La Ryder Cup 2025 débute ce vendredi près de New York. Si vous ne connaissez pas ou peu le golf, vous avez forcément entendu parler de ce qui est le plus gros événement de ce sport, et l’un des plus gros tous sports confondus. Voici cinq réponses à des questions simples que vous vous posez sûrement à son propos.

C'est quoi, la Ryder Cup ?
La Ryder Cup est une confrontation entre deux équipes masculines de golf, l’une représentant les États-Unis, et l’autre représentant l’Europe. Elle se tient tous les deux ans, avec une alternance de localisation : une fois elle se joue sur le continent américain, et la fois suivante sur le continent européen.
Un premier match d’exhibition entre deux équipes professionnelles, l’une étatsunienne et l’autre britannique, s’était joué en 1926 sur le parcours anglais de Wentworth. Mais c’est seulement l’année suivante, en 1927, que s’est déroulée dans le Massachusetts la première édition de ce qui allait devenir la Ryder Cup. Son nom vient de Samuel Ryder, un entrepreneur anglais qui a légué le trophée qui est toujours remis, aujourd’hui, à l’équipe victorieuse. La rencontre oppose alors les États-Unis à la seule Grande-Bretagne.
Les premières années voient les deux équipes se livrer des duels serrés, et se partager les victoires à peu près équitablement. Mais après la Seconde guerre mondiale, les matches se déséquilibrent fortement en faveur de l’Oncle Sam : de 1947 à 1971 inclus, les joueurs d’Outre-Manche ne remportent qu’un seul succès, en 1957. Et l’affaire ne s’arrange pas lors de la période 1973-1977, lorsque l’équipe britannique s’élargit aux joueurs irlandais.
Surfant sur leur tropisme européen de l’époque (autre temps, autres mœurs), les Britanniques décident en 1979 d’élargir l’équipe à l’Europe entière. L’occasion de rallier des forces vives en provenance de Suède, d’Allemagne mais surtout d’Espagne, dont le jeune Severiano Ballesteros, qui allait devenir l’âme éternelle de l’équipe européenne de Ryder Cup. Le rapport de force s’inverse alors. De 1979 à 2023 inclus, l’Europe compte 13 victoires, contre 9 pour les États-Unis, et un match nul en 1989… qui a tout de même fait les affaires de l’Europe (lire plus loin).
Mais d’ailleurs, on dit Europe… mais quelle Europe ? Faut-il être un ressortissant, par exemple, d’un pays de l’Union européenne pour avoir le droit de participer à la Ryder Cup ? Réponse très simple : non. Tous les joueurs ayant la nationalité d’un pays affilié à la PGA européenne, autrement dit et pour résumer, au DP World Tour (le circuit professionnel européen masculin de première division) sont éligibles. Exemple cette année : le Norvégien Viktor Hovland joue dans l’équipe européenne, alors que son pays n’a jamais fait partie de l’Union européenne. C’est également la raison pour laquelle le Brexit n’a pas eu la moindre conséquence notable sur l’équipe européenne de Ryder Cup.
Ça se joue comment, la Ryder Cup ?
Depuis sa création, la Ryder Cup se joue intégralement en match play. Il s’agit de l’une des deux principales formules de jeu du golf, qui consiste à disputer une partie sur 18 trous, mais en comptant le score au trou par trou, et non en cumulant le nombre de coups de chacun. Exemple : un joueur américain et un joueur européen disputent un match. Au trou n° 1, l’Européen fait quatre coups, et l’Américain cinq. L’Européen remporte donc le trou. Dans le jargon, on dit qu’il est 1 up, alors que son adversaire est 1 down. Sur le trou suivant, les deux font quatre. Le trou est alors partagé, le score reste le même, et les joueurs passent au suivant. Sur ce trou n° 3, l’Américain fait quatre, et l’Européen fait sept (aïe). Mais cet écart de trois coups n’est pas trop lourd de conséquence, car il permet juste à l’Américain de remporter le trou pour revenir à égalité. Une égalité le plus souvent désignée par l’anglicisme All square (souvent abrégé en AS).
