Vainqueur du Carris Trophy le 25 juillet, Callixte Alzas a non seulement signé en Angleterre sa première grande victoire internationale, mais a surtout ouvert la porte à d'autres échéances prestigieuses ces prochains mois.

Avant même son entrée en fac à l'été 2026, Callixte Alzas va bientôt pouvoir se faire un nom aux États-Unis. © Royal & Ancient

Si son début d'été a été très british, sa fin sera toujours à consonance anglo-saxonne, mais plutôt américaine. Et ça tombe bien car Callixte Alzas, 17 ans depuis une semaine, est plutôt à l'aise avec la langue de Shakespeare, comme il l'a démontré vendredi dernier lors du discours de remerciements qu'il a prononcé en conclusion du Carris Trophy. « Ça fait toujours plaisir de devoir parler à la fin d'un tournoi, même dans une autre langue que la sienne ! » note-t-il avec humour. Trois jours après son anniversaire, le joueur licencié au golf de Saint-Cloud et formé depuis quatre ans au Centre de performance du Golf National a en effet pris le micro pour exprimer sa gratitude aux officiels d'England Golf, la fédération anglaise, et du Luffenham Heath Golf Club qui accueillait la prestigieuse épreuve.

Après un excellent parcours à The Amateur Championship fin juin, stoppé seulement en quart de finale par le futur lauréat Ethan Fang, n° 4 au classement mondial amateur, le jeune Français a fait de l'Angleterre son jardin en remportant ce championnat d'Angleterre de stroke play pour les 18 ans et moins. « C'est ma première grande victoire à l'international, dans un gros tournoi qu'ont gagné des gars comme Justin Rose (en 1995, ndlr), donc un tournoi très prestigieux là-bas. Je suis vraiment super content et fier », indique-t-il.

En totale autonomie

Parti en pleine campagne anglaise, dans les environs de Leicester, sans autre accompagnateur que son père, Callixte Alzas a démontré une capacité exemplaire à se débrouiller seul. « Mon papa, qui était en télétravail toute la semaine, a juste fait les trajets pour m'amener au golf, donc j'étais tout seul sur le parcours, et j'ai fait mon truc », poursuit-il. Truc plutôt bien fait, donc, puisque après trois premiers tours bouclés en 70, 67 et 69, il a claqué un retentissant 65 (-5) lors de la dernière journée pour remonter cinq coups de retard et s'imposer avec un d'avance ! « Il fallait être patient car ce n'était pas évident de faire beaucoup de birdies, d'autant plus qu'il n'y avait que deux par 5 sur ce par 70. J'étais deux parties avant les leaders, mais il y avait quelques leaderboards sur le parcours. Au 15, j'ai vu que j'avais une petite chance, et je l'ai saisie. »

Callixte Alzas a ainsi récolté les fruits du travail sérieux et intense qu'il effectue avec son staff au Centre de performance, sous la houlette de Kenny Le Sager pour la technique, Julien Fichot-Lefort pour le mental et Éric Loth pour le physique. « On ne s'attend jamais à quelque chose en particulier, mais pour être honnête ça faisait quelques mois que je jouais bien, et le British Amateur m'avait donné pas mal de confiance », reconnaît-il. « J'ai eu un peu de mal à obtenir des résultats en début de saison car j'avais trop d'attentes. J'ai changé de préparateur mental il y a quatre mois, et en travaillant sur un mindset un peu différent et des préparations plus claires avant les tournois, j'ai réussi à faire de très bonnes dernières sorties, et à me donner la chance de jouer de très belles compétitions pour le reste de l'année. »

Une tournée américaine

Sa belle maîtrise de l'anglais va en effet lui servir dans les semaines et les mois à venir, qui verront Callixte Alzas voyager en Irlande pour le British Boys (11-16 août), sans doute en Belgique pour le Jacques Léglise Trophy (22-23 août), en Floride pour le Junior Players Championship (29-31 août), et très probablement dans l'État de New York pour la Junior Ryder Cup (23-25 septembre). « Il va falloir faire un bon mois d'août pour être sûr de la jouer », avance prudemment celui qui occupe la tête du classement sélectif à un tournoi (le British Boys) de la fin du processus. « Mais c'est vrai que la deuxième partie de saison peut être encore plus folle que la première ! »

Et ce d'autant plus que le jeune homme a de fortes chances de la vivre en compagnie de certains de ses camarades d'entraînement au Centre de performance du Golf National, tels qu'Oscar Couilleau, Hugo Le Goff ou l'Ukrainien Lev Grinberg, qui ont tous trois de bonnes chances d'aller défier les États-Unis à Bethpage Black. « Que ce soit eux, Arthur (Carlier) ou Aaron (Van Hauwe), c'est génial de voir qu'on gagne tous et qu'on continue à progresser ensemble. On se tire vers le haut, il y a une énorme émulation, et quand l'un gagne tout le monde a les crocs pour être le suivant. On a un groupe incroyable, que ce soit humainement et golfiquement, et c'est pour ça que c'est beau de partager notre passion au quotidien au Centre ou en tournoi, et de voir qu'on évolue tous ensemble », souligne Callixte.

California dreamin'

Ce groupe va d'ailleurs continuer à évoluer ensemble, selon un mode de fonctionnement certes différent, ces prochaines années. Si Carlier et Van Hauwe, nés en 2007, partiront dès cet été étudier aux États-Unis, Alzas, Couilleau, Le Goff et Grinberg les rejoindront sur le circuit universitaire à la rentrée 2026. « On va se croiser sur des tournois là-bas pendant quelques années encore, ça va être incroyable ! » anticipe le futur étudiant de l'université de Californie à Berkeley. « J'attends ça avec impatience... Même si ça va être très différent du Centre, ça va être une très bonne expérience humaine et sportive. »

Durant quatre ans, le pont du Golden Gate et la baie de San Francisco vont constituer le panorama quotidien de Callixte Alzas. Après la rencontre des coachs californiens et la réception d'une offre, cette perspective n'a pas été longue à le séduire : « J'ai beaucoup discuté avec Joël Stalter (qui y a étudié de 2010 à 2014, ndlr) qui m'a conforté dans cette envie d'aller à Berkeley. J'ai visité la fac, j'ai vu qu'ils s'entraînaient sur d'excellents parcours et qu'ils pouvaient même aller sur des golfs mythiques comme Pebble Beach ou l'Olympic Club, donc j'ai saisi cette offre sans aucune hésitation », raconte le futur Golden Bear.

Avec un an devant lui avant de s'installer outre-Atlantique, Callixte Alzas aura largement assez de temps devant lui pour pratiquer l'anglais et peaufiner la traduction de l'expression qu'il emploie pour imaginer son rêve américain : « Ça va être la régalade ! »