Vainqueur il y a tout juste un an en Suède après seulement treize départs sur le Challenge Tour, le Nordiste domicilié à Munich renoue avec la compétition cette semaine en Espagne. Avec l’objectif cette fois de finir dans le top 20 de la Road, synonyme de montée à l’échelon supérieur en 2023.

Deux cuts franchis en six départs cette saison pour Félix Mory, en possession d'une catégorie 1 sur le Challenge Tour © Oliver Hardt / Getty Images - AFP

La reprise de la compétition à Cadix ce jeudi au Challenge de España après plus d’un mois et demi de « break » va coïncider, presque au jour près, avec la première et pour l’instant unique victoire de Félix Mory sur le Challenge Tour. Le 22 mai 2021, le Nordiste, installé à Munich(Allemagne), avait en effet remporté du côté de Stockholm le Dormy Open en battant au premier trou de play-off le Suédois Björn Hellgren. Après seulement treize départs sur la deuxième division européenne… 

« Tiens, c’est vrai, je n’y avais pas pensé, souligne le principal intéressé, monté du Pro Golf Tour à la fin de l’année 2019. Ce fut un beau souvenir. J’y repense de temps de temps. Mais pas plus que ça. Il faut avancer… J’avais prouvé que j’avais complètement ma place sur le Challenge Tour. Cela m’avait donné forcément de la confiance. Ce que je faisais, ce n’était finalement pas hors-sujet par rapport à mon jeu et à mes entraînements. Cela confirmait quelque part que j’étais dans le vrai… »

Un succès qui, paradoxalement, allait « freiner » sa progression. Durant ses huit tournois suivants, le membre du Golf du Sart à Villeneuve d’Ascq (59) ne va ainsi accrocher aucun top 25. Il faudra attendre le 14 août pour le revoir aux avant-postes, signant une belle 5e place au Danemark, au Made in Esbjerg Challenge

« Je me suis un peu trop projeté sur la suite, reconnait-il. Je pense être sorti du moment présent. Au Danemark, en août, j’étais en tête avec neuf trous à jouer sur le dernier tour mais je n’ai pas réussi à vivre le moment présent, j’étais déjà dans ce qui pouvait m’arriver ensuite… Ce genre de raisonnement n’est jamais bon. Quand on en pense trop au résultat, on se rajoute trop de pression. Mais je pense aussi qu’il faut passer par là pour apprendre. »

Chaque première saison, c’est quelque part une découverte. On se demande si on est vraiment à sa place, on ne sait pas trop se situer par rapport aux autres.

Il prendra finalement la 35e place de la Road to Mallorca avec 11 cuts franchis en 21 tournois joués. Une déception qu’il cherche néanmoins à expliquer et, surtout, à la replacer dans son contexte.

« C’était vraiment ma première vraie expérience sur le Challenge Tour. Je suis monté du Pro Golf Tour fin 2019 mais en 2020, il n’y a quasiment pas eu de saison (Ndlr, 11 tournois en tout et pour tout avec une interruption de jeu entre le 16 février et le 9 juillet en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19). Chaque première saison, c’est quelque part une découverte. On se demande si on est vraiment à sa place, on ne sait pas trop se situer par rapport aux autres. Et puis quand on gagne assez vite, on a envie de plus. Il faut toujours voir du positif dans chaque résultat même si cela semblait être différent. »

L’exercice 2022 a démarré on va dire doucement pour le golfeur français qui fêtera ses 28 ans le 11 septembre prochain. Six tournois en Afrique du Sud, et deux cuts à son actif. Une 13e place au Bain’s Whisky Cape Town Open le 20 février puis un très « anecdotique » top 50 (49e) au Manguang Open le 6 mars. Peu mieux faire…

« Même si je n’ai pas eu les résultats escomptés, je suis plutôt satisfait, résume-t-il. Je sens que je progresse dans mon golf, dans tous les aspects du jeu. Tout en restant patient. J’ai bien joué en Afrique du Sud mais ça ne s’est pas forcément goupillé comme je l’aurais espéré. J’ai raté deux cuts d’un coup, un cut de deux… Et puis j’ai eu une sale histoire avec un arbitre sur le Limpopo Championship (31 mars-3 avril). J’étais 5e lors du 2e tour à quatre coups de la fin et il est venu nous chronométrer. Cela m’a fait complètement sortir de ma partie. Je me suis pris la tête avec lui. Il m’a mis un bad time que j’ai trouvé injustifié. Après, c’est ma faute, j’ai mal géré le truc mais c’était la première fois que ça m’arrivait. »

Le Challenge de España, porte-bonheur du golf tricolore

Arrivé ce lundi à Cadix où il n’avait pas passé le cut l’an passé dans un tournoi qui réussit malgré tout assez fréquemment aux golfeurs français (Adrien Mörk en 2004, Adrien Saddier en 2016, Victor Perez en 2017 et Antoine Rozner en 2019), Félix Mory mise évidemment beaucoup sur ce second acte de la saison 2022 qui doit l’emmener vers l’étage supérieur, celui qu’il s’est fixé en début de saison. 

