entendu, dévoile Lilian. Et même s’il y a la relation caddie-joueur, il y a toujours celle de frères qui existe. Celle-là nous permet de parler de tout et de rien. »

Une affaire d’attitude

Malgré la force familiale qui l’accompagne, ce n’est pas ce socle qui est à l’origine de son plus gros travail de l’année : le changement d’attitude. La mouvance s'est initiée avec deux de ses amis et homologues de travail que sont Alexander Levy et Martin Couvra. À la sortie du Swiss Challenge, le premier cité prend une initiative qui s’avérera bienvenue : « Il m’a appelé au téléphone et on a discuté du comportement d’Oihan sur le parcours », raconte Lilian, d’un tempérament plus posé. « Et après, Alex est revenu vers moi et m’est rentré dedans en disant "si tu as un comportement de merde, tu n’y arriveras jamais. Il faut que tu te professionnalises" », relate de son côté le joueur. De nature nerveuse, le jeune pro était capable de s'enflammer pour un bogey ou une faute et de la ruminer longtemps. Alors, trois semaines plus tard à Munich, Martin Couvra y est aussi allé de son conseil : « Je lui ai dit que c’était un âne, lâche le membre du DP World Tour dans un rire. Plus sérieusement, je lui ai dit qu’il avait le droit d’avoir des temps d’énervement mais qu’ils ne devaient pas être trop longs pour ne pas que ça empiète sur le coup d’après, auquel cas ce serait une erreur professionnelle. Le pouvoir de l’attitude est extrêmement puissant et on peut le contrôler, donc autant le tourner à son avantage. »

De là, le natif de Bayonne s’accorde avec son frère pour glisser à chaque tournoi un petit papier dans son carnet de parcours. Dessus, de simples mots : accepter, rester patient, diminuer l’exigence, passer à autre chose, prendre du plaisir. « Et bizarrement, j’ai commencé à avoir des résultats », ironise-t-il. Même lorsque la performance ne suit pas, il fait l’effort de positiver. Alors qu’il manque le cut au Vaudreuil Golf Challenge pour deux coups fin juin, un certain Sébastien Gros vient aux nouvelles aux abords du club house : « Quand je lui ai donné mon score, il m’a dit que j’avais l’air heureux d’avoir raté le cut. Mais en fait, je relativisais et c’est ça qui l’a agréablement surpris. Donc je suis très content qu’il l’ait remarqué parce que ça veut dire que mes efforts sont visibles. »

En confiance pour le reste de la saison, le n° 15 de la Road to Mallorca aborde la deuxième partie conséquente de la tournée européenne avec une certaine excitation. Celle de s’exprimer sur des parcours relevés et celle de jouer les premiers rôles pour obtenir une place parmi les vingt meilleurs hommes de la saison. Cela signifierait pour lui une promotion au sein de l’élite européenne, un circuit qui lui correspond déjà selon ses pairs.