De sa première dernière partie fin janvier à l'American Express à ses quatre cuts ratés d'affilée en février et mars, Paul Barjon dresse le bilan de son début d'année 2022 sur le PGA Tour. Trois mois marqués par quelques déceptions, mais surtout de l'expérience, de l'ambition et du plaisir !

© Orlando Ramirez / Getty Images via AFP

Première dernière partie à l'American Express

« L'expérience vécue à La Quinta a été fantastique. Si on m'avait dit au début de la semaine que je ferai un top 10, j'aurais signé, mais si on m'avait dit le dimanche matin que je n'aurais fait que top 10 alors que j'étais en dernière partie, je ne l'aurai sans doute pas pris... Les objectifs changent au fur et à mesure de la saison, mais aussi au fur et à mesure de la semaine. À chaud, c'était très décevant de ne pas saisir cette chance de gagner mon premier PGA Tour pour mon 6e tournoi en tant que membre, mais quand on fait le bilan à froid c'était super de jouer dans le dernier groupe sous une telle pression, sur un parcours dont les derniers trous étaient assez intimidants. C'était une expérience que je n'avais jamais vécue auparavant, donc de ce point de vue-là c'était très instructif. J'ai pu observer quelles étaient mes tendances sous ce type de pression, et il en est ressorti que j'avais un peu de mal à trouver la bonne vitesse au putting, et que je restais un peu court sur les approches entre 100 et 200 m. J'ai pris des notes, et à la prochaine opportunité, en espérant qu'elle arrive rapidement, j'espère pouvoir faire de petites adaptations. »

76-83 : le cauchemar de Bay Hill

« Évidemment, ma participation à l'Arnold Palmer Invitational n'a pas été terrible en termes de résultat. Le parcours était très exigeant, et même si mon jeu dans l'ensemble n'a pas été si mauvais que ça, mon putting a été assez catastrophique. À la fin, ce n'était plus très drôle de jouer sans trop de but sur un parcours préparé comme pour un U.S. Open, puisque je n'avais plus aucune chance de passer le cut. Le vendredi était une de ces journées où rien n'est allé dans le bon sens. À chaud, j'avais presque envie d'arrêter le golf ! Quand on n'arrive pas à faire un seul birdie, c'est très frustrant... Le tracé en soi n'est pas un monstre, il n'est pas si long que cela et il n'y a de l'eau en jeu que sur quelques trous, mais au niveau de la préparation c'était assez brutal. C'était ferme et rapide, et il y avait beaucoup de gros rough autour des greens, qui a commencé à être piétiné et nous a donné quelques lies improbables. C'était un vrai cauchemar, mais une bonne expérience malgré tout. La seule chose à faire, c'est d'apprendre les leçons que je peux en tirer. On a regardé les statistiques pour voir sur quoi il fallait s'améliorer, et il en est ressorti que le putting était un peu à la ramasse. C'est sur cela que je vais me concentrer ces prochaines semaines. »

Cuts ratés à Torrey Pines, Pebble Beach et Palm Beach Gardens

« Au Farmers Insurance fin janvier, mon driver s'est cassé le premier jour, donc ça n'a pas aidé. Ce n'est pas forcément la raison pour laquelle j'ai manqué le cut, mais ce n'est pas le tournoi où on peut se permettre de jouer sans son driver, puisque le parcours de Torrey Pines est très long. À Pebble Beach ensuite, le driving n'a pas été super efficace, et le putting pas très bon. Les greens étaient très abîmés car foulés par énormément de joueurs en raison du format pro-am du tournoi. J'ai changé de putter – le golfeur psychopathe en moi a voulu faire ce changement – et ça n'a pas trop marché ces dernières semaines. Donc je reviens au putter qui a bien marché depuis un an et demi. C'est dur de s'empêcher de changer de putter quand ça va mal sur les greens, et j'ai eu la preuve que ce n'était pas forcément la bonne solution ! Enfin au Honda Classic j'ai vraiment bien joué, mais j'ai fait un double et un triple en deux tours qui m'ont coûté vraiment cher. Ce n'est pas le genre d'erreurs que je fais d'habitude, quand je joue bien, alors perdre cinq coups en deux trous rend compliqué de passer le cut, sur un parcours là aussi très exigeant. Mais dans l'ensemble le jeu n'est pas loin d'être bon. J'essaie de relativiser ces quelques erreurs, il y a encore beaucoup de tournois à jouer et on sait qu'en golf il y a des hauts et des bas. »

Trois tournois d'affilée au programme

« J'ai trois semaines consécutives prévues avant le Masters : en Floride pour le Valspar Championship, en République dominicaine pour le Corales Puntacana Championship et au Texas pour le Valero Texas Open, donc je me prépare au mieux pour bien enchaîner ces rendez-vous. Ce serait vraiment top de décrocher une place pour le Masters, mais le principal est de continuer à bosser un maximum. J'ai l'impression de bosser plus que jamais depuis que je suis pro, donc il n'y a pas de raison pour que je ne joue pas mieux. Et j'ai aussi l'impression de mieux jouer, donc il faut continuer à bosser dur et me donner des chances d'être bien placé le dimanche. C'est toujours l'objectif principal : ne pas se mettre hors du tournoi avant la fin. Quand j'ai passé le cut à Hawaï, c'était super, mais à moins de jouer 58 le dimanche je n'avais aucune chance de gagner...

