En remportant les quatre sessions de double, l’Europe a marqué l’histoire de la compétition mais surtout les esprits américains. Largués, ces derniers accusent un retard de 7 points (11,5 à 4,5) avant les simples de dimanche.

Autant tuer le suspense tout de suite tant les hommes de Luke Donald ne s’en sont pas privés : l’Europe a tout gagné ce samedi. Malgré une hausse globale du niveau de jeu, et surtout des Américains, le monde du golf en est arrivé à se demander ce que devaient faire les locaux pour perturber l’écrasante prestation européenne dans cette deuxième journée de la 45e Ryder Cup.
Foursomes : Des efforts en vain
Lors de la session de foursome du matin, le programme était sensiblement similaire à celui de la veille. Face à une formation européenne identique, les hommes de Keegan Bradley affichaient un seul changement dans leurs rangs : le remplacement de Justin Thomas par Cameron Young aux côtés de Bryson DeChambeau. Un choix avéré influent.
Car dans cette première partie du jour, le rookie a été assassin fers en mains. Il a surtout assommé un duo Ludvig Åberg/Matthew Fitzpatrick déséquilibré par un Anglais excellent et un Suédois plus friable sur les greens (putts manqués au 8 pour rester 1 down ainsi qu’au 11 pour revenir 2 down). Des efforts récompensés par une statistique assez triste : celui d’être le seul de la Team USA à avoir inscrit deux points à ce stade de la compétition. Avec le New-Yorkais vainqueur de son match aux côtés de Bryson DeChambeau (4&3), Patrick Cantlay et Scottie Scheffler ont également été auteurs d’une réaction dans les matchs 3 et 4. Le premier a ramené à lui seul le score a égalité face à Jon Rahm et Tyrrell Hatton quand le second n’a jamais lâché Robert MacIntyre et Viktor Hovland en fermeture de session. Pourtant, les assauts répétés du pays hôte ont révélé une capacité encore trop faible à conserver leur élan.
À ce moment-là, la domination européenne se faisait paradoxalement moins évidente dans le score. Le Black Course de Bethpage, toujours aussi soft et propice au jeu des européens, permettait tout de même à ces derniers d’étaler leur hégémonie dans tous les compartiments du jeu, principalement ceux du putting et du petit jeu. Un chip boîté de Fleetwood au 2, une ficelle de Rory au 5, deux autres d’Hatton et Hovland au 6 et au 8 amenaient vite l’Europe à mener dans trois des quatre duels.
Fleetwood Mac en maîtrise
Menée par un grand Tommy Fleetwood, la paire formée avec Rory McIlroy a mis dans sa poche le duo Morikawa/English (victoire 3&2). Malgré un sursaut adverse au 15, les deux copains ont offert un succès important pour porter la marque à 6,5-3,5.
En point d’orgue, Jon Rahm a signé le coup de la journée - du tournoi jusqu’à présent : un chip époustouflant au 8, dans la boîte, pour couper l’élan de ses adversaires revenus à égalité quelques minutes plus tôt. De là, l’Espagnol a pris le relais de son binôme Tyrrell Hatton, plus incisif lors des six premiers exercices que sur le reste du tracé pour guider le duo du LIV vers une victoire 3&2.
À 7,5-3,5 au score, l’attention se portait donc sur le dernier affrontement réunissant Robert MacIntyre et Viktor Hovland face à Scheffler et Russell Henley. À tour de rôle, l’Écossais et le Danois ont contenu un numéro mondial plus orgueilleux mais, à l’image de son ultime coup de fer au 18, encore trop irrégulier. Surtout, en enquillant un putt décisif au 17 pour rester 1up, Hovland a non seulement amorcé la victoire tout en impactant le moral des Américains avant les quatre balles de l’après-midi.
Quatre balles : L’heure européenne
Que dire si ce n’est que la démonstration européenne s’est surtout faite dans cette session des quatre balles ? Si le premier tiers des matchs a été serré, le leaderboard a finalement viré au bleu... entièrement. Passé le douzième trou, ce que les commentateurs de Canal+ ont appelé « l’heure européenne » proposait l’apogée de la supériorité des Bleu et jaune. Les quelques coups de fers plantés au drapeau et autres ficelles des Américains, tentatives désespérées de se maintenir à flot, ont toutes eu leur réponse ferme.
Durant cette fameuse heure, il y a tout eu. L’envolée de Tommy Fleetwood et surtout de Justin Rose qui ont englouti Bryson DeChambeau et Scottie Scheffler à la force de 12 birdies en 16 trous. Une échauffourée a même résulté de la frustration américaine sur le chemin du 16 entre le caddie du « Bison » et le vétéran britannique. Cette atmosphère électrique a d’ailleurs rappelé l’épisode du trou n° 6, scène d’insultes envers un McIlroy désabusé.
Cette heure a aussi été le théâtre d’un coup magistral du Nord-Irlandais au 15 et la consécration de Sepp Straka, faisant passer son match 2 up face à J.J. Spaun et Xander Schauffele avant de le faire tenir à 1 up à un moment décisif sur le green du 15. Quelques minutes plus tard, Shane Lowry climatisait la tribune du 17 avec un nouveau birdie, écho de son enchaînement eagle, birdie, birdie du 4 au 6. Autant de faits d’armes qui ont détruit le moral de la Team USA sur la durée.
Scheffler, symbole d’une perdition
Depuis 1979, aucun joueur n’avait perdu ses quatre premiers matchs dans une Ryder Cup. Scottie Scheffler vient de remettre à jour la statistique avec quatre défaites en autant de doubles.
Au terme de cette après-midi, l’Europe a tout de même vu le binôme de J.J. Spaun et Xander Schauffele sauver l’honneur en remportant son match avant que Matthew Fitzpatrick et Tyrrell Hatton n’inscrivent le troisième point de l’après-midi. L’Europe a donc porté le score général à 11,5-4,5 (un écart record !) pour désormais viser 2,5 points ce dimanche afin de conserver le trophée, et 3 pour s’imposer officiellement.