Depuis ce mercredi et la conclusion des Cartes européennes, Quentin Debove est officiellement un joueur du DP World Tour. Une magnifique promotion pour un joueur qui, il y a tout juste un an, obtenait à grand peine son droit de jeu sur la troisième division.

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Quentin Debove, félicité par son père et caddie, mercredi, à l'issue de la longue épreuve des Cartes européennes. © Octavio Passos / Getty Images - AFP

Le billet est validé. La porte de la première division est déverrouillée. Depuis ce 12 novembre et la conclusion de la finale des Cartes européennes, Quentin Debove est officiellement un joueur du DP World Tour. « Ça sonne pas mal, hein ? », rigole-t-il d'emblée, au lendemain de la 7e place qui lui a valu cette promotion. Dans l'esprit du joueur basé au Paris International Golf Club, la joie d'avoir accompli cette performance se mêle encore un peu à l'incrédulité. « C'est un peu irréel », admet-il, sans perdre le sourire. Il faut dire que, 12 mois plus tôt presque jour pour jour, il se demandait s'il allait pouvoir jouer pour sa première saison chez les professionnels. Simplement jouer. Il a même failli ne pas le pouvoir.

Retour, pour cela, quelques années en arrière. Quentin Debove, encore amateur, est déjà référencé au niveau international. Il compte plusieurs sélections en équipe de France, comme par exemple au Championnat d'Europe par équipes Boys, en 2019 à Chantilly, lorsque les Bleuets sont allés chercher le titre. À son départ pour les États-Unis, il intègre la fac de Florida, l'une des plus performantes du pays, quel que soit le sport considéré. Sauf que, dans un effectif bardé de talents, le joueur français ne parvient pas toujours à gagner sa place. « Je pense que globalement, j'ai dû jouer 50 % des tournois à la fac, observe-t-il. En gros, j'ai eu un très bon semestre à l'automne 2022, mais le reste a été en dents de scie. »

Il a même dû endurer l'expérience pénible, en 2023, de voir ses camarades remporter un titre de conférence puis le Championnat national NCAA, sans que lui ne soit retenu dans l'équipe des Gators. Et pour cause, il vivait une vraie galère au chipping. « Deux ans et demi de grattes, c'était un enfer », décrit-il.

« Deux ans et demi de grattes »

La galère du chipping, il s'en est sorti en appliquant une méthode qui a fait ses preuves chez Matthieu Pavon ou Matthew Fitzpatrick : jouer en grip inversé. De quoi transformer une faiblesse d'alors en force aujourd'hui. Mais le joueur parisien n'était pas sorti de l'ornière pour autant. Car à l'automne 2024, tout juste passé professionnel, il loupait le coche à la première étape des Cartes européennes, puis des Cartes américaines. « À l'époque, jouer les Cartes de l'Alps Tour puis jouer sur l'Alps Tour, c'était la dernière chose que je voulais », reconnaît-il. Il doit pourtant s'y résoudre, faute de quoi il se retrouverait sans circuit pour la saison 2025. Et même lors de l'épreuve de qualification, le couperet ne passe pas loin. Quentin Debove ne doit sa place sûre sur l'Alps Tour qu'à un eagle sur le dernier trou.

Avec le recul, pourtant, il parle de ce démarrage en bas de l'échelle comme d'un mal pour un bien. « Au final, je pense que c'était la meilleure chose qui pouvait m'arriver de redescendre un peu, confie-t-il. J'ai toujours été comme ça, parfois, il faut que je descende au fond de la piscine pour remonter. » La découverte de l'Alps Tour, début 2025, lui a ainsi fait découvrir des profils de joueurs au bagage technique hétérodoxe, mais qui parvenaient à l'utiliser pour signer de bons scores. Une révélation, pour Quentin Debove, qui a ainsi revu de fond en combles sa gestion sur le parcours. « Avant, dès que je prenais le driver, je mettais la balle le plus haut possible sur le tee, et je tapais de toute mes forces, en espérant la retrouver, se souvient-il. Ce que m’a appris l’Alps Tour, c’est que, peu importe la manière dont tu joues, si tu fais -4 ou -5 tous les jours, tout ira bien. Sur ce circuit, il y a un paquet de mecs qui ont des swings dans tous les sens, qui n’avancent pas, et quand ils te battent au début, tu en as marre, tu improvises, et tu te mets à essayer de scorer le plus bas possible à chaque fois. »

Cette nouvelle philosophie, dont il nous parlait déjà en mars dernier, a porté du fruit tout au long de la saison. Déjà auteur de trois podiums et d'une quatrième place lors de la Biarritz Cup by CS Partners au mois de juillet, il s'est imposé lors du Hauts-de-France Pas-de-Calais Golf Open, à Saint-Omer, en septembre, sa première victoire sur l'Alps Tour. Avant même la finale du circuit, disputée le mois dernier, il était assuré de finir dans le top 5, et de monter sur l'HotelPlanner Tour. Tout cela avant le gros bonus glané, ce mercredi, à l'Infinitum.

Ce gros bonus, il le doit en grande partie à ses performances lors des tours 4 et 5. Au 4e tour, un joli chapelet de neuf birdies lui a permis de signer un 63 (-8) le faisant accéder, pour la première fois, aux places qualificatives provisoires. Le lendemain, ses quatre birdies n'ont eu à compenser aucun bogey, ce qui le mettait en excellente position avant le dernier tour. À cheval sur les tours 4, 5 et 6, il a tout simplement réussi à aligner 36 trous sans concéder un seul coup.

La dernière journée n'a pas été exempte de stress pour autant. « C’était pas terrible, j’en mettais un peu partout au départ, raconte Quentin Debove. J’étais -18 total départ du 9, ça craignait un peu (sic). » Mais sur ce même trou, un bon putt rentrer lui a permis de remettre, et cette fois définitivement, la marche avant. En restant sérieux jusqu'au bout, il est allé chercher sa 7e place.

Le temps de savourer va néanmoins être court pour le promu français. Non pas qu'il se sente dans ses petits souliers à l'heure de rejoindre la première division européenne, car lui-même le dit : « Je suis assez préparé, je me sens à ma place. » En revanche, entre l'Alps Tour et le DP World Tour, niveau intendance, il existe une marge, et une sévère. Dans les quelques jours qui viennent, Quentin Debove va devoir gérer son organisation, un sponsoring qui va forcément passer un cap, réfléchir à son calendrier de début de saison, décider s'il participe ou non à la deuxième étape des Cartes américaines début décembre (car là encore, il s'était sorti de la première étape), tout ça en se mettant en quête d'un caddie professionnel, car jusqu'à présent, son père assurait le rôle de copilote quatre à cinq fois par an.

Tout cela en gardant suffisamment de fraîcheur pour être performant dès les tournois de la fin d'année 2025, et qui comptent déjà pour la saison 2025-2026. En effet, à l'issue des cinq tournois de l'Opening swing du DP World Tour, le dernier étant l'AfrAsia Bank Mauritius Open du 18 au 21 décembre, les joueurs ayant fini dans le top 20 des Cartes seront reclassés au sein de leur propre catégorie, en fonction de leur résultat. Dit autrement, pour être sûr de jouer un nombre de tournois décent dans la première partie de la saison, mieux vaudra être bon tout de suite. « C'est pour cela que je vais faire au moins trois tournois avant le break de fin d'année, indique Quentin Debove. Ça fera peut-être beaucoup, mais c'est tellement important. » Rendez-vous très probable, donc, en Australie pour le BMW Australian PGA Championship, qui marquera ses débuts sur le DP World Tour. La date approche : premier tour le 27 novembre.