La partie se poursuit ainsi, et fréquemment, elle ne va même pas au terme des 18 trous. En effet, si un joueur (ou une doublette de joueurs) possède plus de trous d’avance qu’il ne reste de trous à jouer, le match s’arrête. Si vous voyez, par exemple, le résultat d’un match noté 4&3, cela signifie que le match s’est conclu avec un camp possédant quatre trous d’avance, avec trois trous restants. En résumé, le match s’est terminé à la fin du 15.
La Ryder Cup se joue sur un total de 28 matches, répartis sur trois jours, entre deux équipes de 12 joueurs. Le vendredi et le samedi sont consacrés aux matches en doubles. Lors de chacune de ces deux journées, huit matches sont disputés, répartis en deux sessions de quatre (l’une le matin, l’autre l’après-midi). Si l’on prend cette édition 2025, les deux matinées sont jouées en formule foursome. Cela signifie que les deux joueurs de chaque paire tapent une seule et même balle, à tour de rôle. L’un des deux joueurs tape la mise en jeu des trous pairs, l’autre la mise en jeu des trous impairs. L’après-midi, la formule passe au quatre-balles : chacun des joueurs joue sa propre balle, du départ au trou. Le score retenu pour l’équipe est le meilleur des deux. Enfin, la dernière journée, la plus dotée en points (12), est consacrée aux simples. Les 12 joueurs de chaque équipe s’affrontent seul à seul. L’affiche des matches est constituée très simplement : chaque capitaine remplit une feuille en notant le nom de ses joueurs dans un ordre de son choix, puis les deux listes sont mises face à face, et les duels sont ainsi constitués.
Un match remporté vaut un point. Un match perdu en vaut zéro. Si les deux camps terminent le trou n° 18 en étant All square, le match se termine, et chacun marque un demi-point. Cette semaine, sur le total de 28 points en jeu, les États-Unis ont besoin, au minimum, de 14,5 points pour l’emporter. L’Europe, de son côté, qui est tenante du titre après sa victoire à Rome il y a deux ans, a seulement besoin de 14 points pour conserver le trophée. D’où le match nul favorable de 1989.
C'est très suivi, la Ryder Cup ?
Les chiffres varient énormément, suivant la manière dont ils sont compilés, quant au nombre total de personnes qui, de par le monde, suivent la Ryder Cup à la télévision. Même chose, sans doute en pire, quant il s’agit de classer la Ryder Cup dans la hiérarchie des événements sportifs à l’échelle de la planète, histoire de la comparer aux Jeux olympiques, à la Coupe du monde de football, au Tour de France ou au Super Bowl. La communication officielle de l’événement aime parler de 350 000 millions de téléspectateurs, mais la méthode rend le chiffre assez invérifiable, et pour tout dire vide de sens.
Ce qui est certain, ce sont les moyens mis en place par les diffuseurs pour s’assurer l’exclusivité de la Ryder Cup. Aux États-Unis, NBC a signé en 2013 un contrat mirobolant pour s’assurer la diffusion jusqu’en 2030. En Europe, la production est assurée par la très puissante Sky Sports britannique, qui distribue le signal à l’international. Les deux assurent désormais la couverture intégrale de la Ryder Cup, du premier au dernier coup, pour pas loin d’une trentaine d’heures de direct en trois jours.
Enfin, un chiffre parfaitement vérifiable est celui des spectateurs présents sur le terrain. Il y a deux ans, en Italie, 271 000 personnes sont venues sur le terrain, durant les trois jours de compétition. Cela représente plus de trois fois la capacité du Stade de France. Ambiance garantie.
Qui va gagner ?
