Grâce à l’arrivée en 1979 des joueurs continentaux au sein de l’équipe désormais appelée européenne, celle-ci va rapidement prendre du volume. En s’imposant notamment à quatre reprises sur le sol américain entre 1987 et 2012.

Le coup était déjà passé tout près en 1983, à Palm Beach Gardens (Floride), quand les hommes de l’Anglais Tony Jacklin, pour la première fois nommé capitaine de l’équipe européenne, s’étaient inclinés d’un point, 14,5 à 13,5. Forts de leur succès (16,5 à 11,5) deux ans plus tard au Belfry, dans la banlieue de Birmingham – première victoire depuis… 1957 – les Européens emmenés par l’iconique Severiano Ballesteros se lancent alors le défi de gagner sur le sol américain.
1987 : Muirfield Village (Ohio)
Jack Nicklaus, capitaine de la Team USA, joue à domicile. L’Ours blond, qui avait déjà failli mordre la poussière en 1983, accueille en effet les tenants du titre sur un parcours qu’il a lui-même dessiné. On se dit que l’affaire va être rapidement pliée pour les Américains, mais c’est mal connaître la dynamique qui anime les protégés de Tony Jacklin, toujours aux manettes. Après les foursomes et les fourballs du vendredi, l’Europe mène ainsi 6-2. La paire Olazábal-Ballesteros remporte ses deux matches. Le duo espagnol récidive le lendemain en foursome avant de s’incliner ensuite en quatre-balles face à Hal Sutton et Larry Mize.
Mais aux départs des simples, l’Europe est devant : 10,5 à 5,5. Elle n’a besoin que de quatre points pour écrire l’histoire. Jamais depuis 1927 un tel scénario était sur le point d’être écrit. Si les Américains gagnent cinq des sept premiers matches en simples, c’est l’inattendu golfeur irlandais, Eamonn Darcy, qui redonne l’espoir avec un 13e point en battant 1 up Ben Crenshaw, vainqueur du Masters 1984. Bernhard Langer (égalité face à Larry Nelson) et Seve Ballesteros (2&1 face à Curtis Strange) finissent le boulot. Victoire 15 à 13 de l’Europe. L’histoire est désormais en marche !
1995 : Rochester (New York)
Comment aller récupérer le trophée après avoir été battu 15-13 à domicile en 1993 au Belfry ? Les Européens, désormais dirigés par l’Écossais Bernard Gallacher, ont apparemment la recette miracle. Mais celle-ci semble mettre du temps à faire son effet. Les Américains mènent ainsi 5-3 après la première session de doubles,puis 9-7 le samedi soir.
Pas franchement bon signe quand on sait que l’Europe est très souvent dominée durant les parties de simples. Une fois n’est pas coutume, et malgré une lourde défaite de Severiano Ballesteros devant Tom Lehman (4&3), les Européens vont remporter sept matches et accrocher un nul, contre quatre malheureuses victoires côté U.S. Honneur ici au rookie irlandais Philip Walton qui sécurise le point décisif en battant Jay Haas, 1 up.
2004 : Oakland Hills (Michigan)
Une fessée déculottée. C’est comme cela que l’on pourrait résumer la défaite historique des Américains à Oakland Hills. 18,5 à 9,5 ! Un Waterloo golfique pour le capitaine Hal Sutton, qui a notamment eu la très mauvaise idée d’associer le premier jour Tiger Woods et Phil Mickelson, qui se détestent pourtant ostensiblement... A contrario, le capitaine Bernhard Langer réalise un bijou de management : contrairement à l’Anglais Mark James en 1999 à Brookline, l’Allemand fait en effet jouer tout le monde, tous les jours. Et laisse ainsi souffler ses pièces maîtresses.
Pari réussi puisque ses hommes font le job. Après la première session de doubles, ils caracolent en tête : 6,5 à 1,5. Après deux jours, le leaderboard affiche un terrible 11-5 en faveur du Vieux continent. Et les simples du dimanche vont confirmer la domination des Bleus d’Europe avec sept victoires et un nul. Parmi celles-ci, Thomas Levet défait 1 up le vétéran Fred Funk, 48 ans. C’est la plus large victoire de l’Europe sur le sol américain en 77 ans de Ryder Cup. Un exploit qui tient toujours depuis plus de vingt ans maintenant !
2012 : Medinah (Illinois)
Désormais appelée le « miracle de Medinah », cette 39e Ryder Cup est le théâtre de l’une des plus belles remontées de l’histoire de cette compétition biennale. Menés 10-6 à l’issue des doubles du samedi, les Européens du capitaine José María Olazábal réussissent à inverser la tendance en simple en remportant leurs cinq premiers matches, avant de gagner huit des douze rencontres (plus une égalité).
Cet exploit que personne n’attendait intervient un an après le décès de Severiano Ballesteros suite à un cancer du cerveau. Sa silhouette trône sur les manches des polos de chaque joueur européen et Olazábal ne peut retenir ses larmes en fixant le ciel quand l’Allemand Martin Kaymer assène le putt libérateur sur le green du 18 face à Steve Stricker.
Les 37 joueurs européens à s’être imposés aux États-Unis
Severiano Ballesteros (ESP, 1987, 95), Gordon Brand Jnr (SCO, 1987), Ken Brown (SCO, 1987), Howard Clark (ENG, 1987, 95), Eamonn Darcy (IRL, 1987), Sir Nick Faldo (ENG, 1987, 95), Bernhard Langer (GER, 1987, 95), Sandy Lyle (SCO, 1987), José María Olazábal (ESP, 1987), José Rivero (ESP, 1987), Sam Torrance (SCO, 1987, 95), Ian Woosnam (WAL, 1987, 95).
Colin Montgomerie (SCO, 1995, 2004), Costantino Rocca (ITA, 1995), David Gilford (ENG, 1995), Mark James (ENG, 1995), Per-Ulrik Johansson (SWE, 1995), Philip Walton (IRL, 1995).
Pádraig Harrington (IRL, 2004), Sergio García (ESP, 2004, 2012), Darren Clarke (NIR, 2004), Miguel Ángel Jiménez (ESP, 2004), Lee Westwood (ENG, 2004, 2012), Thomas Levet (FRA, 2004), Paul Casey (ENG, 2004), David Howell (ENG, 2004), Paul McGinley (IRL, 2004), Ian Poulter (ENG, 2004, 2012), Luke Donald (ENG, 2004, 2012).
Rory McIlroy (NIR, 2012), Justin Rose (ENG, 2012), Paul Lawrie (SCO, 2012), Graeme McDowell (NIR, 2012), Francesco Molinari (ITA, 2012), Peter Hanson (SWE, 2012), Martin Kaymer (GER, 2012), Nicolas Colsaerts (BEL, 2012).