C'est un monument du golf français que reçoit cette semaine le Golf d'Ésery : les Internationaux de France de foursome mixte, épreuve créée en 1926, et rare parmi celles du calendrier amateur à être ouverte... aux professionnels !

La coupe Thion de la Chaume est ornée de noms prestigieux. © Golf d'Ésery

« Le prix Thion de la Chaume, double mixte joué pour la première fois cette année, avait réuni hier trente-deux équipes à Fontainebleau. » C'est par ces mots succincts que le quotidien Le Gaulois, dans son édition du 6 juin 1926, relate la naissance des Internationaux de France de foursome mixte. Il y a 97 ans, l'Union des Golfs de France, l'ancêtre de la Fédération, créait pour ses pratiquants, de plus en plus nombreux, un nouveau championnat international. Calquée sur le modèle des Worplesdon Mixed Foursomes disputés en Angleterre depuis 1921, l'épreuve est dotée d'une massive coupe en argent offerte par René Thion de la Chaume, père d'une certaine Simone...

Celle-ci, future Mme René Lacoste, commence alors à écumer, malgré son très jeune âge (elle est née en 1908), les titres les plus prestigieux : le British Girls en 1924, la coupe Femina de 1924 à 1926, le championnat de France en 1925 et 26, et les Internationaux de France cette même année, quelques jours auparavant à Saint-Germain. Bien d'autres suivront, mais pas immédiatement : dans la première édition de ce double mixte, Simone Thion de la Chaume et son partenaire André Vagliano, meilleur amateur français du moment, font figure de favoris, mais sont sortis au deuxième tour par Dorothy Pearson et... son propre frère, Robert Thion de la Chaume !

Adrien Saddier parmi les 76 engagés

Une lecture rapide du palmarès donne une assez bonne idée de l'esprit de la compétition : un rendez-vous amical, souvent familial même, propice à réunir sous une même bannière mari et femme, père et fille, mère et fils, frère et sœur ou camarades de club. En 2004, une particularité supplémentaire a été donnée à ce championnat, afin de relancer sa popularité alors déclinante : la possibilité de constituer des paires comprenant un amateur et un professionnel (c'est également le cas des versions masculine et féminine de ce championnat). « C'est sympa de pouvoir se mélanger », apprécie Adrien Saddier, deux fois vainqueur. « Je l'ai gagné en 2009 en tant qu'amateur avec Sabine Etchevers, ma coach à Ésery avec qui j'ai appris le golf ; puis en 2013 avec Mathilda Cappeliez, alors que je venais de passer pro. »

Sans oublier une finale perdue en 2009, année où il était associé à une autre joueuse d'Ésery, son amie d'enfance Julia Salomon. Leur association renouvelée pour cette édition 2023, qui débute vendredi, est-elle alors placée sous le signe de la revanche ? « On parlera de revanche si on arrive en finale ! » rigole-t-il. « Ce tournoi, c'est vraiment histoire de s'amuser et de passer un bon moment ensemble », affirme l'actuel 81e de la Race to Dubai, qui entend bien profiter au maximum de cette semaine à la maison avant de retrouver l'ordinaire du DP World Tour dans huit jours en Espagne.

Mathilda Cappeliez et Adrien Saddier, lauréats en 2013. © D. R.

Départ des marques jaunes pour tout le monde

Permettre aux participants de s'amuser, de passer du bon temps ensemble, tel est aussi le but du Golf d'Ésery en recevant à nouveau cette compétition, six ans après sa dernière visite sur le parcours du Sacconay. « On mettra des petits cadeaux au départ du 1, et on a prévu un cocktail le vendredi après la qualification pour remercier tout le monde et annoncer le tableau final. Pendant le week-end, on préparera un petit plat de pâtes le midi pour que les équipes qui gagnent puissent repartir vite sur le terrain. Avec l'été indien, il fait encore trop chaud pour une raclette ! », plaisante Nicolas Guérindon, le directeur sportif du club haut-savoyard, lui aussi figurant parmi les 76 engagés (38 équipes). Mais au-delà des spécialités culinaires locales, c'est surtout par la préparation du terrain que le club hôte entend régaler ses convives : « Les conditions d'ensoleillement actuelles font que le parcours a très bien repris. C'est très bon en ce moment, et on va pouvoir varier les plaisirs : il y a quelques trous assez courts pour les longs frappeurs qu'on pourra rendre très intéressants en modulant les départs », indique-t-il.

La formule du foursome, mixte qui plus est, porte en elle-même la promesse d'un beau spectacle. D'autant plus - autre particularité de ces Internationaux - que les départs se font des jaunes, pour les hommes comme pour les femmes. « Ça ajoute un petit aspect stratégique intéressant », observe Adrien Saddier. « Il y aura des trous plus courts que d'autres selon qui mettra en jeu sur les pairs et les impairs, donc il va falloir trouver la bonne alternance pour en tirer profit. Ça ne sera pas forcément le cas pour la qualification en stroke-play, car le parcours est bien préparé et les greens sont tortueux et rapides, mais ça va être amusant en match-play car il y aura beaucoup de coups à tenter, sur des courts par 4 ou même sur les par 5. » Au pied des Alpes, le dernier grand rendez-vous du calendrier amateur 2023 débute ce vendredi sous le signe de l'excellence, de la mixité et de la convivialité.

Programme

Vendredi 13 octobre : Qualification en stroke play (16 équipes retenues)
Samedi 14 octobre : Huitièmes de finale le matin, quarts de finale l'après-midi
Dimanche 15 octobre : Demi-finales le matin, finale l'après-midi