La première édition de l’épreuve s’est disputée sur trente-six trous en stroke play le 17 mai 1924 sur le parcours de Chantilly. Puis, elle est devenue la qualification du National Amateur cinq ans plus tard jusqu'à s'afficher aujourd'hui comme une épreuve incontournable du golf français.

Le trophée remis au vainqueur du Championnat de France messieurs. © Alexis Orloff / ffgolf

Fils du Marquis Jean de Ganay, fondateur du golf de Fontainebleau, Jacques de Ganay occupait la fonction de secrétaire général de l’Union des Golfs de France. Désireuse d’établir un classement des joueurs français et de découvrir de jeunes talents, l’UGF décida de créer une compétition en 1924 et le Comte Jacques de Ganay offrit le challenge et les coupes remis aux lauréats. De nos jours, et ce depuis 1956, la coupe Ganay récompense le vainqueur de la qualification du Championnat de France amateur messieurs, appelé au siècle dernier le «National Amateur». Doté du Trophée Jacques Léglise, ce championnat, joué en match play, a donné lieu, depuis près d’un siècle, à des finales mémorables. Trois d’entre elles sont allées bien au-delà des trente-six trous et leurs acteurs, vainqueurs ou vaincus, ont accepté d’en parler quatorze ans, vingt-six ans et soixante ans après ! 

1996 : Fabrice Stoléar s’impose au 41e trou face à Jean-Marc De Polo

Champion de France cadets en 1991 au 37e trou de sa finale contre Sarel Son HouiFabrice Stoléar (22 ans en 1996) dut batailler quatre trous de plus pour battre Jean-Marc De Polo en finale du championnat de France messieurs sur le parcours du Paris International Golf Club, dessiné par Jack Nicklaus. « Un titre de champion de France reste gravé à vie dans la mémoire, reconnaît l’ancien capitaine de l’équipe de France messieurs. Et, les deux miens, je les ai transpirés (rires). Je n’ai aucun souvenir des trente-six premiers trous de la finale. En revanche, je me rappelle de tous mes coups du play off qui a bien failli prendre fin dès le premier trou sur lequel j’ai concédé un bogey. Mais, Jean-Marc a loupé un petit putt pour le par. Une sortie de bunker - putt au 39e trou m’a permis de poursuivre. Puis, au 41e, j’ai rentré un putt de 5-6 m pour le birdie. Ce fut une véritable délivrance. Toute la pression est retombée d’un seul coup. J’étais épuisé au terme de cette longue semaine sur un parcours vallonné et exigeant physiquement et mentalement. Après, je suis allé fêter ça avec Raphaël Jacquelin et Jean-Charles Cambon. J’ai oublié le sac dans lequel j’avais glissé mon trophée dans la rue et je ne l’ai pas retrouvé. Heureusement, la Fédération m’en a offert un autre. » Vingt-six ans après le titre de son père, Evan Stoléar, pensionnaire du Pôle France Ski, vient d’être sacré champion de France de descente U18. Bon sang ne saurait mentir.

Fabrice Stoléar
Fabrice Stoléar

1962 : Henri de Lamaze poussé au 40e trou par Patrick Cros

Vainqueur à quatorze reprises de cette épreuve (1947, 48, 49, 50, 51, 53, 55, 56, 57, 58, 61, 62, 66 et 71 à 53 ans !), Henri de Lamaze ne fut contraint de prolonger la finale en play off qu’une seule fois, en 1962 sur le parcours de Saint-Germain, contre Patrick Cros, l’étoile montante du golf amateur français. Face à son glorieux aîné (44 ans), le champion de France junior (19 ans) et futur triple champion (1963, 64 et 65) chez les messieurs, n’avait nullement été impressionné : « J’étais obsédé par la victoire, j’avais une envie de gagner permanente dans le sang, explique Patrick Cros. Je ne me souviens pas du déroulement de la partie, à l’exception du 36e trou. Nous nous sommes retrouvés avec un putt d’un mètre tous les deux. Il m’a lancé : donné-donné ? J’ai accepté. Au premier trou du play off, j’ai eu un nouveau putt d’un mètre, en montée, celui-là. J’ai alors pensé : t’es champion de France. Mais, ma balle est passée à côté du trou. Au 38e, Henri de Lamaze a rentré un putt de six mètres pour ne pas perdre. Nous avons partagé le 39e. Et sur le par 5 d’après, le drapeau avait été positionné derrière un bunker, à droite. Il a tapé un coup rentrant fabuleux et moi, j’ai pris trois putts. J’aimais beaucoup Henri. Il a toujours été d’une incroyable gentillesse à mon égard. Je me rappelle m’être fâché bêtement un jour avec mon père qui m’entraînait ainsi que mes frères (tous champions de France !). Henri a su trouver les mots justes et m’a lancé : c’est pour ton bien qu’il t’a dit ça. Je me suis excusé auprès de mon père et nous nous sommes réconciliés. Henri n’était pas un athlète mais, il était supérieur aux autres mentalement. C’était un redoutable compétiteur. Et, comme il était très fort, il était jalousé. » Après une magnifique carrière amateur, Patrick Cros devint professionnel et consultant sur Antenne 2, aux côtés de Jean-Louis Calmejane, avec lequel il proposait des émissions de golf : « À l’initiative de Christian Quidet, un visionnaire », conclut l’enseignant du golf de Paris - Longchamp. 

Henri de Lamaze

2008 : la rage de vaincre de Stan Gautier sacré à 15 ans

Pendant treize ans, Stan Gautier est resté le plus jeune champion de France messieurs (15 ans en 2008) de l’histoire de la compétition jusqu’à ce que Hugo Le Goff ne l’efface des tablettes, l’an dernier, en décrochant le titre à 13 ans ! Deuxième de la qualification du championnat de France 2008 au golf de Saint-Germain, Stan Gautier avait bénéficié d’une programmation avantageuse : « J’avais joué tard tout au long de la semaine et j’avais donc pu dormir le matin, se remémore-t-il. Avant la finale contre Raphaël Marguery, mon partenaire au RCF La Boulie, je n’avais eu qu’un seul match serré, bouclé au 17. Mais, la finale, devant de très nombreux supporters de La Boulie, fut beaucoup plus difficile pour moi. À l’issue des dix-huit premiers trous, j’étais 4 ou 5 down. Pendant l’interruption, mon coach mental m’avait passé un savon parce que je n’avais pas respecté la stratégie. Il m’a donné la rage de gagner. Mais, au 24e trou, j’étais 6 down puis j’ai comblé mon retard pour passer devant pour la première fois du match au 31e. Pas pour longtemps car, Raphaël a repris l’avantage (2 up au départ du 17). J’étais «dormie». J’ai gagné le 17 avec un birdie et le 18 avec un par. Nous avons partagé le 37e. Sur le par 5 suivant, je me suis retrouvé à 1,5m du trou pour le birdie et Raphaël à 5m pour le par. Il a enquillé son putt et le mien est devenu, d’un seul coup, beaucoup plus difficile car il fallait le rentrer pour l’emporter. Et, je l’ai mis. Ce fut très fort émotionnellement et j’ai appris énormément dans cette finale. » 

Aujourd'hui Stan Gautier a mis un terme à sa carrière professionnelle pour se tourner vers l’enseignement au sein de l’académie Altus Performance Europe dirigée par son mentor, Guillaume Biaugeaud. Cette année, la coupe Ganay et le championnat de France messieurs auront lieu sur le parcours des 24 heures du Mans.

Stanislas Gautier © Alexis Orloff / ffgolf