« C’est l’objectif de pas mal de joueurs, souffle-t-il doucement. On peut dire que c’est une nouvelle saison qui démarre maintenant. En Afrique du Sud, on avait des champs à 210 joueurs sur plusieurs parcours… Les Sud-Africains sont forts chez eux, ils sont en fin de saison, ils sont en pleine bourre alors que nous, on sort de l’hiver. Mais ça reste des supers tournois… » 

« Cette année, je suis de plus en plus pro dans la manière de faire les choses, enchaîne-t-il. Je me connais de mieux en mieux. Je suis entouré d’une équipe qui fonctionne bien. On met des choses en place. Alors qu’à mes débuts, même en amateur, j’étais plutôt dans une démarche du style : « je le fais et je verrai comment ça se passe ». Là, je sais où je vais. Je mets les choses en place pour devenir bon. Cela fait plus d’un an que j’ai ce changement d’attitude. J’ai pris conscience que dans le sport de haut niveau, si on veut y arriver, il faut travailler. Bien travailler j’ai envie de rajouter. Je sais aujourd’hui ce que je veux faire. Alors qu’avant, je jouais juste pour voir si ça me plaisait… »

Une solide garde rapprochée

N'étant pas issu d’un Pôle France, parti faire ses études à California State University Northridge (en obtenant un diplôme d’urbanisme), puis bénéficiant d’une aide financière de la Fédération française de golf (FFG) en 2020, Félix Mory s’est fait « tout seul », s’entourant néanmoins d’une solide garde rapprochée. Depuis mars 2020, il collabore ainsi avec le Belge Jérôme Theunis (coach de Thomas Pieters et Thomas Detry) et depuis le début de l’année 2021 avec le Lillois Robin Cocq, plus particulièrement sur le petit jeu, la performance et le putting. 

« Je travaille aussi avec Matthieu David sur la prépa mentale et la façon dont je dois me structurer, ajoute-t-il. De temps en temps, je consulte ici en Bavière un psychologue du sport, sur des questions très spécifiques. Et puis il y a Fabien Lefaucheux, mon prépa physique… Cela se passe très bien. Je suis très content. »

C’est fort possible que je sois au départ de l'Open de Bretagne. Je ne l’avais pas joué l’an dernier. Là, il y a une probabilité importante pour que j’y sois…

Reste maintenant à bien gérer un calendrier très chargé où l’on jouera quasiment toutes les semaines, jusqu’à début octobre, avant un hypothétique déplacement en Chine pour deux rendez-vous toujours d'actualité au moment où nous écrivons ces lignes. Compte tenu de sa catégorie 1 de vainqueur sortant, il est dans une position plutôt confortable, celle d’établir comme il l’entend son programme. Sans stress. Tout en faisant des choix qui devront être « payants ». 

« Avant que le calendrier tombe, je me disais que j’allais faire des sessions de trois semaines, peut-être quatre, conclut-il. Je verrai comment je me sens physiquement… Je ne suis pas encore en train de me dire « tiens, cette semaine-là, je vais la zapper, celle-là aussi… » Non, j’ai une idée de l’intensité que j’ai envie d’avoir au niveau du jeu cette saison mais après, si je me sens bien, je ne me priverai pas de jouer une semaine de plus… » 

« Là, je fais donc l’Espagne puis les deux autres tournois suivants (Ecosse (26-29 mai) et le Czech Challenge (2-5 juin)). Etant à Munich, jouer en République Tchèque, ça ne me pose aucun problème. C’est à côté. On peut y aller en voiture, ça ne coûte pas cher… Je privilégierai les semaines pas loin de chez moi… Après ? Je sais que je serai au Kaskada Golf Challenge, là encore en République Tchèque (16-19 juin). J’aime bien le parcours. Et puis viendra l’Open de Bretagne (23-26 juin). C’est fort possible que je sois au départ. Je ne l’avais pas joué l’an dernier. Là, il y a une probabilité importante pour que j’y sois… »


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