Après une matinée baignée de bleu en foursome, l’équipe européenne a confirmé sa domination lors des quatre balles non sans batailler face à des Américains encore trop individuels.

À huit heures du matin ce vendredi, la 45e Ryder Cup, opposant les douze meilleurs hommes européens à leurs homologues américains, s’ouvrait officiellement à Bethpage State Park avec la première session de foursome. Sur le Black Course, si l’on attendait une ambiance électrique, des piques et des matchs disputés, il en a été tout autrement dans la première moitié de journée. Pourtant au départ du 1, la partie inaugurale laissait flotter les démons de 2021 (où les Continentaux avaient sombré dans la cohue de Whistling Straits) : Bryson DeChambeau affichait un surplus de confiance, les sifflets du public duraient jusqu’au backswing de Jon Rahm et le trou n°1 était remporté d’entrée par les rouge et bleu. Mais assez vite, les hôtes ont été pris de court sur l’ensemble des quatre matchs par la formation du capitaine européen, Luke Donald.
Foursome : L’Europe au panache
À l’instar des paires Åberg/Fitzpatrick et McIlroy/Fleetwood, les hommes se sont rebiffés sans complexe. Les premiers ont intimidé un Russel Henley n° 3 mondial, certes, mais dont le statut de rookie s’est vite fait sentir malgré le support de Scottie Scheffler à ses côtés. Derrière eux, la paire « Fleetwood Mac » à quant à elle livré une partition tout aussi bluffante. Complémentaires, incisifs, écoeurants d’aisance pour leurs adversaires, les Européens des matchs n° 2 et n° 3 n’ont jamais laissé entrevoir de victoire américaine. En témoignent leur score de -6 joué en stroke play et leurs victoires finales 4&3 et 5&4.
L’attention s’est alors portée sur les deux autres affrontements, plus serrés dans un premier temps. D’abord sur la défensive dans le match 1, Jon Rahm et Tyrrell Hatton ont profité du fait que le binôme adverse reposait essentiellement sur Bryson DeChambeau plutôt que Justin Thomas, inconstant. Après un départ lâché à gauche et un putt simple d’apparence, manqué au 7, « JT » posait une rampe de lancement devant les jaune et bleu. Quelques dizaines de minutes plus tard, Hatton venait porter deux estocades quasi-fatales : une ficelle au 12 pour birdie et un nouvel oiselet au 13. Finalement victorieux au 15 sur le score de 4&3, le duo a apporté le premier point de la journée, inspirant une réaction à leurs équipiers du dernier match mettant en lumière Viktor Hovland et Robert MacIntyre face à Patrick Cantlay et Xander Schauffele. Menés 3 down au départ du 12, l’Écossais et le Norvégien ont réussi à pousser leurs adversaires jusqu’au green du 18 sans parvenir à leur enlever le dernier point matinal (1up).
Le 7, trou décisif
Lors des foursomes, le trou n°7 a permis à Hatton/Rahm et Hovland/MacIntyre de revenir à égalité et de ne laisser aucun avantage au Team USA.
Quatre balles : La Ryder Cup, enfin !
À 3-1 avant les quatre balles, Donald Trump a donc jugé bon de venir instiguer un élan d’énergie à ses ouailles. Un patriotisme qui a porté ses fruits chez les nouveaux entrants américains qu’ont été les rookies J.J. Spaun, Cameron Young, Ben Griffin et le plus expérimenté Sam Burns. Parmi eux, Cameron Young a crevé l’écran. En mettant Justin Thomas en confiance mais surtout en réalisant tout le travail de sape, le n°20 planétaire a permis au double vainqueur du PGA Championship de livrer une performance solide, ne laissant aucune chance à Ludvig Åberg et Rasmus Højgaard (victoire 6&5).
Dans les trois autres matchs, le scénario a (enfin) offert au public les émotions attendue d’un tel événement. D’abord dans le match 1, où Jon Rahm a endossé le rôle de général en tuant les espoirs adverses au 3, au 8 et au 11. Malgré les assauts d’un J.J. Spaun ayant pris la lumière à un Scottie Schffler timoré, « el capitán » a tout verrouillé : même l’unique sursaut du n°1 mondial au 15, éteint par un putt autoritaire de 9 mètres. Indéniablement porté par une force supérieure, le joueur du LIV a déroulé un jeu parfait que son partenaire, Sepp Straka, a fini par emballer dans le plus beau des papiers cadeaux au 16 pour offrir le 4e point du jour à l’Europe.
Mais le coeur de la 45e Ryder Cup a surtout battu dans les matchs 2 et 4. Dans ce dernier, Rory McIlroy, jumelé à Shane Lowry, a fait résonner deux énormes « COME ON » en enquillant deux putts à rallonge au 6 et au 7, synonymes de passage à 2up. À ce moment-là, Sam Burns et Patrick Cantlay semblaient impuissants. Mais Cantlay, meilleur rival du Nord-irlandais depuis Rome 2023 a décidé de refaire le retard à lui tout seul. À égalité au départ du 15, le public a même commencé à s’en mêler, poussant le chouchou des Européens à dresser son plus beau majeur à un spectateur en sortie de green. La meilleure réponse du n° 2 mondial s’est tout de même faite au 17 lorsque son putt de 6 mètres forçait Sam Burns à en faire de même pour ne pas repasser derrière au score.
Dans le même temps, Justin Rose et Tommy Fleetwood concoctaient leur meilleure crème renversée à Ben Griffin et Bryson DeChambeau. La recette a commencé au 7 quand le vétéran anglais a fait taire le public qui venait de célébrer le putt héroïque du rookie de 29 ans. Malgré un retard de 1 down jusqu’au 11, le duo britannique a planté le mât par deux fois au 11 et au 14 pour prendre les devants ; avant que Tommy Fleetwood n’accentue l’avance à 2up sur le green du 16.
Finalement, ces deux parties ont prolongé leur dénouement jusqu’au 18e trou. À cet endroit, le premier des deux ultimes points distribuables est revenu à l’Europe quand la paire McIlroy/Lowry a dû se contenter de partager le match malgré la possibilité de l’emporter. Au crépuscule du premier jour, le score s’est donc arrêté à un total de de 5,5 à 2,5 en faveur des Continentaux. Keegan Bradley et les siens ont contenu tant que possible la grise mine mais le constat était le même : il leur faudrait être très offensifs samedi pour oublier ce démarrage défectueux.