Parce qu’ils sont aussi passionnés que ceux qui disputent le Championnat de France des Jeunes, les parents sont souvent très investis pendant les compétitions. Un amour qui l’emporte parfois sur la raison et qui demande d'être contenu.

Madame, Monsieur, bravo !
Laissez-nous vous dire que votre fils est le plus beau lorsqu’il enquille un putt de 15 mètres en dévers droite-gauche pour arracher sa demi-finale du lendemain. Quant à votre fille, sa perfection n’a égale que sa maîtrise des chips en finesse qui viennent mourir dans le trou pour déclencher la liesse du public. Hourra ! Le nouveau Matthieu Pavon est là. Hourra ! La nouvelle Céline Boutier est toute trouvée. Nous en faisons un peu trop ? Sûrement. Mais cette extrapolation du récit est inhérente à la pratique du golf. Elle est même naturelle. Le fruit d’un florilège de sentiments nobles que sont l’amour, la tendresse ou encore la passion, eux-mêmes véhiculés par le simple fait d’être papa ou maman.
Alors que le Championnat de France des Jeunes est officiellement lancé depuis ce lundi 21 juillet, derrière les meilleurs U12 et U14 de l’Hexagone débarquent les plus grands supporteurs que le monde aient pu créer, et ce, quelle que soit la discipline : les parents. Mais au golf, ça veut dire quoi être parent ? De notre point de vue à nous, navigateurs des fairways en quête des plus belles histoires à raconter, c’est avant tout un rôle multifonctions. Coach, caddie, préparateur physique, nutritionniste, manager, agent, photographe, supporter… Pour chaque parent des 293 jeunes en lice dans cet événement, c’est une casquette a minima ; quand certains en portent plusieurs. Peu importe la quantité, force est d’admettre que cet investissement est admirable ; davantage encore lorsqu’il demande de se déplacer aux quatre coins de la France, en l’occurrence au Domaine du Gouverneur pour une semaine de compétition.
Mais cet engagement sans limite sentimentale porte avec lui sa malédiction, un mal parfois flou à discerner : l’excès d’investissement. C’est ce qui a poussé pour la première fois la Fédération française de golf - sur une initiative de la ligue Auvergne-Rhône-Alpes - à placarder lors du CFJ 2022 une pancarte à destination des parents un peu trop extrémistes.
« C’est un dispositif qui aide les parents à bien agir pendant les compétitions fédérales », pose en préambule un des responsables sportifs du CFJ, Arnaud Cusset. Aujourd’hui, le représentant de la ffgolf donne de l’écho à ce projet d’encadrement des parents sur chaque rendez-vous national. Non pas pour leur faire la leçon, mais pour le bien des enfants avant tout. « On ne veut pas interdire aux parents de venir, ce n’est pas l’objectif. Mais il est important qu’ils adoptent la meilleure attitude pour que chacun passe un bon moment. »
Amateur de sport ou non, difficile de ne pas aller observer son enfant délivrer sa prestation pour le plaisir du jeu, la quête du souvenir ou le simple partage. Amateur de golf ou non, tout aussi complexe est la capacité à rester impassible aux événements qu’ils nous proposent. Mais pourtant cette retenue est nécessaire. « On l’oublie souvent, mais les parents n’ont pas le droit de parler à leur enfant pendant le championnat. Pour qu’ils soient bien au fait, on a proposé aux parents deux fascicules pour s’occuper pendant la partie de leur enfant : en suivant la partie de devant, en notant les scores ou en aidant la ligue », énumère le responsable.
Le guide en quelques mots
Au détour de 28 pages *, le guide « Mon enfant joue au golf en compétition » suggère quelques commandements pour être le suiveur parfait. Pour une formation express, la page 17 résume les valeurs à promouvoir et l’importance du développement de l’autonomie.
* Le guide est à télécharger au bas de cet article.
Mais parfois, l’amour l’emporte sur la raison et amène une présence immuable auprès de son chérubin. Sur le tracé des U12 cette semaine, le parcours du Montaplan, le départ du 1 est le lieu d’embauche pour tous. Un premier papa s’en va à la retombée de balle, « ça me permet de me tenir à distance » explique-t-il. Derrière, un com-père - également encadrant de ligue - regarde le coup de driver de son fils avant « de retourner [s]’occuper des autres ouailles » du groupe Nouvelle-Aquitaine. Et puis en arrière-plan, une maman généralise l’attribution des rôles dans chaque famille : « Les mamans s’occupent plutôt de la nourriture, des habits et des "allez mon chéri". Puis dès qu’ils nous parlent de technique, là c’est plutôt le rôle des papas. »
« C’est évidemment leur rôle de parent et nous le respectons, appuie Arnaud Cusset. Nous visons simplement à limiter le dépassement de fonction et surtout à prévenir de réactions trop extrêmes. Certains jouent les arbitres, d’autres les caddies ou les coachs, c’est compréhensible mais ça ne va pas dans l’intérêt des enfants », insiste-t-il. Petit à petit, les mauvais élèves ne représenteront plus qu’une infime partie de l’océan parental, encore moins conséquente qu’elle ne l’est aujourd’hui. Pour le plus grand plaisir de tous.