Incontestablement la question la plus dure des cinq. Le golf n’est déjà pas un sport facile à prédire en temps normal, mais alors, pour la Ryder Cup, c’est encore le braquet au-dessus. Cette année, sur le papier, les Américains peuvent faire figure de favoris. D’abord parce qu’ils jouent à domicile, ce qui, à la lumière de l’histoire, donne une probabilité de victoire plus élevée. Ensuite parce qu’ils comptent dans leurs rangs le n° 1 mondial Scottie Scheffler, vainqueur de deux Majeurs cette saison, et de multiples autres lauréats dans les quatre plus gros tournois de l’année (Bryson DeChambeau, J.J. Spaun, Justin Thomas, Collin Morikawa, Xander Schauffele).
Pour autant, les Européens arrivent avec de l’ambition, et des arguments pour l’étayer. Rory McIlroy, n° 2 mondial, réalise l’une des plus belles saisons de sa carrière, en ayant remporté en avril le Masters, le seul Majeur qui manquait à son palmarès. Tommy Fleetwood, l’Anglais, a montré une forme étincelante cet été, en remportant la FedEx Cup, le classement général du circuit américain. Les 12 joueurs européens sont expérimentés, ayant tous joué il y a deux ans en Italie, à l’exception du Danois Rasmus Højgaard… qui a pris la place de son frère jumeau. Surtout, l’équipe européenne peut s’enorgueillir d’avoir réussi à s’imposer quatre fois sur le sol américain (1987, 1995, 2004 et 2012). Les Américains, eux, doivent remonter à 1993 pour trouver trace de leur dernière victoire sur le Vieux Continent. Bref, à vos pronostics.
La Solheim Cup, version féminine de la Ryder Cup
Tous les deux ans, en alternance avec la Ryder Cup, se tient la Solheim Cup. Le principe comme la formule de jeu sont parfaitement identiques, la seule différence étant que les deux équipes sont féminines. Lors des quatre dernières éditions, l’équipe européenne comptait en son sein la n° 1 française Céline Boutier, qui a toutes ses chances d’intégrer à nouveau l’escouade l’année prochaine, pour une édition 2026 qui se déroulera aux Pays-Bas.
Est-ce qu'il y a des Français ?
Malheureusement, les Français n’ont pas réussi à placer l’un des leurs dans l’équipe européenne cette année. Une équipe dans laquelle six joueurs rentrent automatiquement, par un système de points, et que le capitaine, l’Anglais Luke Donald, a complété en choisissant lui-même six autres joueurs.
Dans l’histoire, trois Français ont disputé la Ryder Cup, chacun une seule fois. Jean Van de Velde a été le premier, en 1999. Thomas Levet a connu son tour en 2004 (la Ryder Cup est passée aux années paires en 2002, après un report suite aux attentats du 11-Septembre, puis revenue aux années impaires en 2021, pour cause de pandémie). Levet a d’ailleurs été le premier Tricolore à faire partie d’une équipe victorieuse. Ce fut le cas également pour Victor Dubuisson, en 2014, le seul des trois à avoir disputé (et donc gagné) la Ryder Cup sur le sol européen.

Mais la France est également entrée par la grande porte dans l’histoire de la Ryder Cup en accueillant elle-même l’épreuve. L’édition 2018 a été disputée au Golf National, à Saint-Quentin-en-Yvelines. Trois journées absolument inoubliables, avec Tiger Woods en vedette dans l’équipe américaine, et un bonheur total apporté par la victoire des Européens, 17,5 à 10,5.
L’avenir pourrait bien voir des Français intégrer à nouveau l’équipe européenne de Ryder Cup. D’abord parce que les Tricolores sont présents sur le PGA Tour (le plus grand circuit professionnel du monde) continuellement depuis maintenant trois ans. Et ensuite parce que, de mardi à jeudi, en lever de rideau, se jouait la Junior Ryder Cup, avec des équipes constituées de jeunes amateurs de 18 ans et moins (à la différence notable que les deux équipes sont mixtes). L’équipe européenne, sur ses 12 membres, comptait pas moins de 6 Français. Vivement les prochaines années.