Insoutenable, invraisemblable, pas même imaginé la veille, le scénario du troisième jour de la 45e Ryder Cup a récompensé l’Europe (15-13) malgré une grande fébrilité.

Au matin de cette troisième journée de la 45e Ryder Cup, il était établi que le plus grand pari du jour aller être de trouver l’écart avec lequel l’Europe allait s’imposer. Car à 11,5-4,5 avant les simples, la victoire semblait évidente tant les 14 points nécessaires étaient proches des tenants du titre. Davantage encore lorsque, après l’annonce du forfait de Viktor Hovland, le règlement forçait Harris English à rester au vestiaire et aux équipes à partager le point de ce match. Le score se muait donc en 12-5.
L’ultime session de cette édition 2025 n’a donc compté que 11 affrontements, un cas qui n’était plus arrivé depuis 1993 avec le forfait de Sam Torrance. De là, la journée a démarré sur une tendance similaire à la domination jaune et bleu des deux derniers jours. En l’espace de sept trous, Matthew Fitzpatrick a mis Bryson DeChambeau dans sa poche à 5 down. Deux parties devant dans les duels d’ouverture, Justin Rose prenait l’ascendant sur Cameron Young tandis que Tommy Fleetwood menait 2 up contre Justin Thomas après quatre exercices. Un confort vite dissipé par un retour historique.
Young et DeChambeau ont sonné la révolte
Les Américains ont donc décidé de réagir. De livrer le scénario serré tant attendu depuis jeudi matin. Cette rébellion a eu deux visages : ceux de Cameron Young et Bryson DeChambeau. Le premier, rookie et combattant placide, a renversé un Justin Rose expérimenté jusqu’à le faire plier au 18 (1up) malgré un retour de l’Anglais de 45 ans. Le second a quant à lui réduit son retard à la sortie du 17 à coups de bombardements au driver et de putts téléguidés, faisant craquer son adversaire britannique pour partager le match.
Cet élan a inspiré bon nombre de parties derrière eux, pour ne pas dire toutes. À tour de rôle, Russell Henley, Collin Morikawa, Sam Burns et Ben Griffin prenaient l’avantage 1 up dans leur match respectif. J.J. Spaun et Xander Schauffele, eux, trouvaient le moyen de dominer Jon Rahm (4&3) et Sepp Straka (2&1). La panique semblait petit à petit gagner les hommes de Luke Donald.
Thomas enflamme Bethpage
En grande partie mené par Tommy Fleetwood, Justin Thomas a fini par arracher le point de son match sur le green du 18 pour déclencher une nouvelle liesse du public et porter le score à 12-7.
L’Europe a frôlé l’humiliation
Avec encore sept matchs à jouer, la fragilité européenne se faisait aussi grande que la remontée des rouge et bleu se concrétisait. Heureusement pour les siens, Ludvig Åberg a réussi à donner une once d’oxygène en s’imposant 2&1 face à Patrick Cantlay, amenant l’Europe à 13 points au compteur général. Dans son sillon, Matthew Fitzpatrick sauvait un demi-point supplémentaire au goût ô combien amer. Une demi-satisfaction dissipée aussitôt par les neuvième et dixième points apportés par J.J. Spaun et Scottie Scheffler.
McIlroy vs Scheffler, duel discret
Rendez-vous le plus attendu de la journée, le duel entre le n° 2 et le n° 1 mondial a livré un affrontement sobre. D’abord à l’avantage de McIlroy, le duel a souri à l’Américain à partir du 10, moment où le Nord-Irlandais se faisait une nouvelle fois insulter avec véhémence. Malgré quelques fulgurances, notamment au 15, la hiérarchie a été respectée (1 up pour Scheffler).
Lowry, sauveur à l’arrachée
À ce stade (13,5-10,5), l’enceinte du Bethpage State Park devenait « Panic Land » pour les Européens. À l’instar de Robert MacIntyre face à Sam Burns, Shane Lowry a constamment couru après le score contre Russell Henley. L’Irlandais, barré par des exploits tels que le coup de fer depuis le bunker du n° 3 mondial au 18, a fini par se présenter sur ce dernier green avec la responsabilité de pouvoir donner le demi-point tant espéré par ses partenaires. Alors que lui et son adversaire avaient un putt presque identique, la différence d’expérience avec le rookie a payé : Henley restait court pour birdie, Lowry tapait le fond du trou pour exulter et donner à ses équipiers l’assurance de garder la coupe Ryder pour encore deux ans.
Complété par le match nul entre Collin Morikawa et Tyrrell Hatton, les victoires de Ben Griffin sur Rasmus Højgaard et le match nul entre Sam Burns et Robert MacIntyre, le score s’est finalement soldé sur une victoire 15-13 de l’Europe. La formation continentale a ainsi remis à jour un fait d’arme qu’elle détenait déjà : la dernière victoire d’une équipe à l’extérieur, anciennement datée de 2012 lors du Miracle de Medinah.