À bientôt 32 ans, le Haut-Savoyard s’est lancé le défi de décrocher un premier succès cette saison sur le DP World Tour. Même si ses premiers résultats ne plaident pas forcément en sa faveur...

Adrien Saddier attend avec impatience l'arrivée du DP World Tour en Europe... © AFP

Cinq tours joués, un seul au-dessus du par, un cut manqué de deux coups au Japon et une 50e place en Chine la semaine passée : tel est le bilan de la quinzaine d’Adrien Saddier en Extrême-Orient, après six semaines de break sur le DP World Tour. Une reprise tout en douceur pour le Haut-Savoyard, conscient que celle-ci aurait pu être bien plus aboutie encore.

« Le jeu a été très correct même si la performance globale aurait pu être meilleure, résume-t-il doucement. Ce qui ressort, c’est qu’il me manque pas mal de birdies. Je me procure des occasions mais j’ai un peu du mal à les transformer. C’est ce qui empêche que les scores soient très bons. Mais il n’y a pas beaucoup d’erreurs non plus… Les deux premiers tours au Japon et en Chine, je joue -1, avec à chaque fois deux birdies et un bogey. Je rate des putts entre 3 et 5 mètres qui permettraient de lancer la locomotive et ça reste des parties plutôt plates, avec deux, trois virgules, deux, trois occasions ratées et la mayonnaise ne prend pas pour faire un gros score. Il ne se passe pas grand-chose alors que dans ces parties, je devrais facilement faire -4 ou -5 et me retrouver en haut du leaderboard. Ce sont des opportunités qui n’aboutissent pas et qui font que je ne joue pas aussi bas que je le souhaiterais. Bref, il n’y a rien d’alarmant, il faut juste que ça se lance… »

Cent vingt-septième à la Race to Dubaï, l’actuel 430e joueur mondial attend avec une certaine impatience le retour du Tour européen sur le Vieux Continent. Pour enfin concrétiser. À bientôt 32 ans (le 15 mai prochain), Adrien Saddier souhaite enfin débloquer son compteur au plus haut niveau. Il s’en sent capable, malgré un début de saison où il n’est pas parvenu à accrocher le moindre top 20 en onze départs…

« Conserver la carte, je pense que ce n’est pas un objectif très glorieux, très ambitieux, avoue-t-il. On devrait tous viser la finale de la Race. Allant sur mes 32 ans, j’aimerais bien enfin en gagner un ! On travaille pour et je sens, même si les performances ne le laissent pas penser, que je ne suis pas loin de faire une grosse perf'. On continue de bosser dans ce sens en tout cas. » 

Avec le retour en Europe, on va avoir droit à des choses plus simples, avec des trajets plus simples et si possible un retour à la maison dès le dimanche soir. C’est mieux !

Afin de mettre toutes les chances de son côté, il s’est concocté un calendrier très dense. À l’exception du KLM Open (20-23 juin), il va ainsi jouer tous les tournois au programme, du Soudal Open en Belgique (23-26 mai) jusqu’au Barracuda Championship (18-21 juillet). Avant de convoler en justes noces la semaine précédant l’ouverture des Jeux olympiques de Paris !

« Le retour en Europe, c’est quand même plus pratique, souligne-t-il. On va revenir à un climat que j’apprécie car j’ai un peu de mal avec les climats chauds et humides comme en Chine la semaine passée. Retour au climat européen, retour à l’herbe européenne et retour à l’Europe. Car bon, la Chine, ce n’est pas évident quand même… C’est une autre culture. On a fait deux semaines où personne ne parle anglais. Tout est compliqué. Là, au moins, avec le retour en Europe, on va avoir droit à des choses plus simples, avec des trajets plus simples et si possible un retour à la maison dès le dimanche soir. C’est mieux ! »

« On arrive sur des parcours que j’aime beaucoup, poursuit-il. Comme la Belgique par exemple, j’aime aussi beaucoup l’European Open (30 mai-2 juin à Hambourg)… Munich, j’adore (BMW International Open du 4 au 7 juillet). Si je ne rentre pas au Scottish (11-14 juillet), les deux tournois aux USA (Kentucky Championship et Barracuda Championship) sont assez dingues aussi. Donc, il y a de quoi être bien excité. »

Pas de qualifs pour l’U.S. Open et The Open

En revanche, il ne s’alignera pas pour les qualifications aux deux derniers Majeurs de la saison, à savoir l’U.S. Open (prévue le 20 mai sur 36 trous en Angleterre à Walton Heath) et The Open (le 2 juillet sur quatre sites différents en Grande-Bretagne). Ce genre d’exercice ne lui a jamais vraiment souri.

« Je n’ai jamais été performant dans ce type de compétition, confirme-t-il. J’ai donc décidé de faire l’impasse en me disant que si je fais de bons résultats, il y a des opportunités via les Swings ou autres spots proposés pour participer aux Majeurs, donc je préfère me concentrer sur une saison pleine sur l'European Tour que te perdre un peu d’énergie en faisant 36 trous dans la journée et enchaîner sur un tournoi la même semaine. »

S’il n’a pas encore disputé le moindre tournoi du Grand Chelem depuis son passage chez les pros en 2013, il était pourtant présent à Augusta il y a un mois, invité par son ami Matthieu Pavon à suivre le 88e Masters de l’histoire. Arrivé le dimanche 7 avril, il a quitté la Géorgie au soir du premier tour, la valise remplie d’images fortes…

« Ce qui m’a tout de suite marqué en arrivant là-bas, c’est le dénivelé du parcours qui est assez impressionnant, se souvient-il. On ne s’en rend pas compte à la télévision. C’est quand même assez casse-pattes à marcher… Physiquement, il faut être bien armé pour faire une bonne semaine ici. J’ai aussi adoré tout ce côté tradition, le téléphone interdit, les chaises des "patrons" autour des greens… Dès les reconnaissances, il y avait une ambiance de dingue. J’ai aussi goûté le fameux "pimento cheese"… À deux dollars le sandwich, je les ai tous goûtés d’ailleurs (rires). Ce fut une belle semaine à vivre… »

Un peu plus encore avec ce magnifique résultat final de Matthieu Pavon, signant avec sa 12e place finale le meilleur résultat d’un Français à Augusta depuis 1934, date de la première édition du tournoi.

« Matthieu est dans la continuité de ce qu’il fait depuis plusieurs longs mois maintenant, conclut-il. Il n’y a pas à être surpris par ses performance. Il joue très bien. Il fait tout bien. Quand on suit un joueur, on voit les choses différemment. Aux reco', le seul truc que je voyais, c’est deux, trois drives qui s’échappaient, mais sur la semaine il a très bien réglé ça. Avoir auprès de lui un caddie (l’Anglais Mark Sherwood) qui effectuait son dixième Masters, ça a pu le faire avancer dans la préparation. Ce fut un vrai plus pour Matthieu. Mais Augusta, ou pas Augusta, Matthieu a les armes pour performer aux États-Unis. »