On joue sur des parcours dingues, le temps est presque toujours magnifique, on voyage dans des endroits mythiques et on est traités comme des rois : on vit le rêve !

Une analyse à deux niveaux

« Évidemment, on fait des stats, et ce qui est super avec le PGA Tour c'est qu'on peut refaire précisément la partie sur tous les tournois puisqu'il y a une base de données de coups et de distances assez incroyable. Donc on peut faire une analyse par les chiffres très poussée, mais j'aime bien aussi en discuter avec mon caddie, faire ce travail en partant de notre ressenti à tous les deux. Les leçons qu'il faut en tirer sont importantes : si j'étais vainqueur de tournoi j'aurais plus de temps pour m'adapter, mais en tant que rookie, avec 20 ou 25 tournois au calendrier pour garder la carte, il faut faire vite et s'adapter rapidement pour ne pas se retrouver dos au mur en fin de saison. »

Living the dream

« Même si tout ne se passe pas comme on le souhaite, il faut se rappeler d'où on vient. Quand j'étais gamin, mon rêve était d'être sur le PGA Tour. Maintenant que j'y suis, les objectifs changent comme je l'ai dit, mais il ne faut pas oublier qu'il y a quelques années, ce n'était encore qu'un rêve. On joue sur des parcours dingues, le temps est presque toujours magnifique, on voyage dans des endroits mythiques et on est traités comme des rois : on vit le rêve ! Mon frère est venu pendant quelques semaines me suivre en Californie, et il a halluciné : il y a des concerts le soir sur tous les tournois, il y a 10 000 personnes autour du green, on est dans des endroits magiques, c'est vraiment le pied. Ça reste du boulot, mais ce n'est pas le pire des boulots... »

Vite sécuriser la carte

« Le planning, après les trois tournois qui arrivent, va s'affiner. La semaine après le Masters, il y a peu de chances que je rentre dans le champ du RBC Heritage, qui est réduit à 132 joueurs, à moins de faire trois bonnes semaines avant. Après ça, le gros de la saison va arriver, les tournois vont s'enchaîner. Je sais qu'après quatre tournois je commence à ralentir mentalement ou physiquement, donc c'est le maximum en théorie. Mais étant rookie, je dois m'adapter. L'objectif est de très bien jouer dans les tournois qui arrivent pour me donner le luxe de faire mon planning comme je le veux par la suite. Ce serait bien de sécuriser ma carte rapidement pour me donner ensuite la chance d'être efficace sur un ensemble de tournois choisi et cohérent, et de pouvoir bosser correctement entre. Car sur le PGA Tour, c'est comme sur le Korn Ferry Tour : il vaut mieux faire deux top 10 et huit cuts ratés que dix fois 40e. »

L'U.S. Open en ligne de mire

« J'ai la chance d'aller directement aux qualifications finales de l'U.S. Open, et ce sera clairement un objectif de ma saison que de jouer à nouveau ce Majeur. J'en ai déjà fait deux, c'est le tournoi le plus dur de l'année, et c'est le genre de rendez-vous que je ne veux pas manquer. Je me suis toujours dit dans ma carrière que si je devais choisir entre deux tournois, je prendrai toujours le plus dur, celui où la compétition est la plus relevée. J'aurais pu aller à Porto Rico plutôt qu'à Bay Hill, ça aurait pu être une option intéressante de jouer dans une épreuve à champ très inférieur et marquer des points là-bas, mais ce n'est pas ma philosophie. Pour l'U.S. Open, c'est pareil : si je peux aller le jouer, ce sera encore une expérience formidable pour apprendre un max, et pourquoi pas me donner une chance de gagner. »

Rendez-vous avec Julien Brun !

« Avec Julien, on a parlé de la possibilité de se retrouver en tournoi, sur les épreuves co-sanctionnés avec le DP World Tour début juillet. Jouer un tournoi ensemble ne nous est pas arrivé depuis longtemps... Julien commence à être bien classé sur le circuit européen, donc peut-être qu'il jouera le Scottish et le British Open – c'est tout ce que je lui souhaite ! Moi aussi j'espère jouer ces deux-là plutôt que les deux plus petits en parallèle aux USA. À nous de faire le boulot pour se retrouver en Europe, et si ce n'est pas le cas on se verra avec le même plaisir aux USA. »